Quand le coeur balance...

Chapitre bonus - Aaron

Je ferme les yeux. Comme si mes pensées ne m’appartenaient plus, je suis esclave de son sourire, de sa bouche, de son corps, de son âme. Le son de sa voix me manque, chaque mot effleurant ses lèvres me maintenait suspendu dans le vide. Je vis dans l’attente. J’attends de vivre. Pour elle. À travers elle. Et ça me tue. Je ne veux pas ouvrir les yeux. Quand une autre m’embrasse, j’ai le goût de ses lèvres. Quand je ferme les yeux, je ne vois qu’elle. C’est pour cette raison que je persiste à les garder fermés.

Six mois. Six mois que je voyage. Six mois que je découvre de nouveaux endroits, de nouveaux paysages, que je fais de nouvelles rencontres. Même si j’ai mis plusieurs mois à m’y résoudre. Parce que je n’avais envie de rien hormis d’elle. Je me suis fait une raison lorsque Elisa m’a dit que je ne devais plus espérer. Laël et Neva sont en couple… Je me souviens encore de la cuite que je me suis mise et de l’état catastrophique dans lequel j’étais lorsque j’ai appris cette nouvelle à Seattle. Alaric a dû me porter sur ses épaules pour me ramener à l’hôtel. C’était la fin. La fin de toutes mes nouvelles résolutions pour être quelqu’un de meilleur. Je n’ai plus de raisons de l’être.  

Alors j’essaie de l’oublier avec d’autres femmes. Mais je touche le fond. Je cours à ma perte.

Ces femmes me rappellent constamment qu’elles ne sont pas elle et qu’elles ne le seront jamais. Je ne pourrais jamais la remplacer parce que le vide qu’elle a laissé dans mon cœur ne peut être comblé que par elle. Tant qu’elle ne sera pas dans mes bras, je ne me sentirai pas vivant. C’est comme si j’étais déjà mort.

Neva, Neva, Neva… comment t’oublier ?

J’ouvre les yeux, allongé dans le lit de cette chambre d’hôtel, je fixe le plafond alors qu’une femme est couchée à mes côtés. Ses doigts frôlant mon torse de haut en bas. Elle caresse mon corps mais elle n’aura jamais mon cœur.

On aime réellement combien de fois dans une vie ? Peu de fois en réalité. Peu de personnes toucheront votre âme, la feront vibrer, vous verront tel que vous êtes, embrasseront vos parts d'ombre et vous aimeront plus que vous ne vous aimez vous-même.

Non, ce genre d’amour se ne vit pas plusieurs fois. Il est rare. C’est l’amour d’une vie. Ni le premier, ni le dernier mais l’amour, le vrai.

Neva avait raison, même à l’autre bout du monde, on ne peut pas fuir ce qui nous tourmente.  Mais je peux rêver. Et je rêve en secret de la retrouver. Un jour. Ici ou ailleurs. Dans les étoiles.