Seul un silence de mort m'accueille lors de mon arrivée. Je ne vois personne pour le moment, comme si tous les habitants de la ville avaient tout simplement disparus, ne laissant derrière eux aucune trace de leur existence. Le temps gris, lourd, froid et glacé en plus de cette épaisse brume qui ne s'est toujours pas levée, me donnent froid dans le dos. L'ensemble de ces critères offrent à cette ville l'apparence d'une ville fantôme.
Pendant un moment, j'en viens à penser à retourner auprès de Nyséa et Sted soignant l'homme inconnu. Cette ville m'est devenue maintenant étrangère malgré le temps que j'y ai passé, bien que cela fût de courte durée. Je n'arrive pas à la reconnaître, elle semble totalement différente... Sans doute à cause des maisons en ruines que je peux voir depuis l'entrée et qui, pourtant, ne l'étaient pas avant que je quitte la petite ville il y a quelques jours maintenant.
Le problème est que je ne peux retourner en arrière, je me dois d'avancer et de découvrir qui est cette personne qui a tué tous ces innocents. J'espère me tromper et que la personne qui a commis l'irréparable dans cette ville n'est pas Faustian. Pourtant, une part égoïste de moi espère que ça soit le cas, que je pourrai le trouver ici et l'arrêter.
Une peur noire de découvrir qui se cache derrière ces meurtres en masse me retourne l'estomac. Je ne peux pas nier le fait que j'ai peur d'y laisser ma vie sachant que le coupable de ce chaos tue tout ce qui se trouve à sa portée. Quand je pense au fait que l'homme que Nyséa soignait a perdu toute sa famille... Sa femme et ses enfants, c'est un homme brisé... Il n'aura certainement pas pitié pour le jeune fille que je suis.
Je ne peux effacer de ma mémoire les visages des personnes qui ont perdu la vie face à moi, sous mes yeux. J'étais spectatrice de pires choses auxquelles on peut assister dans sa vie et je sais que cela marquera ma mémoire à tout jamais. On ne peut oublier une chose pareille. Même si pour la plus part de ces personnes, le meurtrier n'était autre que mon ami... Mais comment puis-je lui en vouloir? Il ne savait pas ce qu'il faisait, il n'était pas lui... Et puis, j'ai beau essayer, je n'y arrive pas, c'est plus fort que moi...
C'est maintenant que je me fais à l'idée que je dois avancer, qu'il est trop tard maintenant pour rentrer et que cette volonté de découvrir qui est le meurtrier semant la terreur à Balamor, que je me rends compte que je suis bien vivante dans ce monde étranger et que je dois maintenant faire face à de nouvelles expériences qui changeront l'être que j'étais avant et maintenant en un nouveau.
Je prends une bouffée d'air et fais un premier pas vers une nouvelle vérité, une nouvelle découverte. Je ne ressens plus la douleur de mes pieds nus contre le carrelage en pierres froides. Je ne ressens plus les rafales glacées contre ma peau nue. Non, je continue d'avancer dans cette ville fantôme avec une chaude envie de découvrir si mon ami est bien ici et si je dois l'arrêter.
Je traverse quelques premières ruelles. Elles sont méconnaissables, leur nouvelle apparence les rend méconnaissables. Elles sont toutes plus sinistres que les autres. J'ai l'intime impression que je m'enfonce de plus en plus vers les ténèbres, de plus en plus vers les tréfonds les plus sombres de ce monde. Et pourtant je sais que je vais devoir en travers bien d'autres encore avant de pouvoir retrouver la personne que je recherche. Je le ressens comme si cela n'était qu'une simple évidence.
Je continue de traverser ruelles après ruelles. Je n'entends toujours aucun bruit autre que celui du vent qui murmure doucement, d'autre que mon cœur battant à tout rompre comme un tambour à mes oreilles. Je ne cesse de me remémorer ce à quoi ressemblait la ville avant que je ne la quitte, de cette ville pendant les jours ensoleillés quand adultes et enfants se mêlaient en une petite foule durant les beaux jours. On pouvait entendre à travers ces ruelles les échos des enfants qui jouaient, riaient, pleuraient et se chamaillaient. Les adultes qui parlaient entre eux, qui prenaient des nouvelles des autres et qui riaient entre eux. Toutes ces personnes avaient construit leur vie ici et semblaient bien y vivre. Maintenant, je me trouve dans une ville morte qui ne semble jamais avoir connu un moment de joie dans ses rues désertes. La couleur même qui y régnait n'est plus.

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Faustian
FantezieRose est une jeune fille comme les autres. Elle mène une vie ordinaire, et n'a jamais connu le moindre bouleversement. Pourtant, chaque soir, celle-ci fait un rêve. Toujours ce même rêve qui ne change jamais. Elle est allongée dans l'herbe, à l'abri...