Chapitre 5

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Mais qu'est-ce qui se passe exactement !

Je regarde l'orateur sans pouvoir dire un mot. Les accusations qu'on me porte sont fausses, mais je n'ai aucun moyen de pouvoir les contredire. Alors, au lieu de nier les faits, je regarde la foule à la recherche de soutien. En vain. Je ne croise que des regards braqués sur moi, de multiples expressions, de la colère à l'horreur. Croient-ils vraiment aux accusations ? La situation est comique, non ? Qui serait assez idiot pour y croire ? L'homme que j'aurais agressé se tient à quelques pas de moi, sans que personne ne le sache. Et compte tenu de son gabarit, il est peu probable que je puisse avoir essayé de faire quoi que ce soit à son encontre. Sans doute à cause de l'angoisse, je ne peux m'empêcher de pouffer de rire.

-Regardez-la rire ! S'écrit l'homme au poignard. Elle porte en elle le malin ! La mort ne lui fait pas peur, elle en rit !

Comment peut-il dire une chose pareille ? Pour qui se prend-il ? Est-ce ainsi qu'il compte prendre sa revanche ? C'est pitoyable !

En proie à la colère, je saisis mon courage à deux mains et décide de prendre ma défense. Personne d'autre que moi ici se fera mon avocat.

-Tout ce que vous dites est un mensonge ! Hier, cet homme, dis-je en pointant du doigt l'homme au poignard, a profité de la situation pour essayer d'abuser de moi, alors que j'étais blessée ! Alors j'ai essayé de m'enfuir en le bousculant ! Voilà la seule chose dont on peut m'accuser ! Si ce sont des hommes comme lui qui sont censés vous protéger, je pense bien qu'il faudrait mieux pour nous tous de vous en passer ! Un menteur, un violeur et un fou ! Voilà ce qu'il est ! Il a promis de se venger, et c'est en se conduisant comme un faible qu'il arrive à y parvenir ! Il m'a malmené avant de me mener devant vous ! Qui est-il donc p...

Avant même de pouvoir terminer ma phrase, l'homme au poignard s'est avancé pour me faire taire d'une gifle. Je tombe à terre, prise de nausées, mais un garde m'oblige à me redresser. Je force sur ma cheville pour tenir debout, mais la douleur devient de plus en plus aigüe. Le goût du sang me vient en bouche.

Contre toute attente, la foule se met à crier des protestations, indignée, après le coup que j'ai reçu. On demande à me relâcher, l'homme au poignard est hué et moqué. On crie des noms, ceux des personnes qui ont connu le même sort que le mien.

Les gardes tentent tant bien que mal de maîtriser la foule, à la faire reculer. Sans succès. La cohue en colère se bouscule, déferle sur la place, excitée par les ordres des gardes. Je me demande alors comment la situation a réussi à en arriver là. Est-ce à cause de moi ou bien était-ce la goutte de trop ?

Des personnes tentent de me venir en aide, mais sont arrêtées par les gardes avant même de m'atteindre. Les hommes en armure n'hésitent pas à blesser les hommes et les femmes de la foule. Un moment, une femme, parmi les insurgés, tente de repousser un des gardes postés à mes côtés. Ce dernier riposte en lui plantant dans le ventre une arme tranchante à plusieurs reprises, et parvient à l'éventrer et à m'éclabousser de taches de sang. Elle tombe alors à terre, inerte, et me laisse vue sur son ventre ouvert qui créer une flaque de sang autour d'elle. Un autre homme, un peu plus loin, ne tarde pas à connaître le même destin funeste.

Je retiens un haut-le-cœur tandis que, prise de vertige, je peux entendre battre mon cœur à mes oreilles plus fort que d'habitude. Je n'arrive pas à détourner le regard de cette femme sur le sol, qui s'est battue dans l'espoir de me libérer, et de se libérer de ses oppresseurs. Je jette un dernier regard sur le corps, sur ses yeux vitreux.

Je me lève en deux temps trois mouvements et me mets à courir. L'image du corps de cette femme ne me quitte pas. Je ne veux pas finir comme elle et je ne souhaite pas assister à tout cela plus longtemps. J'arrive à m'échapper, après m'être longuement faufilée dans la foule mouvante. Je jette néanmoins un regard derrière moi, pour vérifier que personne ne me suit et est heureuse de constater que cette révolte monopolise l'attention des gardes. Certaines personnes fuient le groupe tandis que d'autres viennent compléter les rangs. Je les remercie tout bas de m'être venu en aide.

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant