Chapitre 18

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   Je finis par ouvrir de nouveau les yeux en priant pour que ceux-ci ne reflètent pas la terreur qui m'obscurcie l'esprit, qui me broie le ventre et qui ne me donne plus la force de me relever. Une flamme où se mêle peur et colère s'empare de mon corps. Bien qu'il soit trop tard maintenant pour pouvoir m'échapper, je décide de ne pas perdre face, je veux avoir un regard plein d'assurance et de défie et graver dans leur mémoire l'image d'une jeune femme qui n'a point céder à la panique. Ils avancent toujours, j'entends même l'un des d'eux ricaner avant que mon regard ne se pose sur lui et qu'il le croise.

   Mais, avant que les deux bandits ne puissent achever leur œuvre, une suite d'actions s'enchaîne. Une fine silhouette surgit, tombe à terre dans un bruit sourd et puissant. Mes poursuivants s'arrêtent d'un seul coup et manquent de tomber à la vue de cette imposante ombre. J'ai tout juste le temps d'apercevoir de longs cheveux noirs que, d'un seul geste, l'ombre fait valser les trois hommes à terre. Je ne bouge plus. Je ne sais pas comment réagir, je suis témoin d'une scène qui m'échappe et je ne comprends pas immédiatement ce qui se déroule sous mes yeux. Une scène qui est à la fois surprenante car l'on vient de me venir en aide dans un cas extrême, mais qui me terrifie tout autant car je sais que l'homme qui se dresse devant moi n'est autre que Faustian. Je ne comprends pas ce qu'il fait ici, l'endroit dans lequel il a puisé assez de force pour pouvoir venir jusqu'ici, jusqu'à moi. Mais je sais que s'il tue ces hommes, il va s'en vouloir par la suite et je n'ai pas envie qu'il continu à se battre pour moi, pour me protéger, surtout que sa santé est encore au plus bas. Moi qui voulais l'éloigner de tout danger, c'est peine perdue.

   Mais comme tout à l'heure, il a quelque chose de différent. J'ai beaucoup de mal à le reconnaître même si je sais bien que la personne qui se tient debout devant moi est mon ami. Sa façon de se tenir et de bouger est méconnaissable. Il est légèrement courbé, il a la tête baissée et les bras qui pendent. Il ne se déplace pas normalement non plus, comme s'il titubait mais avec une certaine rapidité. Ses mains sont elles aussi différentes, il fait encore nuit, je peux toujours me tromper, mais elles paraissent beaucoup plus longues, comme si de longues griffes avaient poussé depuis la dernière fois que je l'ai vu, sous le pont. Je pousse un cri étouffé au moment où il se jette sur un des hommes. En moins d'une seconde, il arrache d'un vif geste un morceau de la gorge de l'homme avec ses dents. Je suis sous le choc en voyant l'homme à terre se vidant de son sang petit à petit. Il ne peut ni crier de douleur, pourtant il semble le vouloir. Il ne peut ni arrêter l'hémorragie, bien qu'il appuis sur sa blessure avec ses mains stopper le saignement. Il ne peut se défaire des prises de son assaillant qui continu de s'attaquer à sa gorge. Faustian semble être réduit à l'état de bête sauvage, à l'instinct bestial.

   Que ce se passe-t-il? Pourquoi y a t'il autant de sang? Il n'est pas réellement en train de le dévorer, si? Mais que fait-il ici? Il va donc mieux? ... Non! Ce n'est pas le plus important! Je dois l'arrêter, je ne veux pas qu'il tue... Non, qu'il massacre des personnes pour me sauver!

  Il se tourne vers le second homme le plus proche, cette fois-ci je peux voir son visage: du sang lui dégouline de la bouche tandis que je perçois quelque bout de chair pendant encore à quelques endroits; il sourit, un sourire qui me donne froid dans le dos, un sourire de fou, ses dents sont pointues et plus longues, ses yeux sont encore une fois devenus rouges et leur éclat est indescriptible, un mélange de folie, de colère et d'amusement. Il ne quitte pas des yeux le second homme pendant peut-être deux ou trois secondes, son visage qui était déjà souriant se retrouve séparé en deux par un sourire qui me fait trembler de peur. Je retrouve pendant un moment un semblant de force et de courage, tandis qu'il s'approche à pas titubant dans la direction de l'homme à terre, je me lève le plus rapidement possible pour pouvoir l'arrêter.

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant