Quand le coeur balance...

Chapitre 68 - Laël

Je suis adossé contre le mur, la tête en arrière, je bois un verre de limonade. Je ne prends pas vraiment part aux conversations, mes yeux balayent simplement la pièce et les citations encourageantes accrochées sur les murs de l’association. Les conversations et les rires résonnent dans la pièce alors qu’Agathe nous conte ses aventures au Japon. Son petit ami, Liam nous a aussi rejoint. Je ne savais pas qu’elle était en couple avec un ami d’Aaron, j’ai l’impression que le monde est plus petit qu’on ne le pense, surtout dans cette ville.

L’atmosphère est beaucoup plus légère qu’au procès et la pression est redescendue. Je racle ma gorge et me retiens de la regarder et de l’approcher. Je sais que Neva est de l’autre côté de la pièce en train de discuter avec Dalia et Alaric. Ce dernier que j’ai malmené lors d’un interrogatoire. Ça me fait encore doucement rire de le voir ici, on a vraiment fait du chemin dans cette affaire mais je suis content que le bourreau de Dalia soit enfin incarcéré.

Je pose mon verre sur la table basse en face du canapé où Agathe, Liam et Noam sont installés et discutent puis me tourne vers la fenêtre pour observer la pluie fine qui commence à tomber.

Une main se pose délicatement sur mon épaule et je me retourne. Neva.

– Ça va Laël ? Tu sembles ailleurs…

– Oui, ça va.

 
J’arbore un léger sourire de façade mais en réalité mon cœur est douloureux. Depuis que j’ai avoué à Neva ce que je ressentais pour elle, oui, je me sens libéré d’un poids mais le fait qu’elle ne me dise rien en retour me fait plus de mal que je le pensais. Je crois que je préfèrerais qu’elle m’avoue directement qu’elle ne veut pas de moi, au moins, je pourrais réellement souffrir une fois pour toute au lieu de vivre dans l’attente.

– Est-ce qu’on peut discuter… juste tous les deux ? me demande-t-elle en cherchant mon regard. 

J’acquiesce silencieusement d’un signe de la tête et suis Neva qui se dirige vers son bureau. Lorsqu’elle ferme la porte, mon cerveau ne peut s’empêcher d’avoir des flashbacks de notre premier baiser dans mon bureau au commissariat. Je me souviens encore de la douceur et de la chaleur de ses lèvres et cette proximité me donne mille fois envie de recommencer.

Nous nous faisons face et Neva prend une grande inspiration avant de lever les yeux vers moi et de croiser ses bras contre sa poitrine.

– Laël… est-ce que tu me fuis ?

Je pince mes lèvres en secouant la tête. Elle a remarqué que je n’étais pas comme d’habitude et j’ai l’impression que ça la dérange.

– Je te fuis ? Comment ça ?

Elle décroise ses bras et sa main droite frôle le bois de son bureau tout en se rapprochant de moi. Mon cœur ne peut s’empêcher de palpiter quand elle est si proche de moi.

– Tu ne me parles plus et tu m’ignores…

– Et ça te dérange ?

Elle fronce les sourcils à mon ton plutôt froid et distant.

– Oui… je n’ai pas envie de…

– Tu n’as pas envie de quoi, Neva ? demandé-je en réduisant l’espace restant entre nous.

– Je n’ai pas envie de te perdre.

Je plonge mes yeux dans les siens. Je cherche dans son regard ce qu’elle n’arrive pas à me dire. Mais j’ai besoin qu’elle s’ouvre à moi, je ne peux plus continuer ainsi.

– Neva… Je sais que c’est difficile de faire confiance à quelqu’un, surtout avec ce que tu as vécu. Mais je ne te ferai jamais de mal, je ne te ferai jamais souffrir, ce n’est pas mon but.