Chapitre 10

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Détourner le regard de cette silhouette m'est impossible. Son sourire narquois et l'éclat de ses yeux m'empêchent même de faire le moindre mouvement. Tout chez cet homme dégage le danger, quant à moi, il ne faudrait pas longtemps pour que n'importe qui comprenne que je serai la proie idéale ; les yeux arrondis de terreur, paralysée, la force me quittant peu à peu. En jetant un regard à la ronde, l'homme me lance une question qui n'augure rien de bon.

-Es-tu seule ?

Je ne lui réponds pas. À son regard, je sais qu'il connaît déjà la réponse à cette question. Après tout, il est habitué à ce genre de situation. Il se moque bien de mon sort et semble vouloir même s'en amuser.

-Faustian... appelai-je du bout des lèvres, la gorge serrée.

-Ne prend pas la peine de les appeler, nous finirons par les tuer tôt ou tard, me lance-t-il sans faire tomber son sourire. Je préfèrerais les tuer plus tard, tu comprends ? Quand bien même, à cette distance, si tu les appelles aussi bas, aucun d'entre eux ne viendra à ton aide !

Mais que suis-je censée faire d'autre dans une situation comme celle-ci ? Est-ce que lui obéir me permettra de vivre plus longtemps ? Sottise ! Il me tuera quand l'envie lui prendra !

Etrangement, ce n'est pas mon sort qui m'inquiète le plus. Être tenue dans l'ignorance sur ce qu'il se passe près du campement, d'avoir laissé mes compagnons endormis avec la présence des bandits à proximité me tourmente bien plus. Sans dire un mot, je décide tout bas de laisser mon sort dans les mains de cet inconnu dans l'espoir de laisser une chance à Gauston et à Faustian de s'en sortir, malgré l'irrésistible envie de lui crier de m'épargner et de céder aux larmes. Je ne veux pas leur poser plus de problèmes qu'ils en ont déjà.

Mais, si je les laisse là-bas sans les prévenir d'une quelconque manière... Ces bandits sans foi ni loi ne viendront-ils pas les tuer dans leur sommeil ? Mais si j'interviens, leur destin sera scellé...

-Approche toi, m'ordonne-t-il avec condescendance.

D'un pas tremblant, mais décidée à faire tout ce qu'il demandera de moi, je m'approche à petits pas en retenant mes larmes. L'homme m'examine de la tête aux pieds. Sous ce regard mauvais, je vacille, mais ne tombe pas, je ne veux pas lui paraître plus faible qu'il le pense. Mais un terrible sentiment d'insécurité s'est emparé de moi tandis que d'autres bruits retentissent entre les arbres. Deux nouvelles silhouettes apparaissent. L'homme blond donne un papier aux deux nouveaux hommes et leur ordonne de surveiller mes compagnons et de le prévenir du moindre de leur mouvement.

Une fois à ses côtés, le chef des bandits m'agrippe douloureusement au bras avant de me tirer vers lui d'un geste brusque, se baisse et me lance sur son épaule sans ménagement. Ce dernier s'élance aussitôt au milieu de la forêt avec une agilité déconcertante. Mon poids ne semble pas le déranger plus que ça. De plus, la manière qu'il a de se déplacer, aussi vite et facilement, m'indique qu'il connaît parfaitement les lieux. Quant à moi, je me bats pour ne laisser échapper aucun cri ou gémissement de douleur.

La route me paraît durer une éternité et la forêt s'étendre sur une grande superficie. Plus le temps passe, plus j'ai l'impression que le bandit s'amuse à me serrer aussi fort qu'il le peut, comme s'il cherchait à me tester. Encore combien de temps avant qu'elle gémisse de douleur ? Va-t-elle finir par dire quelque chose ? Mais rien ne me fera combler ses attentes. Je ne céderai pas, malgré la peur qui me serre les entrailles.

Après de longues minutes de course effrénée, nous finissons par aboutir sur une clairière où se dresse leur repère. Le lieu, parsemé de tentes de fortune et de petits feux de camp, me permet de comprendre qu'il s'agit d'un groupe de nomades par l'apparence misérable de leurs équipements. Les hommes, voyant leur chef de retour, se redressent rapidement et s'approchent. Le blond me fait tomber de son épaule pour montrer à ses hommes son butin. Mon corps me fait terriblement mal, mais je décide de n'en laisser rien paraître. Néanmoins, au milieu de ce groupe d'inconnus qui me regardent comme si j'étais une bête curieuse, à leur sourire vicieux, ma peur grandit jusqu'à me donner des nausées. Certains me regardent presque avec convoitise, comme si la présence d'une femme parmi eux éveillait leurs instincts les plus bas. Et je n'ai aucun moyen de leur échapper.

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant