Chapitre 43

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Il est facile pour vous de penser que, Faustian étant mon ami, il m'est impossible de dire du mal de lui ou de penser qu'il est un monstre. Mais ce n'est pas notre amitié qui me pousse à ne pas le voir comme tel, mais quelque chose de bien plus fort. Après être restée quelque temps à ses côtés, je peux confirmer qu'il n'en est pas un, et de loin. Si je devais même désigner lequel de nous deux pourrait s'en approcher, ce serait moi. Je suis la seule qui, consciente de sa situation, prends des risques inconsidérés qui le poussent à ses derniers retranchements. Toutefois, entendre ses hommes dire de lui qu'il est un monstre me met hors de moi. De tous, les plus monstrueux, ce sont eux, sans conteste. Oui, ce sont eux, les véritables monstres. Si mon ami en a l'apparence, eux ont tous les autres aspects possibles.  

Quelques secondes se sont écoulées depuis la fin du carnage. Je garde les yeux fermés, la pièce est plongée maintenant dans un silence pesant. La même odeur métallique flotte dans l'air et me retourne l'estomac tandis que quelques gouttes chaudes perlent le long de mes jambes. Je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux pour comprendre que ces gouttes viennent, en réalité, du sang de mes deux agresseurs. J'entends le déplacement d'un corps lourd se rapprocher de moi, des pas qui résonne dans la petite maison. Je frissonne au moment où ses bras viennent entourer mes jambes pour les serrer comme on serre une chose qui nous est précieuse. Un poids vient reposer sur les genoux. J'ouvre les yeux et découvre, au premier coup d'œil, une scène horrifiante avant que mon regard se porte vers mon ami, dont la tête repose sur mes genoux. Ses yeux entrouverts laissent apparaître une pupille rouge écarlate. Il regarde dans le vide. Malgré la pénombre, je peux voir son visage couvert de sang, ce qui témoigne de la violence des derniers événements. Mes liens ont été retirés et me voilà libre de bouger mes bras comme je le veux. Avec toute cette confusion, je ne m'en suis même pas aperçue. Je viens caresser la tête de mon ami, sans un mot.

Nous restons ainsi un long moment, sans échanger le moindre mot, sans laisser échapper le moindre bruit en dehors de celui de nos respirations. Il m'est difficile de déterminer s'il est revenu à lui, son comportement soulève plusieurs interrogations. Il ne fait aucun mouvement, en dehors de sa poitrine qui se gonfle au rythme de sa respiration. Je risque un regard en direction de mes mains qui viennent de changer de couleur au contact de ses cheveux. Ma gorge se serre. Je ferme les yeux un instant pour regagner mes esprits. Tout ce qui vient d'arriver est de ma faute. Mon obstination nous a poussé dans une situation des plus terrible. J'aurai dû écouter ses avertissements, mais maintenant, il est trop tard. Mes larmes se mettent à couler d'elles-mêmes sans que je ne puisse rien faire. Je tente de regagner mes esprits. En vain.

Tout ça est de ma faute ! C'est bien pire que tout ce que j'aurai pu imaginer ! Ce qui s'est passé à Balamor n'est en rien comparable à l'acharnement que mon ami à eu à l'encontre de ces deux ordures... Je suis certaine que ça, il ne va jamais être capable de se le pardonner, bien que les deux victimes n'étaient rien de plus que des meurtriers... Tout ce sang ! Je suis désolée Faustian, si je n'avais pas été là, jamais tu n'aurais commis une telle chose ! À ce stade, ce n'est plus un carnage, je ne sais même pas comment qualifier un tel chaos...

Je sens la tête de Faustian quitter mes genoux et ses bras lâcher leur étreinte, ce qui, d'instinct, me fait ouvrir les yeux à nouveau. Le temps d'une seconde, je croise son regard dans lequel ne brille aucun éclat. Il semble vide de toute émotion. Il vient me serrer dans ses bras tandis que son visage vient trouver refuge dans le creux de mon cou. Une de ses mains vient se glisser dans mes cheveux pour me serrer plus étroitement contre lui. 

-Je suis désolé, dit-il tout bas, tandis qu'un nouveau liquide tombe sur mon épaule et trempe le reste de mon vêtement. 

-Mais qu'est-ce que tu racontes ?! Répliquai-je presque offusquée. 

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant