9.

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Se sentir perturbé !

María: Chris, est-ce que Alex va bien ?

À la vue de María qui courait vers eux, Alex se sentit de nouveau submergé de honte.

Chris: Oui, tout va bien, répondit Chris, mais nous partons. Je crois que nous en avons assez vu, ce soir.

Déstabilisée par le ton sec employé par son fils, María garda un instant le silence, puis elle dit à l'intention de Alex :

María: Je suis vraiment désolée pour ce quiproquo. On me prend souvent pour la soeur de Chris, mais jamais pour sa maîtresse.
Alex: Ne vous excusez pas, intervint Alex, le cœur au bord des lèvres. Vous n'avez rien fait de mal, c'est plutôt moi qui me suis mal comporté.

La gentillesse de María renforçait son sentiment de malaise et l'attitude de Chris à l'égard de sa mère lui paraissait atrocement injuste.

María: Bien sûr, si Chris avait eu l'idée de nous présenter l'un à l'autre quand vous êtes arrivés, rien de tout ceci ne serait produit.

Se tournant vers son fils, María ajouta :

María: Et ne crois pas que je n'ai rien vu quand tu as cherché à t'eclipser !
Chris: Bon sang, je suis venu, c'est déjà pas mal ! Ne m'en demande pas plus, María.

La tension entre mère et fils était si palpable que Alex ne savait plus comment se comporter. Être témoin de cette scène le mettait affreusement mal à l'aise.

María: Chris, reprit María d'un ton plus doux, débarrasse-toi de cette colère qui t'habite depuis toujours.

Repoussant la main que sa mère avait posée sur son bras, Chris répliqua :

Chris: Nous devons partir. Laisse-nous, maintenant.
María: Chris, s'il te plaît...
Chris: Je t'appellerai dans le courant de la semaine.

María répondit par un léger hochement de tête. Elle paraissait profondément affectée par l'attitude de son fils. Pourquoi se montrait-il aussi cruel ? Elle n'avait aucune part de responsabilité dans ce qui s'était produit. Qui plus est, elle avait raison sur un point : Chris aurait dû prendre la peine de présenter sa mère à Alex.

María: Adios, Alex, conclut María. J'espère que nous nous reverrons.

Sur ces mots, elle tourna les talons pour rejoindre les invités.

Alex: Ta mère me paraît être une personne adorable, murmura Alex lorsqu'elle eut disparu. Elle devait être d'un grand réconfort pour toi quand tu étais petit. Tu ne devrais pas lui en vouloir... Rien de ce qui s'est passé ce soir n'est sa faute.
Chris: Je le sais, répondit Chris en soupirant. Allons-y maintenant.

Il lui prit la main et se dirigea vers sa voiture. Une fois installé au volant, il demeura un long moment immobile, les yeux rivés sur l'hacienda où la fête battait son plein. Malgré la pénombre, ses traits révélaient une profonde tristesse, un accablement que Alex ne comprenait pas, mais qui semblait peser sur lui comme une chape de plomb.
Malgré son envie de le questionner sur ce qui avait pu creuser un tel fossé entre lui et sa mère, il se contint. L'heure n'était probablement pas aux confidences et il ne le connaissait pas assez pour s'immiscer dans sa vie privée. Sans compter qu'il avait déjà causé assez de dégâts en une seule soirée...
Lorsque enfin il sortit de sa torpeur et mit le moteur en route, Alex ne put s'empêcher de lui demander :

Alex: Pourquoi ne nous as-tu pas présentés ?

Un bras passé sur son siège, il se tourna pour effectuer une marche arrière, puis répondit :

Chris: Aucune raison particulière. Je ne l'avait pas aperçue avant qu'elle ne rejoigne sur la piste de danse.

Il ment, songea le jeune homme, mais il ne se sentit pas le courage de lui faire part de ses doutes.
Songeur, il se renfonça dans son siège. Chris était le plus bel homme qu'il ait jamais rencontré et exerçait sur lui une réelle fascination. Il brûlait d'envie d'en savoir plus à son sujet. A quoi donc avait ressemblé son enfance auprès de María ? Visiblement, mère et fils étaient très proches. Leur manière de danser ensemble, les regards qu'ils avaient échangés le prouvaient. D'où pouvait bien provenir cette tension qui habitait Chris ? Avait-elle un lien avec son père ? Le pinche gringo dont Jean lui avait parlé de façon si irrespectueux. Qu'avait fait cet homme pour que personne n'ait le droit de prononcer son nom ?
Toutes ces questions le taraudaient, mais Alex préféra demeurer sur un terrain plus neutre.

Alex: Pourquoi appelles-tu ta mère par son prénom ?

Chris mit un temps infini à répondre.

Chris: Je l'appelais maman quand j'étais petit, puis en grandissant j'ai opté pour María.
Alex: Pourquoi ?

Bon sang, comment en étaient-ils venus à aborder ce sujet ? songea Chris en jetant un bref regard sur son passager.
Alex paraissait épuisé, en prois à une envie de dormir irrépressible.

Chris: Je ne suis pas sûr de vouloir te répondre, lui dit-il doucement, espérant qu'il lâcherait prise pour s'abandonner au sommeil.
Alex: Pourquoi ?
Chris: Parce que tu vas me prendre pour un sale type.

Ce qu'il était, inutile de le nier, à l'adolescence. Égoïste et immature. Mais une autre raison motivait son silence, une raison qu'il ne souhaitait pas partager.

Alex: Explique-moi, insista Alex.
Chris: D'accord, soupira Chris. Quand j'étais au lycée, María était beaucoup plus jeune que les mères des autres élèves... et plus jolie aussi. Elle attirait beaucoup l'attention et cela m'énervait prodigieusement. Il m'arrivait de perdre patience et de me battre... Je ne supportais pas qu'on dise de vilaines choses sur elle.

Au souvenir des bagarres qui l'avaient opposé à ses camarades de classe, il se renfrogna. Il rentrait souvent chez lui couvert d'ecchymoses, les yeux au beurre noir ou les lèvres fendues. Il passait des heures dans le bureau du principal, refusant obstinément de s'excuser. Une rage impuissante l'avait habite pendant des années. Sa mère, si jeune, si belle, avait connu de nombreuses injustices. Elle avait été condamnée à mener une vie qu'elle n'avait jamais souhaitée.

Chris: Avec le recul, je trouve mon attitude ridicule, reprit Chris. Si j'avais été moins fier et moins stupide, j'aurais opté pour l'indifférence au lieu de me rebeller.
Alex: Tu protégeais María à ta façon, dit Alex. Ton attitude n'avait rien de stupide. Je la trouve plutôt courageux, au contraire.

Chris haussa négligemment les épaules. La compréhension dont Alex faisait preuve le mettait mal à l'aise.

Chris: Pour répondre à ta question initiale, c'est à cette époque que je me suis mis à appeler ma mère par son prénom. Ainsi, la plupart des élèves la prenaient pour ma soeur aînée et non pour ma mère.

Une fascinante Attirance !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant