Épilogue - Neva

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Six mois plus tard…

 

 


Les mains tremblantes, la gorge sèche, je m’avance dans les couloirs froids et sans vie de la prison. J’ai pris mon temps, j’ai pesé le pour et le contre, j’ai vécu en plein déni ces derniers mois mais Laël a tenté de m’ouvrir les yeux. Il m’a convaincu que c’était la meilleure chose à faire pour me libérer. Je ne pouvais pas juste éviter le sujet après ce que j’avais lu dans ces lettres. Mon estomac se tord à cette idée mais je dois savoir.

J’ai donc fait une demande de parloir. Je voulais l’affronter seule, pour être certaine… avant d’annoncer quoi que ce soit à Noam.

Après avoir passé les contrôles de sécurité, le surveillant me guide vers une pièce plutôt austère, les murs sont gris, il n’y a pas de vitre de séparation, permettant ainsi un contact direct avec le détenu. Il n’y a juste qu’une table et deux chaises. Mon rythme cardiaque s’accélère et je suis à un rien de faire marche arrière mais j’essaie de me reprendre. Je fais ça pour maman, pour Noam mais aussi pour moi.

Je m’assois fébrilement sur la chaise et c’est là qu’il fait son apparition. Le même rictus moqueur dessiné sur son visage, sa démarche assurée et ses yeux provocateurs me transpercent comme des lames s’enfonceraient au plus profond de mes entrailles. J’ai juste envie d’en finir rapidement.

– Maître Durane, quelle joie de vous retrouver ici, que me vaut cette visite ?

Il est égal à lui-même, ses cheveux gominés en arrière, les traits pas plus tirés que d’habitude, j’ai l’impression que la détention lui va plutôt bien surtout qu’il est incarcéré dans le quartier VIP de cette prison. Je suis certaine qu’il a le droit à certains avantages.

J’éclaircis ma voix avant de prendre la parole, je pose mes mains sur la table, mes doigts nerveusement entrelacés les uns aux autres.

– Ce n’est pas une visite de courtoisie, Archibald, je viens pour obtenir des réponses.

Son visage prend soudain un air plus grave alors qu’il prend place sur la chaise en face de moi, ses sourcils se froncent et son buste s’avance sur la table.

– Quel genre de réponse ?

Je reprends mon souffle avant de lâcher d’une traite :

– Est-ce que vous avez eu une relation avec ma mère ?

Ses yeux s’écarquillent et il croise ses bras contre son torse.

– Ta mère ? Il faudrait être plus précise car j’ai connu beaucoup de femmes…

Je souffle et ma langue claque nerveusement mon palais. Je suis certaine qu’il sait exactement de quoi je parle.

– Arrêtez de me prendre pour une idiote… Nuria Durane, c’est ma mère. Celle à qui vous avez écrit des lettres enflammées pendant des années. Celle que vous avez rencontrée le 7 octobre 1997, c’est exact ?

Son teint devient livide et il appuie son dos contre le dossier de sa chaise. Ses yeux brillent comme s’il était ému et son regard se perd dans le vague. Les minutes me paraissent longues avant qu’il daigne enfin me répondre.

– Nuria était mon premier amour. Elle m’a quittée du jour au lendemain. C’était aussi la première à me briser le cœur.

Mon cœur s’emballe à l’idée que ma mère ait pu aimer ce genre d’homme. Mon estomac se serre et j’en ai presque des nausées.

Quand le coeur balance...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant