42) River

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Je sens mes yeux papillonner, je m'étire et me réveille doucement. Je tourne la tête et me retrouve le nez dans un doux pelage ronronnant. J'ouvre les yeux, je souris en voyant Flumen dormir en boule tout près de mon visage. La lumière du soleil passe à travers le volet de la fenêtre. Je me tourne sur le côté, passe mon bras sous ma tête pour me redresser un peu. James dort toujours, il est sur le dos, sa respiration est lourde et régulière. J'admire son torse où se dressent quelques poils, ainsi que la ligne qui s'est dessiné sous son nombril. Je me mords la lèvre en souriant. Je n'en reviens pas d'être ici avec lui, d'être ici chez lui. J'ai passé une des meilleures nuits de ma vie, depuis bien longtemps.

Des images de la veille me reviennent et font se tordre agréablement mon ventre. Nous avons fait l'amour, je n'avais pas été étreint de cette façon depuis bien longtemps. Je mords ma lèvre en y repensant, je pourrais presque pleurer tant je me sens ému. Tous les sentiments que j'ai toujours éprouvés pour lui refont surface et m'envahissent de bonheur. Juste pour vérifier que tout ça est bien réel, je me pince le bras et je retiens alors une plainte en constatant que tout est bien vrai.

Nous nous sommes avoués nos sentiments, enfin, il est le seul à avoir prononcé explicitement les mots. Je me promets de lui dire quand le moment sera venu. Je me lève en prenant soin de ne pas le réveiller. Je m'habille sans faire de bruit et je me dirige dans le salon. Je m'arrête quelques instants pour admirer la vue à travers l'énorme baie vitrée dont dispose son salon. Le soleil est présent avec quelques nuages, mais à priori c'est une belle journée qui s'annonce. Je récupère mon téléphone et mon portefeuille sur le plan de travail dans la cuisine avant de mettre mes baskets. Je prends la clef sur la porte, l'ouvre et m'en vais.

Je déambule dans les rues encore calmes de la ville. Il est à peine neuf heures du matin, le rush de huit heures pour les gens qui vont au travail est déjà passé.

Je prends mon téléphone dans la poche de mon jean pour appeler Roy. Il ne décroche pas, il doit être occupé. Encore le nez dans ses pâtisseries. Soudain, je me dis que je pourrais passer à sa boutique. Je comptais prendre des viennoiseries à la boulangerie mais je ne connais pas le quartier. Je regarde alors sur mon téléphone pour savoir où je me situe.

Je souris en regardant lorsque je vois la réponse à ma recherche. Bien sûr que James vit au Nord-Ouest de Londres, il m'avait toujours dit que c'était là-bas qu'il se voyait faire sa vie. Il est à trente minutes du centre-ville, s'il n'y a pas de bouchons et si j'en crois le GPS, la pâtisserie de mon meilleur ami est à une quinzaine de minutes à pied. Ça devrait pouvoir le faire.

Je délaisse peu à peu les immeubles derrière moi pour me retrouver dans un quartier résidentiel où de jolies petites maisons blanches, qui se ressemblent, s'enchainent le long de mon chemin. Je suis l'itinéraire indiqué et m'aventure alors dans des ruelles vraiment charmantes.

Au bout de pratiquement vingt minutes, je me retrouve devant la vitrine du « Rolls and Cakes Bakery », je souris en voyant les quelques personnes qui font la queue à l'extérieur. A cette heure-ci c'est encore calme, et il y a un large choix de pâtisseries. Je rentre dans la boutique et je fais signe à Agathe, l'adjointe. Elle me sourit en m'indiquant que Roy est dans son bureau à l'arrière et que je peux y aller. Je fais alors le tour et ouvre la porte qui mène aux accès des salariés, elle cache un vestiaire, les sanitaires, le bureau pour les documents administratifs et ensuite la cuisine où toute la magie opère. Je frappe à la porte de son bureau mais personne ne me répond. J'entreprends alors d'ouvrir la porte, et je tombe sur un tableau pour le moins surprenant.

Leah est assise sur le bureau, dos à moi, les jambes écartées, la robe relevée sur ses cuisses. Je n'aperçois, heureusement, rien de l'intimité, mais c'est quand je vois Roy se relever d'entre ses jambes en passant un coup de main sur sa barbe et le gémissement satisfait que fait la belle rousse que je comprends réellement ce à quoi j'ai assisté. Mon meilleur ami semble m'apercevoir par-dessus l'épaule de sa petite amie, il ouvre des yeux et se redresse immédiatement pour se donner une contenance.

— Merde River, qu'est-ce que tu fous là ?

Leah se retourne en rougissant et elle descend du bureau faisant retomber sa robe noire à fleurs sur ses jambes, elle se recoiffe comme elle peut pour se donner du courage aussi et elle commence à rigoler. Elle s'empresse de récupérer sa veste en jean, se penche sur Roy pour l'embrasser dans le cou en lui chuchotant un « à ce soir » puis elle passe devant moi en évitant mon regard, mais elle me tapote l'épaule « Contente de savoir que tu vas bien River » puis elle s'en va. Je souris en croisant les bras.

— Je constate que tout se passe bien entre vous.

— Putain River tu ne pouvais pas frapper ? dit-il faussement en colère.

— J'ai frappé, mais tu étais bien trop concentré pour l'entendre. Ou ta langue trop occupée pour me répondre, au choix.

Il me fait un immense sourire en s'asseyant sur le siège de son bureau et m'invite à m'asseoir en face de lui.

— Elle est incroyable, encore mieux que ce que je pouvais m'imaginer quand nous étions au lycée. Je suis totalement amoureux, même si je ne lui ai encore rien dit. J'aurais peur de la faire fuir. Et toi alors ? Merci de revenir après tout ce temps !

— Excuse-moi, j'avais besoin de prendre du recul après toute cette histoire.

Je lui raconte comment Sean m'a traité les derniers jours et comment il a failli me transmettre le sida, heureusement j'ai eu beaucoup de chance, je n'ai pas été infecté, mais j'aurais très bien pu l'être dès le départ. Je lui explique où je vis jusqu'à demain et enfin je lui fais un résumé de mes retrouvailles avec James en évitant les détails croustillants que je souhaite garder pour moi.

Je ressors de la pâtisserie pratiquement une heure plus tard avec des gâteaux dans une jolie boite fleurie. Je n'avais pas prévu de partir aussi longtemps je voulais simplement acheter le petit déjeuner.

J'arrive devant l'immeuble où vit James, il est pratiquement dix heures et demi. Moi qui voulais seulement ramener des viennoiseries du coin de la rue et remonter rapidement pour venir me blottir contre lui au réveil, c'est raté !

Je badge la porte d'entrée, prends l'ascenseur et ouvre doucement la porte de son appartement. Je retire mes chaussures et je me fais enlacer et porter dans les airs.

— James ! Attention !

Je rigole en espérant que les gâteaux ne soient pas trop mal traités. Il me dépose doucement au sol sans détacher ses mains de moi, son torse contre mon dos, il pose sa tête sur mon épaule et chuchote dans mon cou.

— J'ai eu peur que tu sois parti et que tu ne reviennes jamais.

Je peux encore entendre l'inquiétude dans sa voix et cela me pince le cœur. Je pose ma main libre sur les siennes qui sont sur mon ventre. J'incline ma tête pour poser ma joue contre la sienne. Sa barbe me pique légèrement mais ce n'est pas désagréable.


*

Stupide James ! [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant