Une semaine est passée depuis la fin du procès et je me sens fière de moi-même bien que mon cœur soit encore lourd. Je pense à Laël à qui j’ai été incapable de formuler quoi que ce soit alors qu’il était devant moi et qu’il m’a aidé à apaiser mon angoisse… je pense à Aaron qui n’a pas donné signe de vie depuis le procès… Je pense à cette page qui se tourne pour Dalia qui a d’ailleurs décidé de débuter à la rentrée une formation en pâtisserie pour suivre son rêve qui s’était enfoui au plus profond d’elle à cause de ses souffrances.
Je pense aussi à ma crise d’angoisse, au message d’Ethan qui m’a serré la gorge comme si je retrouvais à travers ses mots, la manipulation et la violence de notre relation. Mais non… je ne suis plus la même depuis. Je me suis retrouvée et je ne me perdrai plus. Je ne me perdrai plus pour quelqu’un.
Je suis maitresse de mes décisions et je ferai mon maximum pour prendre les meilleures pour moi-même.
Les prémices du printemps pointent le bout de leurs nez, les oiseaux chantonnent gracieusement et les quelques rayons du soleil disparaissant derrière l’horizon caressent encore ma peau lorsque je rentre de mon footing tardif.
Quand j’arrive chez moi et que j’ouvre la porte, Noam se dresse devant moi, embrasse mon front et me bouscule presque pour sortir.
– Tu vas où ? demandé-je d’un air étonné.
– Ne m’attends pas ce soir, c’est tout ce que j’ai à dire.
Je lève les yeux au ciel et un rictus amusé se dessine sur mon visage.
– Nev, j’ai failli oublier, un livreur a déposé quelque chose pour toi, je l’ai laissé sur la table basse.
Mes yeux se froncent alors que mon frère disparaît sur ses paroles. Je n’ai rien commandé à ce que je sache.
Je retire mes baskets et me dirige alors vers le séjour. Je m’assois sur le canapé et mes doigts frôlent un petit sac noir qui trône au milieu de la table basse. Ma main glisse à l’intérieur et j’en ressors un écrin bleu foncé en velours. Mes pulsations cardiaques s’accélèrent et mon cœur tambourine frénétiquement dans ma poitrine. Je l’ouvre et mes doigts frôlent un bijou, un collier en argent assorti d’un pendentif en forme de flocon de neige. Le flocon brille intensément car il est orné de cristaux blancs reflétant la lumière, m’inspirant la délicatesse et la pureté de l’hiver. Je pose l’écrin sur la table et glisse de nouveau ma main dans le sac pour en ressortir une enveloppe. Je retiens ma respiration lorsque j’en sors la carte qu’elle contient. Le carton est blanc mais une écriture plutôt élégante au stylo noir y a abandonné quelques mots que mes lèvres lisent silencieusement.
« Je n’ai pas pu m’en empêcher en passant devant une vitrine. J’ai pensé à toi, Nevasca. »
Je m’enfonce dans le canapé en fermant fortement les paupières. Aaron. Le carton serré contre mon cœur, mes battements cardiaques s’affolent. Comment a-t-il trouvé mon adresse ?
Je bondis du canapé en jetant le carton sur la table basse. Je fais les cents pas dans le séjour, je ne compte plus les allers-retours que je fais sur place, la main sur mon front et le cœur battant. Je marmonne, je parle littéralement toute seule en me remémorant ces derniers mois. Les lèvres de Laël, ses caresses, les nuits collées à lui, la chaleur de son corps, sa voix apaisante, son soutien inconditionnel… la bouche d’Aaron, ses mains caressant mon corps, son souffle effleurant ma peau, mon bas-ventre se contractant à l’idée qu’il me frôle… le désir...
Je me souviens des frissons que j’ai ressentis pour… ça suffit.
Je cours rapidement vers la salle de bain pour prendre une douche. Je reste de longues minutes sous l’eau brûlante dans l’espoir que mon esprit trouve enfin une solution à ce choix qui me tourmente. Le jet d’eau glisse sur ma peau, détendant mes muscles, mais n’arrive pas à apaiser mes pulsations cardiaques. Je sors de la douche, attrape une serviette que je noue au niveau de ma poitrine, frictionne mes cheveux et observe un instant mon reflet dans le miroir.
J’ai peur de me tromper… mais il n’y a jamais de bonnes ou de mauvaises décisions.
Je dois simplement écouter mon cœur.
La voix de maman résonne comme un écho dans ma tête, elle, qui me disait constamment d’écouter mon cœur. Ton cœur sait déjà ce que ta tête ignore encore. Ses mots s’amplifient et demeurent gravés à jamais en moi. Et ils ont encore plus de valeur aujourd’hui lorsque je me surprends parfois à me demander ce qu’elle pourrait me conseiller.
Je sèche rapidement mes cheveux, enfile un chemisier, une jupe et des bottines. J’attrape mon manteau et mes clés de voiture.
Je prends une grande inspiration avant de quitter mon appartement.
La vérité est libératrice et il est enfin temps d’être libre.
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Quand le coeur balance...
RomanceNeva a connu le pire mais n'a jamais abandonné son rêve : devenir avocate. Déterminée, elle se destine à lutter contre les violences faites aux femmes. Son dessein mettra sur son chemin, Dalia, une femme blessée, que Neva tentera de convaincre par t...