Avec le vent qui se réveille, la pluie s'abat sur nous, elle nous surprend et nous nous détachons en riant. Ses cheveux châtains gouttent sur mon visage et la chaleur de nos souffles contraste avec le froid extérieur. Ses yeux sont en train de disparaitre à travers la buée qui s'accumule sur ses lunettes. Il les retire, il se décale un peu plus sur le palier pour être à l'abris. Il me prend dans ses bras et je me laisse aller à l'étreinte. Finalement, je suis le seul qui fume, mais nous restons encore quelques instants à profiter l'un de l'autre, enlacé à l'abris de la pluie battante. Il prend mon visage en coupe pour que je puisse relever mon visage vers le sien. A ce moment, c'est comme si plus rien autour n'existait, comme si les quatre années qui nous avaient séparés étaient en train de s'effacer. Pourtant, j'ai encore de l'amertume dans mon cœur bien que celle-ci s'est adoucie.
— J'aimerais avoir le pouvoir de revenir en arrière pour rattraper ces années gâchées. Je voudrais arrêter le temps et ne plus jamais quitter cette bulle.
— Tu devrais te taire James, tu parles trop.
Je souris en me décalant. La bulle a percé à l'instant où il a évoqué notre passé. Stupide James ! Il recommence à me dire des belles choses, et je suis en train de tomber à nouveau dans le piège. Est-ce qu'on oublie son premier amour ? Ce n'est pas vraiment possible quand ce dernier cherche à vous convaincre que tout semble mieux à ses côtés. Est-ce qu'on peut vraiment lui pardonner ? J'ai envie de le croire, j'ai envie de plonger tête baissée dans ce qui nous ramène à nous. A tout ce que nous avons un jour été, mais la douleur que j'ai connue par la suite ne s'est jamais vraiment refermée même si je sens bien que de jour en jour, mon cœur lui pardonne.
— On devrait rentrer avant de tomber malade.
— Est-ce que j'ai le droit à un dernier baiser avant ?
Je ne peux refuser sa demande, je serre mes bras autour de sa taille, je ferme mes yeux et tends les lèvres. Le baiser que j'espérais ne vient pas, au lieu de ça, il me serre à son tour dans une étreinte douce et chaleureuse dans laquelle je me laisse enveloppe et il embrasse mon front. Je souris intérieurement parce que je sais que la blessure commence à cicatriser.
*
Le lendemain soir, vu comme le temps extérieur ne s'améliore pas, nous restons à la maison pour jouer aux jeux de société.
Sam vient me demander si je peux faire une cigarette épicée. Je souris et je vais à l'étage pour aller prendre le nécessaire. Je fouille dans mes affaires, je prends mon herbe et mon paquet de cigarettes. Quand je sors de ma chambre, des mains m'attrapent pour me retourner, des bras m'enlacent et un corps me plaque contre un mur. James arrête son visage tout prêt du mien sans rien faire. Je souris en sentant son souffle sur mon visage, il sort le bout de sa langue pour me lécher les lèvres. C'est excitant de se cacher et en même temps j'aimerais pouvoir être contre lui sans avoir le sentiment de faire quelque chose de mal, comme lorsque nous étions plus jeunes.
— Tu agis toujours comme si tu avais vingt ans, souris-je.
— En revanche, tu n'es plus l'adolescent de seize ans.
— Et c'est mal ?
Il frotte son nez rond contre le mien et me vole mes affaires en souriant.
— Très mal !
Il se mord la lèvre en riant avant de rajouter.
— Non, je suis content que tu sois majeur parce que j'ai vraiment envie de te goûter.
Il range mes affaires dans la poche arrière de son jean et je le vois se mettre à genoux devant moi. Je l'observe déboutonner mon jean et l'abaisser sur mes cuisses. Je regarde dans le couloir et essaie de tendre l'oreille pour être sûr que nous n'allons pas nous faire surprendre. Il embrasse le bas de mon ventre qui se contracte à son contact et passe sa bouche sur mon sexe encore couvert de mon boxer. Je me mords la lèvre, le frisson de se faire surprendre est grandement excitant, j'aimerais résister mais je suis trop faible après les caresses que nous avons partagées hier dans l'après-midi, je suis à fleur de peau au moindre de ses touchers.
