Chapitre 59

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Tyana engloutit son repas sans envie. Chaque bouchée l'écœurait mais elle mangea sans faire de commentaire. Autre trace de sa leucémie : manger n'était jamais vraiment un plaisir.

- Alors ?

La voix d'Oscar la sortit de ses pensées. Elle avait prétexté vouloir manger pour éviter la conversation qu'ils devaient avoir. Elle avait choisi la lâcheté, songea-t-elle amèrement.

- Oui ?

- Qu'est-ce qui s'est passé pour te mettre dans cet état ? Tu ne manges rien.

- J'aime pas manger.

Elle grimaça, se rendant bien compte que cela faisait très enfantin.

- Ça me dégoûte, c'est toujours une corvée depuis ma leucémie. Sauf les plats de ma maman.

- D'ailleurs, elle est où ?

- Dans sa chambre d'hôtel, elle a préféré me laisser tranquille pour que je me repose.

Et que je te parle, ajouta-t-elle silencieusement.

- Tu veux me parler de ce qui te trotte dans la tête ?

La voix d'Oscar n'était qu'un murmure, presque hésitante. Il semblait prendre des pincettes et elle comprit qu'elle s'était trompée. Même si elle lui disait, il respecterait son point de vue.

- Pardon.

- De ?

- Ne pas t'avoir fait confiance.

Il haussa les sourcils, surpris, mais un air peiné s'afficha sur son visage.

- Tu ne me fais pas confiance ?

- Bien sûr que si. Bon, soupira-t-elle. Tu vois qui est Augustin ?

- Celui qui a un ego surdimensionné ?

Elle acquiesça.

- Je le sens mal, chuchota l'Australien.

Un sourire ironique fleurit sur les lèvres de Tyana.

- Il a dit que j'étais incompétente. Son collègue a dit qu'il - je cite - savait comment j'avais eu mon poste.

- Comment dit Arthur déjà ? C'est l'hôpital qui...

- L'hôpital qui se fout de la charité.

Elle répéta l'expression en français avant de continuer.

- C'est pour ça que j'étais pas au top de ma forme.

- À cause de deux abrutis ?

Il n'obtint aucune réponse et soupira. Il se déplaça légèrement, l'invitant à s'installer dans ses bras. Assis contre son coussin, il l'aida à s'installer contre lui, le dos presque posé contre son torse.

Oscar décala légèrement ses cheveux pour déposer un baiser sur sa joue. Tyana sentit ses joues se chauffer et s'appuya complètement contre lui.

- Moi aussi, je sais pourquoi tu es là. Parce que tu t'es battue pour. Parce que tu es la personne la plus forte que je connaisse.

- Et si on m'a pris pour mon nom de famille ?

Bien qu'elle ne pouvait pas le voir, elle savait qu'il levait les yeux au ciel.

- Rappelle-toi, ma belle, susurra-t-il doucement, Zak a dit en Azerbaïdjan je crois qu'il n'avait pas fait le rapprochement. Tu ne te rappelles pas ?

Sa voix était toute douce et Tyana sentit son estomac se dénouer.

- Si. Mais DAMS...

- Tyana. N'essaye pas de refaire toute l'histoire. Pas à cause de deux petits cons.

Calmant - Oscar PiastriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant