Chapitre 19

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   Je me réveille péniblement, le simple fait d'ouvrir les yeux devient une torture. Je les referme instinctivement. Mes maux de tête sont encore bien présents et je ressens encore quelques vertiges, bien qu'ils soient beaucoup moins importants que la veille. Je pose délicatement une main sur mon front dans l'espoir que ce simple geste puisse réussir à atténuer la douleur lancinante que je ressens.

   Je me redresse douloureusement, cet effort me vaut un violent pique d'algie. J'ouvre de nouveau les yeux et baisse ma main afin d'avoir une meilleure visibilité du monde que j'appréhende. Mon regard perplexe se perd un peu partout dans la pièce, en me demandant quand est-ce que j'ai pu atterrir dans ce lieu et la question qui me semble la plus importante: où je me trouve.

   Je suis sur un lit dans une petite pièce sombre, malgré la faible luminosité, je peux distinguer à ma droite une table de chevet, à gauche un coffre et un petit pot de terre et en face de moi se trouve une vielle porte en bois. Je ne vois pas très bien tout ce qui m'entoure, il fait encore trop sombre, la pièce, en plus d'être plongée dans le noir et aussi très silencieuse. Mais pas complètement, le silence est brisé par cette petite voix intérieure qui se questionne. Je ne cesse de me demander ce qui a bien pu se passer pour que je puisse me retrouver ici.

   Pourquoi je ne me rappelle de rien, que s'est-il-pa... Ah si, je me rappelle... Je me rappelle de Faustian... Des yeux rouges... Rouges, pleins de haine... Son sourire, ses mains... La folie qui s'est emparée de lui... Les bandits... Et toutes ces personnes qui ont perdu la vie, ôtée de la main de mon ami! Du sang, partout! La douleur! Du sang, sur lui, sur mes vêtements, par terre, partout... Mais pourquoi? Pourquoi je n'arrive pas à lui en vouloir? Pourquoi je n'arrive pas à le voir comme un tueur? Pourquoi n'arrive-t-il pas à me dégoûter? Pourquoi?

   Maintenant que je prête plus attention à tout ce qui m'entoure, je remarque que la sombre pièce a pour seule source de lumière une petite fenêtre placée juste au-dessus de la tête de lit. Je touche doucement la couverture sous laquelle je me trouve, elle est assez douce, gris et a perdu sa couleur qu'elle devait posséder avant. Je peux aisément comprendre que cette couverture a beaucoup vécue. Il y a une forte odeur de renfermé qui flotte dans l'air. Le papier peint défraîchit semble avoir perdue la couleur qu'il arborait autrefois, la couleur est beaucoup plus triste, sombre. En revanche, le parquet a lui aussi bien vécu, il est aussi quelque peu abîmé mais le bois garde tout de même une belle couleur et une belle apparence. Le plafond est parsemé de poutre de bois qui en rejoignent une dernière beaucoup plus grande, je comprends grâce à ce qui semble être la fondation de la toiture que je me trouve à l'étage le plus haut du bâtiment, c'est à dire sous le toit. Dans le lieu pauvre en meubles et à la tapisserie défraichit, on peut y voir une ou deux toiles d'araignée laissées à l'abandon. Outre ces quelques toiles, cet endroit est propre.

   J'essaye de m'asseoir au bord du lit, je sens quelque chose me serrer sous mes vêtements. Au départ je me demande ce que cela peut-être. Je décide de soulever doucement mes vêtements afin de voir ce qu'il se trouve en dessous. Le plus doucement possible de peur que le moindre geste trop brusque puisse réveiller toute douleur. J'aperçois quelques bandages de fortunes en dessous. On a dû me soigner lorsque j'ai perdu connaissance. Je lâche les vêtements que j'avais en main, ils sont plus léger, bien plus. J'ai froid, je place la couverture sur mes épaules dans l'espoir que cela puisse me réchauffer. J'attends encore un peu mais celle-ci ne me tient pas assez chaud. Je décide tout de même de la garder, elle n'est pas totalement inutile même si elle ne me protège pas du froid. Je suis assise sur le bord du lit.

   Je prends le risque de me lever pour atteindre la porte mais mes jambes se dérobent sous moi. Et je me retrouve à terre. Mais je n'en reste pas là, je dois passer cette porte pour découvrir le lieu où je me trouve. Je m'appuie à la table de chevet afin de m'aider à me relever. De nouveau sur mes deux jambes, j'avance à petits pas en direction de la porte. Quand je l'atteins, je tourne la poignée lentement dans l'espoir de ne pas faire de bruit et ouvre tout aussi lentement la porte pour jeter un coup d'œil sur ce qu'il se cache derrière.

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant