Les autres sont partis faire les courses mais avec les filles nous n'avions pas envie d'aller dans les rayons du supermarché pour savoir ce qu'on allait manger. On a donc entrepris de faire le ménage à la place et bon sang, seulement quatre jours dans cette maison et le grand nettoyage fait une large différence. Il faut dire que huit personnes dans le même lieu cela peut vite créer un chaos sans fin.
Maria a nettoyé sa chambre ainsi que la salle de bain du haut, j'ai nettoyé celles de mon étage, sans rentrer dans la pièce que Pete partage avec James puis on a rejoint Leah en bas pour finir de ranger le salon.
Nous sommes complètement affalés dans l'énorme canapé, à trois chacun de nous dispose d'une large partie pour s'allonger. Le ventilateur tourne sur nous et nous regardons des musiques vidéo à la télévision.
— River ? Je peux te poser une question ? me demande Leah.
— Je t'écoute.
Je tourne la tête dans sa direction, vu que nous sommes tous les deux allongés dans chacun des angles du canapé, Maria a sa tête vers moi et est allongée sur le côté face à l'écran, les jambes repliées en position fœtal. Leah semble hésitante, je vois ses joues prendre de belles couleurs, elle se mord la lèvre.
— Roy voit quelqu'un en ce moment ?
— Pourquoi tu ne lui demandes pas directement ? demandé-je en souriant.
— Parce que Leah a une peur affreuse du rejet, avoue Maria.
— Hey !
La rousse donne une claque sur la jambe de son amie, elle relève ensuite vers moi son regard gêné.
— Tu sais Leah, je vais te dire un secret mais tu dois me jurer de ne jamais le révéler parce que sinon Roy me tuerait !
Elle se redresse alors en s'asseyant mieux contre l'accoudoir, Maria aussi s'assoit correctement et elles me font face toutes les deux.
— Il est toujours puceau ? tente Maria.
— Quoi ? Non ! Bien sûr que non, depuis longtemps, dis-je pour sa défense.
— Alors quoi ? persiste Leah.
— D'abord vous devez me promettre, insisté-je.
— Promis ! disent-elles en cœur.
Je prends une profonde inspiration, j'espère sincèrement que Roy ne va pas me détester, mais je suis sûr qu'il sera content d'avoir eu un petit coup de pouce, et je lui dois bien ça après tout, il m'a accompagné jusqu'ici et je ne lui ai pas facilité la tâche.
— Roy craque sur toi depuis le collège et au début il ne voulait pas vraiment venir avec moi pendant ces vacances parce qu'il ne connait personne. Mais quand je lui ai dit que tu serais là, il a tout de suite accepté.
Les beaux yeux verts de Leah s'ouvrent en grand et son sourire s'étend, Maria tape dans ses mains, son rire emplissant la pièce.
— J'en étais sûre, il te dévore tendrement du regard !
— Pourquoi il n'est pas venu me voir à l'époque ?
— Tu es sérieuse ? Vous étiez les populaires du bahut, il avait trop peur du rejet, et crois-moi, à l'époque tu ne lui aurais même pas adressé un regard, dis-je.
— Tu te trompes River, Leah avait un penchant pour les mecs un peu ringards, sourit Maria.
— Mais c'est bien ça le problème, à l'époque nous n'étions pas ringards, nous n'étions juste pas populaires, comme invisibles, sauf pour Pete et James qui... Qui l'emmerdaient !
J'ai failli dire qu'ils nous voyaient. Parce que, je sais très bien que James me voyait lui. Stupide James ! Toujours en train de t'inviter dans ma tête, mes pensées et mes conversations. Je fronce légèrement les sourcils et le ton s'apaise. Leah reprend doucement la parole.
— C'est horrible ce qu'il a dû vivre, mais tu sais une part de moi s'en veut de ne pas avoir vu leurs agissements.
— Faut dire que ces deux-là quand ils se mettent à faire les cons plus rien ne les arrête, soupire Maria.
La porte d'entrée s'ouvre et Sam débarque en criant qu'ils sont rentrés, nous le regardons alors tous les trois depuis salon d'un air las. S'ils s'attendent à ce qu'on les aide à ranger, ils peuvent se mettre le doigt dans l'œil. On vient déjà de se taper tout le ménage ! Je regarde les filles et je pose mon doigt sur mes lèvres comme pour leur indiquer de garder le secret. Elles acquiescent et Leah se mord la lèvre en fixant son regard sur Roy qui dépose ses nombreux sacs sur le plan de travail de la cuisine.
*
Assis sur une des chaises hautes de la cuisine, j'observe mon meilleur ami vêtu d'un tablier s'atteler à la tâche. Il a proposé de nous préparer des tartelettes aux framboises et un gâteau au chocolat. Je pourrais mourir pour son gâteau au chocolat, c'est vraiment mon péché mignon et il sait merveilleusement bien les faire. Je souris en me penchant un peu pour captiver son attention.
— Il va falloir que tu te lances avec Leah parce qu'elle m'a confié qu'elle n'attendait que ça.
Il manque de faire tomber son saladier sur le plan de travail. Il reprend énergiquement son coup de fouet et me regarde les joues rougies à travers sa barbe.
— Vous avez parlé de moi ?
— Elle m'a demandé si tu voyais quelqu'un et j'ai dit que non. Ensuite, elle m'a demandé si je pensais qu'elle avait une chance avec toi, ce à quoi j'ai répondu que j'en étais certain.
— Tu es en train de m'arranger un coup ?
— Comme si ça ne te faisait pas plaisir. Mon meilleur ami, ce grand, musclé, tatoué, barbu et charmant motard qui en plus fait de la pâtisserie. Un véritable homme à marier ! rajouté-je en riant.
Je tends le bras pour plonger mon doigt dans le saladier afin de le couler dans ce merveilleux chocolat et il me tape le dessus de la main avec sa spatule en me faisant les gros yeux avant de sourire. James nous rejoint dans la cuisine au moment où je mets le bout de mon index plein de liquide marron et sucré dans ma bouche. Il se racle la gorge en détournant le regard, mais j'ai pu apercevoir cette étincelle d'envie dans ses yeux.
— Tu nous prépares des gâteaux ? demande-t-il à l'attention de Roy.
— Et les meilleurs que tu n'auras jamais goûté, dis-je fièrement.
— J'ai hâte d'être au repas de ce soir alors.
Son sourire s'élargit et le temps que Roy se retourne, James en profite pour se rapprocher rapidement, il passe son pouce à la commissure de mes lèvres pour récupérer un peu de chocolat et le porte à sa bouche pour le nettoyer. Il chuchote pour que je sois le seul à l'entendre.
— Le meilleur chocolat que je n'ai jamais goûté.
Il reprend sa place en me faisant un clin d'œil et mes poumons se remplissent à nouveau d'oxygène. Je ne m'étais même pas rendu compte que mon souffle s'était coupé. Stupide James ! Qu'est-ce qu'il m'a fait encore ? Je baisse la tête pour me cacher de mes joues qui se réchauffent agréablement. Je descends de mon siège et fais mine de sortir pour aller m'intoxiquer les poumons de nicotine brulée.
*
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Stupide James ! [MM]
RomanceA Londres, depuis quelques temps, James a pris l'habitude de faire faux bond à sa bande d'amis, préférant se faire absorber dans le tourbillon du "métro, boulot, dodo". Il finit par accepter de les rejoindre lors d'une soirée, seulement James ne s'...