Chapitre 45

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Mes yeux fatigués viennent se plonger dans ceux de Faustian. Je prends conscience que la silhouette grande et musculeuse qui se tient devant moi est bel et bien celle d'un homme, non pas celle d'un simple ami. La chose semble particulièrement plus implicite lorsqu'on se trouve dans une situation comme celle-ci. Jamais je n'aurais pensé avant que se réconforter l'un l'autre nous aurait tant rapproché, jusqu'à me placer comme sa confidente, voire son intime. Peut-être même plus, non ? À cette pensée, mon cœur bondit plus fortement dans ma poitrine.

Mais un doute vient s'enraciner au fond de moi, un doute quant à la raison de toutes ces sensations que mon ami fait naître en moi ; cette chaleur consolatrice et ce bien-être que je ressens lorsque je suis à ses côtés, sont-ils dû à son amitié ? Ou bien est-ce sa présence masculine qui provoque de tels effets ? Et moi, pourquoi est-ce que je réagis autant à ses caresses ? Ses bras que je ne souhaite pas quitter, est-ce par pure amitié ? Et les sensations et les sentiments qui agissent en moi, comment les comprendre ? Comment les interpréter ? C'est la première fois que cela m'arrive, la toute première fois. Et je dois dire que je n'ose pas chercher à en savoir davantage, de peur de confirmer le doute que j'ai, concernant notre relation. Cela fait déjà quelque temps que j'y pense, que je me questionne. Même si un mur nous sépare encore tous les deux, ce dernier semble perdre peu à peu consistance, et ceci depuis déjà quelque temps. Et même si l'idée m'est venu en tête, je sais qu'il ne m'est pas permis de l'aimer. Cela nous est même interdit. Ca nous détruirait. Et si on peut penser que c'est cette malédiction qui nous pousse à penser de la sorte, au fond, je sais que ce n'est pas le cas.

Sentir son corps contre le mien, la chaleur qui s'en dégage, son odeur même me feraient presque perdre la tête. Et je sais que s'il me le demandait, s'il était le genre d'homme à le demander, je lui offrirais tout mon être sans plus réfléchir. C'est comme un instinct primaire, qu'il me serait impossible de retranscrire au vu de ce qu'il éveille en moi. Tout ce que je sais, c'est que tout cela, je n'arrive pas à m'en lasser, je n'arrive pas à me faire à l'idée que bientôt, je serai forcée de les oublier. Et cette pensée vient me briser le cœur, je dois même avouer que les larmes pourraient me monter aux yeux si je n'étais pas obligée de les retenir. Mais pourquoi ? Pourquoi lui ? Pourquoi est-ce envers lui que je dois éprouver un tel attachement ? De tels sentiments ? Que dois-je faire ? Qu'est-ce que cela signifie ? Cet homme qui se tient devant moi, pourquoi refuse-t-on que je puisse l'aimer ? Comment pourrais-je même l'oublier ?

Non, non, je ne dois pas céder à mes sentiments, ni même avouer ce qu'ils pourraient être. Si je l'avouais, il me serait impossible de pouvoir rester calme à ses côtés. L'aimer comme on peut aimer un homme ? Non, non, je ne le peux pas ! Il nous est de toute manière impossible d'avoir une relation comme celle-ci... Qu'est-ce qui me dit qu'il m'aime, lui aussi ? Il est quelqu'un de doux et de gentil, il le serait avec n'importe quelle autre femme que moi, alors à quoi bon me faire des idées ! Il est si beau ! Mais ce regard... Celui qui me fait frissonner et qui me laisse en proie à toutes ses volontés ? Quand il me dévore des yeux... Ce regard, il me l'a lancé il y a encore peu, ne voulait-il pas dire qu'il me désirait lui aussi ? Non, non,  je dois oublier ! Oui, oublier ! Je n'en ai pas le droit... Nous n'en avons pas le droit ! Entre nous, il ne doit y avoir rien de plus que de l'amitié, mais rien de plus... Il sent si bon... Comment pourrais-je l'oublier un jour ? 

Son souffle chaud vient chatouiller ma peau, jusqu'au frisson. Les battements de mon cœur ne font que s'emballer davantage tandis que je lutte au fond de moi pour ne pas céder aux pulsions qui viennent doucement s'emparer de mon corps, à cette chaleur envahisseuse. Sa proximité éveille en moi un conflit dont je ne pourrais connaître par avance l'issue. Et si en cet instant, l'idée de fuir loin de lui me prend pour échapper à cette emprise, il m'est aussi impossible de bouger d'entre ses bras. Mon corps s'y oppose, et ma volonté aussi, sans aucun doute. Une des mèches de ses cheveux vient effleurer ma joue, et c'est là que je sens son regard posé sur moi, comme si une petite décharge électrique venait me chatouiller la nuque. Je me bats pour éviter de le croiser, puisque, le cas échéant, je sais que je me laisserai emporter par lui. Je ne veux rien en laisser paraître. Je tente donc de reprendre contrôle de mes émotions avant de faire quoi que ce soit. Mais malgré les efforts, je n'y parviens pas. 

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant