Chapitre 32

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   Instinctivement, je recule d'un pas. Ce n'est pas la première fois que je l'entends hausser le ton de cette manière. Mais pour une fois, je dois avouer que je me sens intimidée, voire même touchée, blessée. J'ouvre de grands yeux, surprise. Je ne dis pas un mot, je regarde simplement son dos qui semble se contracter et rouler sous ses vêtements. Je ne sais que dire tandis que la situation semble de plus en plus tendue, s'éternisant presque. Mais avant même que je puisse réfléchir à ce que je pourrai dire pour mettre fin à cette lourde ambiance, Faustian se met subitement reprendre la route d'un pas pressé, je ne sais quelle raison me pousse à m'imaginer qu'il est en train de me fuir. Je réalise aussitôt ce qui se passe à la vue de sa silhouette qui s'éloigne un peu plus de moi. Je me mets à le suivre, à la même vitesse. Je ne dois pas le perdre de vue, si le cas venait à arriver, je sais que je cèderai sans peine à la panique. En revanche, j'ai perdue toute envie de lui parler, je dirai même que j'ai peur de dire quoi que ce soit d'autre qui risque de le mettre dans un état bien plus colérique que celui dans lequel il se trouve en ce moment même. J'ai même une certaine crainte de le blesser. Pour le moment, je regrette la question que je lui ai posé et le suis tête basse.

   Une heure passa. Faustian avait fini par ralentir quelque peu. Mais pendant cette heure, ni moi, ni lui n'osons parler à l'autre. L'atmosphère est toujours aussi tendue et je me sens d'autant plus mal à l'aise sachant que je suis la cause de ce froid entre nous. Je n'osais pas le regarder et lui ne me jetait pas même un regard. Mais plus cette heure avançait, plus je me sentais coupable. Elle me semblait durer indéfiniment.

   Il est temps pour moi je faire quelque chose, je ne peux pas laisser la situation telle qu'elle est. Et puis... Je n'aime pas cette distance. Moi qui étais un peu en retraite, je décide déjà de le rattraper pour pouvoir être à ses côtés. Je n'ose pas le regarder ou encore même lui dire quoi que ce soit. Je me contente de regarder le sol sans perdre mon allure. Puis, prenant un peu de courage, je commence par lui jeter un coup d'œil afin de voir l'expression qu'il affiche. Je sens une violente douleur fleurir en moi, comme si je venais de recevoir un coup de poignard en plein cœur. J'en oublie même de respirer. Son visage est animé par une douleur inconnue, une grande tristesse semble s'être emparée de lui, et peut-être même du désespoir. Ma culpabilité ne cesse d'augmenter à la vue de cette expression torturée, d'autant plus que j'en suis à l'origine. Inconsciemment, je baisse la tête, ne pouvant plus supporter de le voir ainsi et me gèle instantanément. Mon corps refuse de faire un pas de plus. Faustian fait quelques pas avant de remarquer que j'ai arrêté de le suivre. À son tour il s'arrête avant de se tourner vers moi avec ce même air où se mêle maintenant une pointe d'incompréhension. Cela, je ne peux pas le voir, mes yeux sont toujours rivés vers le sol. La gorge serrée, je ne peux laisser échapper que quelques mots.

   -Je suis désolée...

   Je continue de regarder le sol, les poings serrés. Je culpabilise à un tel point que les larmes se mettent immédiatement à rouler le long de mes joues. Il m'est impossible de les arrêter. Le fait qu'il puisse entendre ma voix brisée double les nombre de mes larmes, je m'en veux encore plus car je sais qu'il va s'en vouloir de me voir dans cet état. Moi qui ne voulais plus pleurer devant lui, c'est peine perdue. Continuant de fixer le sol, je ne peux pas voir le visage de mon ami qui, pendant un moment, ne peut cacher sa surprise à ces mots. Je ferme les yeux et essuies rapidement les larmes que je ne peux plus retenir. Mon ami fait un pas dans ma direction avant de s'arrêter de nouveau. Le regard qu'il pose sur moi brille d'une toute autre lueur. Je ne peux pas voir qu'il se laisse un moment submergé par les émotions qui l'anime, lui aussi. Mais rapidement, il reprend son calme et avant même qu'il ait le temps de dire quoi que ce soit, je prends la parole.

   -Je ne voulais pas te blesser, je ne voulais pas... Je ne voulais pas te mettre en colère non plus... tout ce que je voulais été simplement d'en apprendre plus sur toi et briser ce silence qui était devenu si lourd... Je ne voulais pas te vexer et encore moins te mettre en colère ou te faire du mal... Je ne veux pas me comporter avec toi comme je me comporterai avec n'importe qui d'autre. Je veux apprendre à te connaître, je veux... Je ne sais même pas ce que je veux réellement, mais tout ce que je sais c'est que je veux m'entendre avec toi, je veux que tu m'apprécies, je ne veux pas que nous soyons si froid l'un envers l'autre... Je sais que je me montre égoïste, je sais que je fais de ta vie un Enfers, mais pardonne-moi... Pardonne-moi, je ne voulais vraiment pas te faire de mal... Je suis si désolée, si désolée... dis-je tout en pleurant.

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant