36) River

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Dans la salle d'attente de l'hôpital, je suis assis sur une chaise, la jambe qui se secoue frénétiquement, pendant que Sean fait les cent pas. Je lève la tête vers lui et je souffle.

— Tu veux bien t'assoir s'il te plait.

— Non, tu sais que j'ai horreur de ce genre d'endroit. J'en reviens pas de devoir faire un putain de test sanguin pour savoir si je suis clean !

— C'est plutôt normal quand on sait que tu as été incarcéré pour vouloir en acheter.

Il vient se planter devant moi et il baisse la tête pour planter son regard dans le mien. Il porte sa main à ma joue et il m'attrape par la nuque pour me bloquer en tirant sur mes cheveux. Je grimace parce qu'il me fait mal, mais je ne dis rien. J'encercle mes doigts autour de son poignet pour essayer de lui retirer.

— J'allais en acheter pour qui ?

— Lâche-moi, tu me fais mal, dis-je en fronçant les sourcils.

Il me lâche immédiatement et finit par s'assoir à côté de moi sur le siège en plastique. Je tourne ma tête vers lui.

— Et pour ton information, je ne t'ai jamais demandé de drogue, c'est toi qui m'en donnais et ça t'allait très bien !

— T'étais bien moins chiant quand tu étais drogué et qu'on pouvait baiser tranquille. Être clean ne te réussit pas River, t'es beaucoup moins marrant.

Il ferme les yeux en soufflant et incline sa tête pour la reposer contre le mur blanc défraichi derrière sa chaise. Depuis que nous sommes rentrés de Newquay nous ne faisons que de nous disputer. Il veut constamment me foutre à poil et je refuse de faire quoi que ce soit. Il me reproche d'être devenu frigide et que je n'ai plus envie de rien faire avec lui. Je m'en veux déjà suffisamment d'avoir cédé quand nous étions en vacances, alors je résiste comme je peux.

J'ai récupéré mes affaires chez mon frère et pour l'instant, je puise dans mes économies pour loger dans un studio que je loue au mois. Sean est rentré chez lui, enfin dans l'appartement qu'il loue avec Miles, sauf que Greta, la petite amie de celui-ci aimerait qu'il prenne son indépendance. Il est hors de question que je retourne vivre avec lui et encore plus qu'il vienne squatter mon logement. Il pense que je dors toujours chez mon frère et c'est très bien ainsi.

Au bout de quarante minutes d'attente, une infirmière vient se présenter à nous en nous expliquant de la suivre. Nous nous levons et nous allons la rejoindre dans son bureau. Nous prenons place sur les sièges face à son bureau. Elle ferme la porte et nous rejoint. Elle prend une profonde inspiration et regarde Sean avec un air sérieux.

— Votre test sanguin nous montre que vous êtes négatif à toute substance illicite.

— Ah vous voyez, je le savais !

— En revanche, dit-elle avec un air grave. Des analyses plus poussées nous montre que vous êtes positif au virus de l'immunodéficience humaine.

J'ouvre les yeux en retenant mon souffle, Sean rit. Je pense qu'il n'a pas compris ce qu'elle vient de dire. Elle me regarde interloquée avant de reprendre.

— Monsieur Turner, ce que j'essaie de vous dire c'est que vous êtes positif au VIH.

— Je ne peux pas être positif à quoi que ça soit ! Je n'ai fait que fumer des clopes, même pas un seul joint depuis six putains de mois !

— Sean, ce que la dame veut dire c'est que tu as le sida, dis-je sèchement.

Soudain, il semble comprendre. L'ambiance s'alourdit et s'électrise. Mon regard est dur. Il m'a trompé, il a couché avec quelqu'un d'autre et il a osé venir me souiller. Je panique, l'infirmière le sentant s'excuse auprès de nous, elle prend congés pour nous laisser seuls dans son bureau. Je me retourne vers Sean, mes veines pulsants dans mes tempes.

Stupide James ! [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant