Chapitre 24

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   Durant le trajet, la femme m'a fait avaler un liquide dégoûtant, un mélange de plante et d'eau. Je suis revenue à moi immédiatement. Et depuis, j'arrive à ressentir de nouveau la douleur, de nouveau mes membres endoloris et le poids étrangement lourd de mon corps allongé dans l'inconfortable charrette. Sur le coup, j'ai presque faillit lui en vouloir. Ce flux de douleur qui afflue brusquement en moi m'est insupportable. Mais ces deux personnes me sont venue en aide, je ne peux pas leur reprocher cela. En revanche, je n'ai pas pu m'empêcher de lui jeter un regard désapprobateur. Et c'est suite à ce regard qu'elle m'a expliqué que c'était une bonne chose que je me remette à ressentir tous ces élancements. Si mon corps ressent la douleur, c'est que mon organisme commence à mieux se porter.

   Je suis prise d'une chaleur étouffante, je peine à respirer, je suis trempée de sueur. Depuis quelques minutes, le simple fait d'ouvrir les yeux m'est devenu impossible. On me prend de nouveau dans les bras. J'entends une porte s'ouvrir avant d'entendre les claquements de pas contre le plancher et le bruit du craquement du bois. Une seconde porte s'ouvre, l'homme avance de quelques pas avant de me poser délicatement dans un lit. J'ai fait une longue et désagréable route, allongée sur le sol de la charrette avançant rapidement sur la route abîmée. Me retrouver maintenant allongé sur quelque chose de plus confortable m'est beaucoup plus délectable. Je reste consciente de tout ce qui se passe autour de moi, de ces deux personnes qui s'agitent et qui font des allés retour entre la pièce où l'on m'a emmené et celle d'à côté. On me fait vomir à plusieurs reprises à l'aide d'un liquide nauséabond qu'on me force à avaler dans le but de chasser toute trace que les champignons ont pu laisser. Mais je garde toujours cette forte fièvre qui me désoriente. Je n'ai presque plus de force pour faire quoi que ce soit. La femme après m'avoir donné quelques remèdes contre les douleurs me demande de me reposer. On me réveille plus tard pour me faire boire de la soupe, je n'en ai pas l'appétit ni même le goût, j'ai gardé l'horrible saveur des champignons en bouche. Je me contente de sentir le liquide chaud couler dans ma gorge. À bout de force pour cet effort qui paraît si insignifiant, je finis par m'endormir à nouveau.

   Quand je me réveille une nouvelle fois, la première chose qui me surprend est le fait que je semble avoir recouverts de ma force. Je ne sais comment ces deux personnes ont pu réussir à aboutir à un tel résultat quant à l'état catastrophique dans lequel je me trouvais, mais elles ont fait un travail extraordinaire. Je me redresse doucement, il ne vaut mieux pas que je fasse de gestes trop brusques, peut-être ne pourrai-je le supporter. Je me contente de contempler la pièce où je me trouve. Une chambre. Je me trouve belle et bien dans un lit, je l'ai deviné au contact de celui-ci quand on m'y a déposé.

   La chambre est éclairée par peu de lumière, je pourrai même dire que je me trouve quasiment plongée dans l'obscurité. Mais j'arrive tout de même à voir ce qui s'y trouve. La source de lumière provient de la porte au fond sur ma gauche, et l'éclairage qu'elle revoit est suffisant pour que je puisse discerner quelques petits détails. Les murs gris montrent, par le biais de longues marques noires qui partent du plafond, que la maison est en proie à l'humidité, ou peut-être est-ce seulement cette pièce. Je ne peux le dire. Le sol, lui, est fait de terre tassée, ce qui me laisse penser que beaucoup de personnes, au file des années ou peut-être même de quelques mois, ont dû piétiner. La vieille chambre se résume à quatre vieux murs, un sol en terre, un plafond couvert de poutres en bois, une porte et un lit.

   Pour l'instant, je me retrouve de nouveau seule. Je n'ai plus cette affreuse migraine. En revanche, je ressens toujours une douleur dans le creux de mon estomac, bien qu'elle se soit atténuée. Je tente, en douceur, de me lever du lit pour retrouver les deux personnes qui me sont venus en aide, je leur suis éternellement reconnaissante de ce qu'elles ont fait, et je tiens à leur faire savoir. Mais malheureusement, je sens que je ne vais pas avoir la force de marcher pour les retrouver. Je ne me laisse pas abattre, avant de pouvoir dire que cela m'est impossible, il me faut tout de même essayer. Je me dévêtis mes jambes du drap qui les recouvre avant de m'asseoir au bord du lit. Je n'ai pas le temps de me mettre sur mes deux jambes, la femme entre dans la pièce exigüe. Une dame d'un certain âge, les cheveux mi-longs blancs, les traits de son visage marqués par l'âge, habillé simplement et tout sourire aux lèvres. Je me contente de lui sourire en retour.

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant