Une promesse dangereuse

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Notre retour à la maison avait été des plus réconfortants qui puissent être. Lorsque nous nous étions posés dans le champ à côté du manoir (parce qu'un dragon dans le jardin passait, mais deux, surtout étant donné la taille de Sekhmet, devenait soudainement bien plus compliqué), j'avais noté un sourire en coin chaleureux sur le visage de Theo, traduisant sa joie de retrouver Pansy, et il me l'avait transmise ainsi, cette joie. Je savais qu'être en la présence de celle-qui-ne-souvenait-pas-de-lui lui provoquait désormais autant de bonheur que de souffrance, mais je savais aussi en cet instant qu'il n'en avait que faire de la douleur. Il rentrait à la maison, auprès d'elle. Et je savais qu'il attendait la prochaine pique cinglante qu'elle lui lancerait avec une impatience enfantine.

Probablement alertés par le tremblement de terre qui accompagnait l'atterrissage non plus d'un, mais bien de deux dragons, Blaise et Pansy nous avaient rejoint dans la prairie voisine pour nous accueillir au retour de notre curieux voyage. Comme à son habitude, Blaise avait fait l'idiot face à cette nouvelle et immense bête, mais je savais qu'au fond, il se chiait dessus. Pansy était restée à distance respectable, ses yeux analysant le nouvel animal, et il me semblait que l'animal en question faisait de même avec elle. Par curiosité de ce que cette dragonne avait à dire de la compagne de son cavalier vu ce que le mien disait de celle qui avait volé mon cœur, je me faisais tout petit en m'insérant dans leur canal de communication interne :

- Alors c'est elle, constata une nouvelle fois très justement Sekhmet.

- Je te découperai à mains nues et je vendrais moi-même les morceaux détachés de ton corps si tu lui fais ne serait-ce que peur une seule fois, la prévint-il avec une froideur mortelle à travers leur lien.

La dragonne grogna en sa direction avant de continuer son analyse de mon amie, puis sa voix vibrante raisonna une nouvelle fois pour livrer sa conclusion :

- Je l'aime bien.

Frustré qu'il parvienne toujours à ses fins, contrairement à moi, je ressortais de leur lien avec dégoût. Je n'avais que très peu d'espoir que Ragnar prenne des notes sur cette dragonne bien plus accommodante que ma salle bête.

Nous avions pris un café tous les quatre dans le salon en ce début d'après-midi, avant que Theo et moi ne soyons dans l'obligation d'aller faire notre rapport de mission au Seigneur des Ténèbres. Nous avions raconté comment Theodore été parvenu à conquérir Sekhmet et comment j'en avais profité pour me faire des couilles en or (c'était plus moi que lui qui avait parlé, puisqu'évidemment en plus d'être putain de parfait, l'enfoiré n'était pas du genre à se vanter de ses exploits). J'avais d'ailleurs remarqué que Pansy fixait avec insistance les mains de Theodore durant mon récit, notamment celle sur laquelle la chevalière de mon père décorait ses longs doigts fins. Les traits de son visage s'étaient quelque peu adoucis alors qu'elle avait fixé ces mains, son regard comme absent, puis elle était revenue à elle-même et elle avait de nouveau affiché une froideur indéniable envers Theo et tout ce qui le concernait.

Nous leur avions ensuite décrit Durmstrang, la froideur des lieux, ainsi que de ses élèves. Mon frère et moi avions échangé un regard quand j'en étais arrivé à la soirée de célébration, et d'un commun accord nous nous en étions tenus là, et n'avions pas raconté la deuxième partie de notre nuit mouvementée. Nous n'avions ni l'un, ni l'autre l'envie particulière de nous ridiculiser ostensiblement, et étions plutôt accordé sur le fait que certaines choses pouvaient demeurer simplement entre lui et moi. Et pendant tout ce temps-là, c'était Theodore qui avait analysé le corps de Pansy.

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