Chapitre 6

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La lumière du soleil traverse le feuillage et parvient à me réveiller. Me voilà de nouveau en forêt, adossée contre un arbre. Je me redresse en sursaut et les souvenirs de mes aventures me reviennent en tête, de la prison à la tentative de viol, que j'ai réussi à échapper de peu. Ma tête me fait atrocement souffrir. Je jette des regards autour de moi, mais ne vois rien de plus que des arbres, des buissons et d'autres plantes encore.

Qu'est-ce que je fais ici ?

Je tente de me déplacer, ce qui me permet de prendre conscience que ma cheville n'est plus douloureuse. Je la fais jouer et reste surprise à l'idée qu'elle se soit rétablie aussi rapidement. Un bandage de fortune, composé de feuilles assemblées par de la ficelle, la tient fermement serrée. Je regarde une nouvelle fois autour de moi, à la recherche d'une autre présence.

Qui m'a donc soigné ?

Je me lève. La douleur n'est devenue plus qu'un léger picotement, rien de bien terrible. En gardant appuie sur le tronc, je prête plus attention à ce qui se trouve autour de moi, mais tout reste calme, ce qui n'était pas arrivé depuis ces deux derniers jours.

Un craquement retentit depuis l'autre côté de l'arbre. Je sursaute avant de me figer. Une haute silhouette apparaît vêtue d'un long vêtement bleu roi et surmontée d'un visage familier. Ses longs cheveux noirs traînent négligemment sur ses épaules. Son visage se tourne dans ma direction et je croise son regard bleu foncé. Nous nous regardons sans dire un mot.

Alors, comme ça, il m'est venu en aide ? Et l'ombre, qu'est-elle devenue ?

-Enfin réveillée ? Finit-il par dire.

-Comme tu peux le voir, je suis bien réveillée, lui répondis-je froidement. Pourquoi m'es-tu venu en aide ? Des regrets ? Lui demandai-je.

Son regard trahit un sentiment de soulagement, malgré l'expression figée sur son visage. Cette dernière disparaît pour en laisser place à une nouvelle. Il réfléchit. Quant à moi, je me rappelle du moment où il m'a abandonné sans même regarder derrière lui. Il savait que je ne connaissais pas la ville. Comment pourrais-je lui pardonner, et cela, malgré les soins qu'il a apporté à ma cheville ? Je ne sais pas comment régir face à lui, d'autant plus que je ne veux pas le voir m'abandonner une fois de plus. S'il est revenu, c'est qu'il ne compte peut-être pas me laisser seule. C'est pourquoi je dois éviter de me montrer trop hostile.

-Tu me tutoies donc, commence-t-il. Eh bien, je n'ai aucun regret, crois-moi. J'aimerais te donner les raisons pour lesquelles je suis venu à ton aide, une nouvelle fois. Mais ce serait plutôt long...

-J'ai tout mon temps, le coupai-je sèchement.

Nos regards se croisent. Il n'avait pas l'intention de me partager ses raisons et semble surpris de m'entendre les lui demander. Son visage reprend son expression impassible avant de reprendre la parole.

-D'accord. Si tu le souhaites. Pour commencer...

Il s'arrête et réfléchit.

-Je n'ai pas envie de m'éterniser avec des explications. Pour commencer, nous nous étions déjà croisé en ville. Je n'ai pas pu me résoudre à te laisser aux mains des gardes, sachant qu'ils sèment la terreur dans certaines villes et certains villages. Tout dépend de qui se trouve à la tête de leur groupe. Quand je t'ai retrouvé, tu avais perdu connaissance et... Le corps d'un garde gisait près de toi. Il était évident que tu ne pouvais pas être celle qui l'avait tué... Mais peu importe qui était réellement coupable, tu aurais été accusé de meurtre. Alors je t'ai aidé, sans pour autant que cela devienne gênant pour moi. Tu me tiendras compagnie, en quelque sorte.

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant