Au timbre de voix, il ne peut s'agir que d'un homme. Sans demander son reste, Faustian se tourne dans la direction d'où semble venir le cri et s'y précipite à toute allure. Me saisissant de son dernier sac de voyage, je prends à mon tour cette direction tout en remerciant silencieusement mon nouveau compagnon de m'avoir apporté les soins nécessaires qui me permettent maintenant de pouvoir courir après lui. Toutefois, il m'est difficile de ne pas me laisser distancer par ce dernier, tout d'abord à cause de la vitesse qu'il arrive à atteindre et par les zigzagues incessants que nous sommes contraints à faire par la multitudes d'arbres et de fourrés qui se dressent sur notre passage, sans compter les soins que je prends pour ne pas m'empiéger dans les racines sorties de terres ou encore éviter que mes vêtements s'accrochent aux ronces et à de petits arbustes.
À mesure que nous avançons, Faustian disparaît de ma vue. Je n'aurais jamais pu imaginer rencontrer quelqu'un courir à une pareille vitesse et cela me paraît encore impensable, alors même qu'il court sous mes yeux. Toutefois, là ne s'arrête pas l'étrangeté de la situation. Ce qui m'impressionne le plus, c'est qu'il semble avancer sans hésitation, comme s'il connaissait le chemin qui mène jusqu'à l'homme qui hurle quelque part, perdu entre les arbres. Est-ce qu'il connaît vraiment l'endroit où nous nous rendons ? Je ne me pose pas plus de questions à ce sujet, puisque la seule pensée qui me préoccupe réellement tient à la peur de me retrouver à nouveau seule, d'autant plus que sa silhouette finit véritablement par disparaître de ma vue.
-Attends-moi ! Tu cours trop vite pour... Commençai-je à crier tout haut.
Mais cette peur irascible de me trouver seule dans ces bois finit par se produire ; je glisse sur un amas de feuilles humides, non sans une certaine malchance, et dans un craquement familier, ma cheville fraîchement guérie se tord à nouveau et vient raviver la douleur à peine disparue. Néanmoins, je n'y prête pas plus d'attention, pas même à la douleur. Je me relève péniblement et poursuis cette course effrénée puisque ma préoccupation première ne se porte pas sur ma cheville, pour le moment. Mais à peine remise sur mes deux jambes, je tombe de nouveau le long d'une pente après avoir franchie une barrière de végétations hautes. Je ne m'étais pas aperçue que nous courions à proximité d'une pente escarpée, qui mène tout droit, en contre-bas, à une petite clairière, cachée derrière une végétation foisonnante.
Je dégringole cette dernière à toute vitesse, tandis que des épines, des branchages et des buissons aux ramifications acérées, qui se trouvent ici et là, s'agrippent à mes vêtements et m'écorchent plus ou moins douloureusement. Je ne parviens pas à laisser échapper le moindre cri et ne peux qu'espérer que cette terrible chute ne parvienne pas me tuer, que rien ne vienne me briser la nuque.
Pourtant, une fois parvenue en bas, dans la petite clairière, et après quelques vérifications, les blessures qui me recouvrent sont bénignes ; ma tête me fait souffrir et de multiples éraflures plus ou moins profondes recouvrent mes bras et mes jambes. Le principal est que je sois toujours bien en vie, je ne demande rien de plus, rien de moins. Mon premier réflexe est de me couvrir le visage de mes mains en espérant que ce geste puisse chasser les maux de tête qui m'assaillent.
Aïe ! Merde !
Je me redresse péniblement et attends de recouvrir toutes mes capacités avant de réfléchir posément à la situation. Ce n'est qu'ensuite que je me redresse, les jambes tremblantes. Je jette un bref regard derrière moi pour suivre le tracé laissé par ma chute et me demande presque aussitôt si Faustian s'est aperçu que je ne le suivais plus ou s'il continue de courir au travers des bois à la recherche de l'inconnu. Je reste debout, statique, comme si j'étais incapable du moindre geste et la pente qui se dresse sous mes yeux parvient à chasser tous mes espoirs de l'escalader pour faire marche arrière, d'autant plus qu'un simple coup d'œil à ma cheville, bien que légèrement touchée, me laisse entendre qu'elle ne me permettra pas de monter jusqu'en haut.
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Faustian
FantasíaRose est une jeune fille comme les autres. Elle mène une vie ordinaire, et n'a jamais connu le moindre bouleversement. Pourtant, chaque soir, celle-ci fait un rêve. Toujours ce même rêve qui ne change jamais. Elle est allongée dans l'herbe, à l'abri...