Il libère mon érection en baissant le tissu qui le gênait. Une de ses mains masse mes testicules avant de m'attraper à la base, il lèche ma longueur et appuie la pointe de sa langue sur mon gland rouge et sensible. Je retiens un gémissement. Il m'englobe dans sa chaleur buccale et pose sa main libre à plat sur mon ventre. Il me lèche plusieurs fois avant de resserrer ses lèvres sur mon sexe, il m'aspire fort et accélère le mouvement. Je glisse mes mains dans ses cheveux et les agrippe, j'ai le besoin de me raccrocher à quelques choses, je suis en train de perdre pieds. Mes yeux se ferment, mon souffle se presse, je me cambre contre le mur. Sa langue est agile et il en faut peu pour me faire décoller.
— Bon River tu fous quoi ? appelle Sam en bas.
— Je viens ! dis-je en rouvrant les yeux.
Ma voix se coince dans ma gorge et je me déverse dans la bouche experte de James au même moment. Je suis pantelant, je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter ce châtiment, mais il était le bienvenu. James me remonte mon boxer puis mon pantalon et je me débrouille pour le rattacher. Il se relève, me sourit content de son geste, son souffle chaud se glisse dans mon oreille « toujours aussi délicieux ». Je le pousse, il sait très bien que ce genre de phrase me gêne, même si je suis parfaitement capable de les dire, quand elles me sont destinées j'ai du mal. Il rit puis court dans les escaliers pour arriver en bas rapidement. Je lève les yeux au ciel en souriant. Stupide James ! Quel enfant quand il veut.
Mon téléphone vibre dans ma poche, je l'attrape et regarde. Je viens de recevoir un message de Miles, ça faisait longtemps tiens.
Miles
« J'espère que tout se passe bien pour toi, tu es toujours dans la maison à Newquay ? »
Où veut-il que je sois ? Je lui réponds que tout se passe bien et que je suis toujours au même endroit où j'ai dit que je partais en vacances. Il finit par me répondre un « tant mieux » et c'est tout ce que je sais. Je range l'appareil dans ma poche. Parfois il est vraiment bizarre.
Je descends et retrouve James qui m'attend au pied des escaliers, mon paquet de cigarettes et le pochon dans sa main droite qu'il brandit en l'air. J'essaie de les attraper mais il recule sa main. Je fronce alors les sourcils en l'observant. Il mord sa lèvre inférieure. Je m'approche de lui pour l'embrasser chastement mais Sam m'appelle derrière.
— Bon River !
— Je me dépêche ! soufflé-je presque agacé envers mon frère.
J'attrape mes affaires et je pousse James pour qu'il me laisse passer. Je vais préparer ce que Sam m'a demandé et nous passons la soirée à rire, boire, jouer aux jeux de société.
L'ambiance est confortable. J'aurais aimé avoir une bande d'amis comme celle-ci, je suis là seulement parce que je suis le petit frère de Sam. Mais est-ce que Maria a ramené ses frères et sœurs ? Ou même encore Pete son grand frère ou Leah sa petite sœur ? Parfois, je me demande encore comme j'ai pu réussir à m'incruster comme ça parmi eux. Il faut dire que j'avais toujours tendance à venir leur coller dans les pattes. Je comprends aujourd'hui que ça ne devait pas être facile de devoir trainer avec un gamin de quatre ans leur benjamin, mais ils ont toujours été gentils à mon égard. Seul James m'a accepté réellement... L'a-t-il vraiment fait ? En cachette.
*
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Stupide James ! [MM]
RomanceA Londres, depuis quelques temps, James a pris l'habitude de faire faux bond à sa bande d'amis, préférant se faire absorber dans le tourbillon du "métro, boulot, dodo". Il finit par accepter de les rejoindre lors d'une soirée, seulement James ne s'...