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Le plaisir d'avoir eu le dernier mot fut de court duré pour Alex. Très vite, le silence qui s'était installé dans la voiture se mit à lui peser.
Il n'avait pas eu besoin des confidences de Ramírez pour deviner que Chris était un tombeur. Lui-même n'était pas insensible à son charme.

Chris: Ram vous a-t-il dit des choses stupides à mon sujet ? finit-il par demander, rompant enfin le silence.

Alex risqua une œillade dans sa direction, mais il avait le regard rivé sur la route.

Alex: Peut-être, répondit-il, soudain gêné.
Chris: Ram ferais mieux de se taire, parfois. N'accordez aucun crédit à ce qu'il a pu vous raconter sur moi.

Alex sentit sa tension s'apaiser: Chris paraissait plus embarrassé que furieux.

Alex: Alors, ce n'est pas vrai ? demanda-t-il. Les chiquitas ne sont pas tous fous de vous ?

Au lieu de répondre à la provocation, il se mit à rire en secouant la tête.

Chris: Si, mais je ne fais rien pour qu'il en soit ainsi.

Alex peinait à le croire. Ou il était faussement modeste ou il mentait. Avec son physique de star de cinéma, il devait collectionner les amants.

Chris: Ramírez a tendance à exagérer sur mes exploits. Il fait semblant de m'envier alors qu'il est marié depuis 25 ans avec un homme qu'il adore et qu'il ne tromperait jamais. Ne vous inquiétez pas, Alex, vous ne risquez rien avec moi.

Cette dernière phrase, totalement inattendu, lui arracha un frisson. Pour masquer son trouble, il croisa les bras sur son torse.

Alex: C'est bon à savoir, rétorqua-t-il avec une assurance qu'il était loin de ressentir.

Mieux valait qu'il se méfis. S'amouracher de ce détective serait un lamentable erreur qui s'ajouterait à touts celui commis jusqu'ici. Au plan sentimental, sa vie était un désastre.

Chris: Comment Demarest s'y est-il pris pour extorquer 25000 dollars à votre père ? demanda-t-il soudain.
Alex: Pourquoi cette question ? rétorqua-t-il pour gagner du temps.

Même si ce changement de sujet apaisait un peu sa nervosité, il n'avait pas l'intention de révéler à ce détective tous les détails de son aventure avec Brad.

Chris: Ce n'est pas son mode opératoire habituel.
Alex: Ah bon ?

Chris garda un moment le silence et Alex eut la désagréable sensation qu'il avait en parti compris ses réticences. Enfin, il lui expliqua ce qu'il entendait par mode opératoire.

Chris: Touts les victimes que nous avons interrogés étaient des hommes âgés de 50 ans environs, riches et esseulés. Des divorcés ou des veuves. Il se présente à eux en qualité de réalisateur et leur fait miroiter un rôle dans son dernier film. Il les charme, les attire dans son lit, leur procure un plaisir charnel dont ils étaient privées depuis longtemps, puis leur demande d'investir dans la production.

Alex se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux. Lui aussi avait vécu le même type de scénario, à ceci près que Brad ne lui avait procuré aucun plaisir charnel. Au contraire, il s'était montré plutôt brutal au lit. Pour que son rêve de quitter Kelross Glen se réalise, il avait subi ses assauts sans se plaindre. Pire encore, il avait même cru qu'il finirait par l'aimer. A ce souvenir, il sentit une vague de honte le submerger...
Brad avait feint de trouver ses toiles exceptionnelles puis lui avait vanté la générosité d'un riche bienfaiteur américain, constamment à la recherche de jeunes artistes à lancer. Alex y avait cru et s'était empressé d'en parler à son père. Fou de joie, il avait ensuite cédé aux avances de Brad, pour le regretter ensuite.

Chris: Demarest est une véritable ordure, reprit le détective. Ce n'est pas tant l'argent qui l'attire, mais plutôt de coucher avec les hommes qu'il exploite... C'est la raison pour lequelle je suis étonné qu'il s'en soit pris à votre père. A part l'argent, qu'a-t-il obtenu ?

Alex frissonna. Chris n'était pas loin de comprendre ce qui s'était réellement passé, or il ne fallait pas qu'il devine à quel point cette histoire était sordide: il en mourrait de honte. Pourtant, cet homme n'était rien pour lui, un simple étranger qui avait croisé sa route. Pourquoi tenait-il tant à ce qu'il ait une bonne opinion de lui ?
Se souvenant des premiers approches de Brad auxquelles ni son père ni lui n'avaient adhéré, il dit:

Alex: Demarest projetait soi-disant de tourner un film documentaire sur la région de Kelross pour attirer des investisseurs américains. Si mon père le finançait, il lui promettait de mettre en avant sa boutique de souvenirs...
Chris: Combien de temps devait durer ce film ?
Alex: Je ne sais pas trop..., répondit Alex, un peu pris au dépourvu. Une heure, peut-être.
Chris: Une heure ? Pour 25000 dollars ? Votre père s'est montré particulièrement crédule.

Alex se figea, en songeant à sa propre naïveté, puis il dit:

Alex: Il ne connaît rien au cinéma...

Une fascinante Attirance !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant