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"Restez tranquille jusqu'à mon retour. A demain. Parker".

Alex passa les doigts dans ces cheveux humides et, serrant sa serviette de bain autour de sa taille, contempla la note laissé par Chris à son attention.
Pour qui se prenait donc ce détective pour lui donner des ordres ?
Personne n'était autorisé à lui dicter sa conduite. Il prenait son de lui et de son père depuis l'âge de 10 ans et, même si il avait commis des erreurs dernièrement, il était bien déterminé à se sortir seul de ce mauvais pas.
Chris ne lui donnait pas le moindre indication de l'heure à laquelle il serait de retour. Était-il censé l'attendre indéfiniment ?
Une heure plus tôt, il avait été réveillé par l'un de ses hommes venu lui livrer un sac de provisions. L'homme, un dénommé Jim, lui avait dit que Chris était occupé sur le cas Desmarest, mais qu'il serait de retour un peu plus tard dans la journée. Il avait ensuite remarqué que son sac avait été vidé d'une partie de son contenu, puisqu'il n'avait retrouvé ni son passeport ni son porte-monnais.
Agacé par la tournure que prenaient les événements, Alex froissa le message de Chris et le jeta rageusement dans la poubelle.
Revenu dans le minuscule salon de la maison, il sortit un jean, un t-shirt blanc et un caleçon de son sac à dos. Il avait hâte que Chris revient et lui rend son passeport.
Une fois habillé, il partit à la recherche de ses chaussures qu'il retrouva soigneusement rangés à côté de la table de nuit. Soudain, une image dérangeant se forma dans son esprit et son cœur se mit à cogner dans son torse. Jusque-là, depuis son réveil jusqu'à l'apparition d'un des hommes de Chris, il avait refusé de penser aux événements survenus la veille au soir. Mais il n'y avait pas de doute possible: il s'était endormi dans la voiture et le détective l'avait soulevé dans ses bras, couché dans le lit et recouvert d'un édredon douillet après lui avoir ôté ses chaussures.
Sa gorge se serra. A quand remontait la dernière fois que quelqu'un s'était occupé de lui avec autant d'attention ? Son père en avait été incapable après le départ de sa femme. Alex avait dû se substituer à sa mère pour prendre soin de son père et l'empêcher de sombrer dans la dépression.
Avant Brad, il avait eu quelques petits amis, mais ils avaient été incapables de tendresse. Quand à Brad, il s'était servi de lui. Il lui avait tout pris et rien donné en retour. Leur brève liaison lui avait laissé un goût amer.
Agacé par ces souvenirs qui remontaient à la surface, Alex enfila ses chaussures. Chris les lui avait ôtés simplement pour qu'il se sent plus à l'aise dans ses mouvements. Il n'y avait pas de quoi se faire des idées. Le détective ne se souciait pas de lui, seule son enquête avait de l'importance à ses yeux.
De retour dans la cuisine, il déballa le sac de provisions que lui avait livré Jim. Il faillit pleurer de joie en découvrant un paquet de café et des viennoiseries. Il mit en marche la cafetière puis se posta à la fenêtre qui donnait sur un joli patio paysagé.  Un sourire de contentement se forma sur ses lèvres. Finalement, cette aventure avait du bon. Il logeait dans une très jolie maison, petite certes, mais très propre, bien aménagée et surtout beaucoup plus confortable que les misérables motels où il avait séjourné ces derniers temps.
Après s'être servi une tasse de café, il retourna près de la fenêtre. Soudain, à la vue du colibri qui s'était posé sur une rangée de pétunias, il courut récupérer ses affaires de dessin dans son sac. A son retour, il se dépêcha de faire un croquis de la scène qui se déroulait sous ses yeux avant que l'oiseau s'envole. Le colibri allait de fleur en fleur, se gorgeant de leur nectar. Lorsqu'il eut disparu, Alex contempla son dessin. Il était assez précis et détaillé pour être mis en couleur plus tard. Il reposa son matériel sur le comptoir de la cuisine et plongea la main dans le sac de viennoiseries, en sortit un muffin qu'il dégusta avec une nouvelle tasse de café. Pour la première fois depuis longtemps, il sentit une vague d'optimisme l'envahir. Peut-être son avenir allait-il s'éclaircir enfin... grâce à l'intervention providentielle de ce détective.
Au retour de Chris, Alex se montrerait plus coopérative que la veille. En fait, il avait fait montre d'une agressivité que le jeune homme ne méritait pas. Au moment de leur rencontre, il était à bout de forces, affamé et terrifié. Mais à présent, il se sentait frais, reposé et mieux disposé à son égard. Malgré la brièveté de son message, il l'accueillerait avec courtoisi. Une fois qu'il l'aurait remercié, il se retrouverait de nouveau livré à lui-même et, même si sa situation n'avait rien d'enviable, il se sentait capable d'y faire face.
Il lui restait un peu d'argent et son visa n'arriverait à expiration que dans 5 mois. Il pouvait séjourner dans des motels moins minables que ceux fréquentés par Brad. Peut-être réussirait-il à vendre quelques croquis de plus. Ses cartes postales peintes à la main avaient beaucoup plu, mais il était en rupture de stock. Puisqu'il n'avait plus besoin de surveiller les allées et venues de Brad, il pouvait envisager de travailler la journée et de peindre le soir. La ville de Monterey était célèbre pour son côté bohème et attirait de nombreux touristes. Alex avait bon espoir de pouvoir y séjourner jusqu'à expiration de son visa. Avec l'été qui approchait, trouver un emploi saisonnier ne serait sans doute pas trop difficile.
Alex était venu en Amérique principalement pour récupérer l'argent volé par Brad. Même si cette mission était compromis, il fallait qu'il rassure son père sur son sort. Ce dernier devait continuer de croire que ses œuvres étaient exposés en Californie et que certains avaient même trouvé preneur.
Avec un peu de chance, en travaillant dur, peut-être pourrait-il récupérer une bonne partie de l'argent perdu.
Avant cela, il fallait que Chris Parker lui rend sa liberté.
Optimiste quant à la suite des événements, il débarrassa les restes de son petit déjeuner et se remit au travail.

Retour de Chris !

Étonné de n'apercevoir aucune lumière dans la maison en cette fin d'après-midi, Chris fronça les sourcils. Le téléphone subtilisé la veille sous le bras, il frappa 3 coups à la porte. Il était épuisé après la journée qu'il venait de passer et il espérait que Alex s'était tenu tranquille. Il n'avait aucune envie de le chercher dans tout Pacific Grove.
Au départ, il avait pensé venir le retrouver de bon matin, mais il avait passé la nuit à rêver de lui, de sa silhouette fin et pulpeuse à la fois, de ses petits yeux couleur chocolat, de sa bouche gourmande. Au petit matin, il s'était réveillé en sueur et les muscles endoloris. Agacé par l'effet que ce jeune homme produisait sur lui, il avait préféré différer leur retrouvailles et confier à Jim la mission de lui livrer de quoi se nourrir pour la journée.
Puis, vers 10 heures du matin, Desmarest avait été arrêté et écroué. Chris avait passé le reste de la journée dans les locaux de la police de Los Angeles. Stone et Ramírez lui avaient permis d'assister aux interrogatoires. Comme prévu, Desmarest avait fait preuve de beaucoup d'arrogance au départ, niant tous les faits, mais très vite il avait cédé à la pression. Il s'était emporté, avait proféré des menaces et il avait fallu le menotter. Pas de doute, l'homme était dangereux et sa place était derrière les barreaux.
A ce souvenir, Chris frissonna. Alex avait pris des risques inconsidérés. Que se serait-il passé si Desmarest l'avait surpris dans la chambre ?
Chassant cette pensée, il se remémora l'écoeurante attitude de Desmarest lorsqu'il avait été interrogé sur son voyage en Écosse. Il avait explosé de rire en évoquant sa rencontre avec un jeune garçon naïve qu'il n'avait eu aucune peine à séduire. Chris avait eu beaucoup de mal à contenir sa fureur et avait préféré quitter la salle d'interrogatoire...
Las d'attendre, il frappa de nouveau, plus fort cette fois, et, enfin la frêle silhouette de Alex apparut devant ses yeux. Le crépuscule nimbait son splendide chevelure de reflet chocolat et sa peau paraissait translucide. Ses petits yeux brillaient et toute trace de fatigue avait disparu de ses traits. Il portait un t-shirt moulant qui révélait son torse musclé et généreux. Pas de doute, sous des allures de gamin se cachait une silhouette de rêve.

Alex: Bonjour, monsieur Parker. Désolé de ne pas vous avoir entendu frapper. J'étais dans le jardin, à l'arrière de la maison.

Du calme, Parker, s'enjoignit Chris. Tu n'es pas ici pour le plaisir, mais pour le travail.
Avisant le bloc couvert de dessins que tenait Alex dans ses mains, il demanda:

Chris: Vous êtes un artiste ?
Alex: Oui... enfin, j'adore la peinture naturaliste. C'est une... passion.

Une fascinante Attirance !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant