Chapitre 23

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   Tandis qu'une douce brise vient me chatouiller agréablement le visage et que les rayons de soleil, qui passent à travers le feuillage dense des arbres, viennent me réchauffer allégrement après une nuit froide passée sous les étoiles, j'en viens presque à oublier les événements de la veille. Mais je me rappelle assez rapidement que nous ne sommes pas hors de danger sous le couvert de ces bois, que nous ne pouvons pas rester ici plus longtemps. Mais je ne peux plus bouger, même si mon envie de fuir est virulente, même si celle de me jeter sur Orphen et de le supplier de s'en aller maintenant le soit elle aussi, ou bien celle de trouver de quoi manger ou encore celle de trouver une issue possible à nos problèmes, je ne peux qu'immobile. Comme un malade cloué au lit, je ne ressens plus la force de pouvoir continuer, comme si la vie venait de m'échapper. Mais une autre sensation me hante, je ressens une présence à mes côtés, une présence tout du moins étrange. Je ne peux ouvrir pas les yeux, je me sens soudainement beaucoup plus fatiguée, comme si on voulait que je ne puisse les ouvrir, comme si la fatigue me tombait violemment dessus. Et puis, cette présence... Je frissonne au moment où je sens quelque chose me chatouiller l'oreille droite. Ce n'est que maintenant que je me rends compte que je ne peux certes plus bouger, mais je ne peux parler non plus. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, je ne panique pas. Non, je suis calme, je me sens calme. Pour une raison que j'ignore tout simplement, je sais que cette chose est une douce présence. Une voix... me chuchote doucement quelque chose à l'oreille... Une voix que je reconnaîtrai entre mille mais qui pourtant est bien là, bien que cela puisse sembler irréel, c'est bien Briance qui me parle. Elle me glisse tout bas quelques mots avec une délicatesse que je ne connaissais qu'à elle.

   -Je sais que cela va être difficile à concevoir, mais saches que tu n'es pas seule, et tu le sais au plus profond de toi. Continue ton chemin, ne te retourne pas, n'ai pas peur, nous sommes là.

   Je sens comme regain de force fleurir en moi. Je ne sais pas d'où afflue toute cette force, mon instinct me tourne à me dire que cette voix identique à celle de Briance en est la cause. Et en parlant de cette voix... Je ne comprends pas le sens de sa phrase, que voulait-elle dire exactement.

   Que voulait-elle dire par là?

   J'ai beau réfléchir quelques secondes, je ne trouve pas moi-même et je reste perplexe, sans doute dû au fait que je ne suis pas complètement réveillée, que je n'arrive pas à me réveiller. Mais pour l'instant ce n'est cela qui me préoccupe le plus dans l'état où je me trouve. Avec cette nouvelle force en moi, je me sens capable de pourvoir la questionner. Et c'est cela qui semble attirer mon attention. J'ai d'élan pour lui demander:

   -Bri... Que veux-tu dire par là, je crains de ne pas comprendre?

   -Orphen n'est plus, il se trouve avec moi et ma mère en ce moment-même. Tu seras seule. Mais pour le moment, dors, reprend des forces, tu dois partir à la recherche de ton ami, à la recherche de Faustian. Lors de ta route jusqu'au moment de vos retrouvailles, tu devras faire certains choix, apprendre certaines choses. Je sais que tu feras le bon choix. Mais je ne puis t'en dire plus à ce sujet. Pars en direction de la plus proche ville et n'ai rien à craindre. Là-bas tu devras chercher une femme portant le nom de Nyséa, elle t'aidera dans la quête que tu mènes pour rentrer chez toi. Je le répète une nouvelle fois, je ne puis t'en dire plus, dorénavant. Que ta route te soit bonne mon amie et sache que, de là où je me trouve, je te surveille et que je t'aime.

   Je sens quelque chose de doux se poser sur mes lèvres. Elle finit sur ces mots, avant même que je puisse avoir le temps de lui répondre quoique ce soit. En ce qui concerne «l'autre monde», parlait-elle de mon monde, celui d'où je viens? Je ne lui en ai pourtant jamais parlé... Comment connait-elle les événements à venir? Je suis totalement perdue, mais je sais une seule chose, c'était bien Briance qui me parlait, mais que voulait-elle dire quand elle me disait que j'allais me retrouver seule? Orphen est donc partit sans moi? Je ne sais pourquoi, normalement, ces paroles qui devraient me plonger dans un état de stress inimaginable ne me fait aucun effet. Je me sens comme apaisée malgré cette forte tristesse qui me pèse dans l'âme. Mon amie, ma précieuse amie... Ma dernière pensée lui revient, son nom et l'image de son visage se forme dans mon esprit, son sourire, ses yeux rieurs.

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant