Chapitre 13

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Nous passons le reste de la journée en ville. Elle n'est pas très grande mais les étales à l'extérieur vendent de somptueuses étoffes et des objets que je ne connaissais pas et qui m'intriguent beaucoup. Je prête beaucoup d'attention à certains produits qu'ils vendent, particulièrement les produits comestibles. La grande partie d'entre eux ressemblent à ceux d'où je viens tandis que d'autres ont des formes assez étranges. Faustian m'explique brièvement quelles sont le rôle de quelques plantes, et j'ai remarqué que toute celles qui ont des formes abracadabrantes ont des effets thérapeutiques. En dehors des zones de commerces, il y a beaucoup de petits endroits assez sympathiques à visiter: des boutiques de toutes sortes, des ruelles. Je m'amuse à découvrir et à cerner ce monde un peu plus chaque jour.

Faustian, lui, se montre toujours aussi distant, il ne m'adresse pas la parole à part pour répondre à mes questions concernant les plantes aux apparences attrayantes et pour m'acheter quelque chose à manger.

Je me promène pour une seule chose. En fait, j'essaie de me vider la tête de tous ce que j'ai pu vivre. Particulièrement ce matin, quand je me suis réveillée entourée par tous ces corps. Après ce que j'ai vécu la veille, avec ces bandits de grand chemin. Il faut que je tente un instant d'oublier cette odeur de sang qui me reste dans le nez, cette odeur de pourriture qui semble me coller à la peau. Il faut que je puisse m'ôter tous cela de l'esprit. Et l'idée que Gauston soit blessé et de ne pas savoir ce qu'il advient de lui me plonge dans un état de stress indescriptible. Mais chaque fois que je ferme les yeux, j'oubli mon ami pour laisser place à ce champs de bataille avec tous ces corps ainsi que toutes les personnes qui sont mortes sous mes yeux. Je me rappelle particulièrement de leurs yeux vitreux dans lesquels la vie s'est échappée. Il faut que je me les sorte de la tête, rapidement.

La journée est passée rapidement. Je ne suis pas vraiment fatiguée mais Faustian a les traits creusés, il est aussi un peu plus pâle. Je pense qu'il est temps pour nous de nous reposer. Pour l'instant la nuit commence à tomber, les vendeurs et colporteurs commencent à ranger leurs articles et denrées, les femmes appellent leurs enfants, les citadins rentrent chez eux et ferment fenêtres et volets. Je regarde Faustian qui semble perdu dans ses pensées, moi je me pose une question.

Mais où allons-nous dormir cette nuit? Nous n'allons pas passer une nouvelle soirée à dormir à la belle étoile... Si?

Je n'ose pas poser la question directement à Faustian, il ne semble pas avoir envie de parler, particulièrement avec moi. Il semble presque éviter toute discussion. Je ne sais pas pourquoi il agit comme ça. Il m'en veut peut-être encore pour la veille. Il semble presque m'éviter tout simplement et me répond plus par courtoisie que par envie.

Je continu de marcher un petit peu, espérant qu'avec le temps la fatigue finisse par venir, espérant que Faustian vienne de lui-même répondre à ma question. Je me rends compte que j'ai les jambes un peu engourdies, la fatigue s'empare de moi peu à peu. Maintenant je n'attends plus que Faustian me dise quand et où nous allons passer la nuit. Je ne vais pas me plaindre, je n'ai pas envie de gêner mon ami. Je me suis déjà imposée quelque part dans sa vie, je n'ai pas non plus envie de devenir envahissante.

Je suis plongée dans mes pensées, plus la nuit tombe, plus mes souvenirs accablants, eux, me reviennent en tête. Je sors de mes pensées lorsque j'entends des pas venir dans ma direction, derrière moi. Je me retourne et le vois se pencher vers moi avec un sourire forcé aux lèvres. La première chose à laquelle je pense c'est qu'il va m'annoncer que nous allons dormir cette nuit dehors, comme les autres nuits que j'ai passé, sans compter celle que j'ai dû faire en prison et sous la tente de mes kidnappeurs.

Je ne veux pas passer une autre nuit dehors...

-Nous allons partir à la quête d'une auberge où passer deux nuits le temps que Gauston se rétablisse un peu, ensuite nous partons, m'explique Faustian.

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant