Chapitre 20

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   Un mois s'est écoulé depuis que Faustian m'a laissé derrière lui sans me donner de nouvelle. Et je dois avouer que je suis assez contente de me retrouver ici, rien de grave ne m'est arrivé, en dehors des clients trop ivres qui tiennent des propos osés et qui essaient de m'emmener jusque dans leur lit pour leur « tenir chaud ». Mais ce qui me semble le plus étrange c'est le fait que les clients qui viennent et Briance semblent se connaître depuis longtemps. Mais je reste tous les jours devant la porte de l'auberge à regarder la rue, attendant de voir surgir mon ami qui ne vient jamais. Et ceci, tous les jours, inlassablement.

   Je me suis vraiment attachée à Briance, elle se montre vraiment gentille avec tout le monde, serviable et toujours souriante. J'ai une grande confiance en elle. Je ne l'ai jamais vu sans sourire communicatif. Hormis deux fois, le première ce fut le jour de mon arrivée, lorsqu'elle m'a expliqué que sa mère l'aidé énormément avant son brusque décès il y a maintenant trois ans. Depuis, je n'ai jamais osé lui en parler de nouveau, de peur de la rendre triste. Je voyais bien qu'elle tenait beaucoup à sa mère et que ça la rendait malheureuse. La seconde fois ce fut quand elle me parla rapidement de son père. Elle m'avait expliqué que sa mère avait rencontré son père alors qu'elle s'occupait de l'auberge avec ses parents. Il venait souvent la voir et elle finit par tomber enceinte. Elle était très amoureuse de cet homme mais quand elle lui apprit qu'elle portait son enfant, il a préféré fuir ses responsabilités. Elle n'a plus jamais entendu parler de cet homme. Et quand elle apprit à ses parents qu'elle qu'elle portait en elle la progéniture d'un homme hors mariage, tout est devenu un drame, ses parents ont pris énormément de temps avant d'accepter la chose. Mon amie n'a jamais connu le nom de son père et n'a jamais eu de description physique de lui. Depuis, Briance a beaucoup de mal avec les hommes, elle préfère vivre seule plutôt que de finir comme sa propre mère qui n'avait jamais pu oublier son premier et dernier amour. Dès que j'ai été mise au courant de tout cela et quand l'ai vu que Briance perdait peu à peu son sourire si chaleureux au fur et à mesure que ces histoires avançaient, je me suis promis de ne plus jamais lui en parler pour qu'elle garde toujours le sourire, parce que sans lui, j'aurai beaucoup de mal à la reconnaître. Mais elle faisait semblant de ne pas être si affectée que cela quand elle parlait de son père. C'est surtout lorsqu'elle en venait à sa mère que j'ai pu sentir beaucoup de chagrin se dégager d'elle, j'ai même pensé à un moment qu'elle allait pleurer. Je n'ai pas su comment réagir, je n'ai simplement rien dit en me disant quand c'était le mieux à faire.

   Après deux semaines écoulées dans l'auberge de Briance, deux semaines sans avoir eu de nouvelles de Faustian, donc deux semaines à dormir dans la chambre qui m'a été proposé, j'ai fini par lui annoncé que je ne dormais pas correctement parce que j'avais bien trop froid dans la chambre. Du coup elle m'a proposé de dormir avec elle pour que nous puissions nous tenir chaud. Elle m'explique que c'est la saison où les nuits sont froides, mais que bientôt ce ne sera plus le cas. J'ai accepté immédiatement parce que je ne pouvais plus supporter d'être gelée chaque nuit!

   Comme je lui ai promis lors de notre première conversation, j'ai aidé Briance dans toutes les tâches qu'elle m'a demandées de faire, elle me remercie à chaque fois que je finis mon ouvrage. Elle me dit que je l'aide à aller plus vite dans son travail et que ça l'arrange beaucoup. Elle précise toujours et encore que lorsque je lui viens en aide, elle gagne quelques heures pour se reposer. Je peux le comprendre, elle a une vaste auberge de quatre étages et elle a dû s'en occuper seule pendant trois ans. Je me demande comment elle a fait pour entretenir un si vaste endroit pendant si longtemps à elle seule, et l'entretenir parfaitement! Je sais que j'en aurais été incapable.

   Une des pièces qui compose l'auberge qui peut sembler insignifiante pour beaucoup mais dont la présence me rend heureuse, c'est l'existence d'une salle de bain que je peux monopoliser tous les jours! Toutes les chambres réservées aux clients possèdent une grosse bassine dont nous nous chargeons du remplissage en eau chaude quand la clientèle en exprime le souhait. Mais je ne peux vous décrire la joie incommensurable que j'ai ressentie quand on m'a dit qu'il y avait une surprise qui m'attendait à notre étage. Dès que je l'ai su, je m'y suis précipitée afin d'y prendre un grand et long bain, de toute manière je n'avais pas d'autre choix que d'y rester un long moment. De plus je me doutais bien que Briance avait dû passer du temps pour le préparer, et ceci pour mon plaisir. Et depuis, je ne peux plus m'en passer. Cela m'aide à me détendre les jours où le travail me semblait interminable. Je tiens à préciser que lorsque je dis salle de bain, ce qu'une simple grande cuve dans laquelle nous mettons de l'eau que nous avons préalablement chauffée. Mais ce que j'ai du mal à supporter, c'est que l'eau devient rapidement froide avant même que je puisse en apprécier la chaleur, on ne peut pas perdre de temps à remplir de nouveau la cuve en eau chaude. Mais c'est mieux que rien. Surtout que Briance a réussi créé des savons ou quelque chose qui s'en approche pour pouvoir nous laver, l'avantage de ces savons c'est que l'odeur est délicieuse et qu'elle reste longtemps. Je ne sais pas comment elle s'y est prise pour en fabriquer, mais elle a réussi à aboutir à un savon portant une odeur de roses. Elle me l'a offerte en me disant que c'était un cadeau pour l'aide que je lui fournis. Au début je me sentais gênée par cela, je n'ai jamais vraiment aimé qu'on m'offre quelque chose ou que l'on fasse quelque chose pour moi. Mais j'ai fini par accepter quand j'ai vu que cela lui tenait vraiment à cœur. Ce qui m'a amusé c'est le fait qu'il porte l'odeur de roses, elle s'est sûrement amusée à faire un rapprochement avec mon prénom car dans ce pays, ils appellent une rose une rose, comme le monde d'où je viens. Ce qui me rappel mon monde et qui me rend nostalgique.

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant