Chapitre 22

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   Je fais partis des personnes qui passeront par la porte de derrière, la plus sécurisée. Je m'avance doucement en direction du blessé avant de passer délicatement mon bras sous son épaule pour l'aider à le soutenir, sans trop m'appuyer contre sa blessure. Le blessé s'appuie contre moi, je vois bien qu'il n'ose pas profiter de l'occasion pour trop se reposer sur moi et profiter de l'aide que je lui apporte, et je dois avouer que j'ai du mal à le porter, bien que son poids soit moins important que celui de Faustian, le soir où nous avons échapper aux vagabonds. Cela reste supportable. J'ai sans doute un peu de mal à le porter avec les semaines que j'ai passé à travailler à l'auberge, j'ai l'impression d'avoir perdu un peu de mon endurance.

   Nous partons ensuite ensemble vers la porte de derrière. Je laisse le frère de Briance accoudé au mur le temps de jeter un coup d'œil sur ce qu'il se passe derrière la porte en question. Un sentiment de soulagement s'empare de moi quand je remarque que la ruelle est déserte. Nous avons beaucoup de chance car on y trouve habituellement quelques personnes quand on y passe. Je tiens fermement un bout de ma robe dans la main en imaginant ce qu'il pourrait nous arriver si quelqu'un nous surprenait et comprenait ce qu'il se passe. Mais personne n'est au courant de cela en dehors des soldats. Les habitants ne risquent donc pas comprendre l'action que nous sommes sur le point d'entreprendre.

   Mais si nous sortions trop tard et que les soldats nous attrapent? Je n'ose même pas imaginer quels traitements nous risquerions de subir... La torture? La mort? Ou bien allons-nous subir le même sort que les habitants de la ville de Caedes? Regarder les habitants ou bien les clients de l'auberge mourir devant moi... Je ne peux même pas imaginer Briance se faire touer sous mes yeux... Pour le moment, nous devons nous dépêcher et resté prudent! Maintenant que j'y pense, Faustian ne pourra certainement plus me retrouver... Quoi qu'il n'a pas cherché à me revoir ou à me laisser penser que nous allions nous retrouver.

   Je retourne aider le frère de Briance à marcher. Nous pénétrons doucement la ruelle en évitant de faire trop de bruit. Les autres hommes nous suivent de près. Nous devons partir au plus vite vers la source d'eau où doit se trouver Briance et les hommes qui l'accompagnaient. J'explique aux hommes que nous devons absolument traverser les rues principales de la ville par petits groupes pour ne pas attirer l'attention. Nous devrons rester proche les uns des autres mais ne pas paraître suspect en laissant entre nous une certaine distance sans trop nous fixer. Ils hochent la tête en signe de compréhension. Je ne leur dis pas ça pour leur expliquer de nouveau le plan que nous avons établi, mais plutôt pour me rassurer. Je n'ai pas l'intention de mourir aujourd'hui.

   Tout se déroule comme nous l'avons prédit. Nous traversons la ville facilement, sans encombre, bien que par moment, quand j'ai surpris quelques regards se poser sur moi, j'ai sentis mon cœur battre à tout rompre. Mais nous nous en sommes sortis en nous comportant normalement, comme si cette journée en était une parmi tant d'autres. Mais nous avons fini par arriver près du lieu de rassemblement, nous attendons patiemment que tout le monde soit là en asseyant de ne pas céder à la panique.

   Nous avons attendu près de dix minutes avant que tous arrivent enfin. Le stresse que je ressentais au plus profond de moi a laissé place à un soulagement des plus appréciable. Nous nous sommes cachés comme nous avons pu, tous. Nous avons croisé quelques personnes, des habitants de la ville partis chercher de l'eau. Nous n'avons rencontré personne d'autre susceptible de pouvoir nous faire nous arrêter.

   Ces dix minutes m'ont semblé interminables. Je me demandais si j'allais vraiment mourir aujourd'hui. Et pendant ces dix minutes, je dois avouer que je n'ai pas vraiment pensée à notre plan. Pour dire vrai, je l'ai même oublié durant ces dix longues minutes. Un moment de pause dans toute cette folie. J'ai pensé aux dernières fois que j'ai vu les personnes que j'aime. Je pensais à ma famille, papa, maman, mes sœurs. Puis à mon rêve me disant que j'allai découvrir un moyen de retourner chez moi, mais que j'allai devoir le découvrir de moi-même. Puis j'ai pensé à mes amis, à Clara, le matin avant mon arrivée ici, en train d'écouter un morceau de Metallica, me parlant de ce rêve dans lequel je me retrouve bloqué maintenant. Puis j'ai pensé à Faustian, cette pensée m'était insupportable. J'ai pensé au fait que je ne pourrai plus jamais le revoir, qu'il m'a abandonné, qu'il n'a pas tenu sa promesse. Mais je n'arrive pas à le détester, je n'arrive même pas à lui en vouloir réellement. Je me sens stupide, encore.

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant