Chapitre 8

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Je me réveille au son de l'agitation autour de moi. Le jour est déjà levé et Faustian tente tant bien que mal d'atteler la créature du blessé à la charrette dont nous nous sommes occupés la veille. Quant à moi, je suis toujours adossée contre l'arbre près duquel je me suis endormie en attendant le retour de mon compagnon hier soir. Pourtant, contrairement à la veille, une étrange substance verdâtre recouvre mes bras et mes jambes. Son odeur et la sensation qu'elle laisse sur la peau sont très désagréables. Mais là ne s'arrête pas la fin de mes surprises ; sur mon épaule se trouve une étrange créature noire. Je ne mets pas longtemps à comprendre qu'elle est l'auteure de ce fluide visqueux qui me recouvre et, plus désagréable encore que l'odeur et la sensation laissées par ce dernier, sentir sa langue balayer ma peau me pousse jusqu'à la limite du dégoût. Sans parvenir à crier, j'appelle tout bas le nom de Faustian, de peur que la créature prenne peur et agisse en conséquence.

-Il ne te fera pas de mal. Je l'ai ramené pour soigner tes blessures. Le contenu de son estomac permet de nettoyer les impuretés qui auraient pu se trouver coincées dans ta chair.

-Tu veux dire que ce n'est pas sa bave ? finis-je par dire, écœurée. Tu n'aurais pas pu appliquer un cataplasme ?

-Les cataplasmes mettent plus longtemps à agir, contrairement à ce que le calculus permet. Ils sont très rares, tu sais, tu as de la chance. Mais surtout, n'y touche pas pour le moment. Si cela peut te réconforter, tes égratignures ne laisseront aucune trace, sois en assurée.

-Les traces qu'elles pourraient laisser, je m'en fiche pas mal. Mais cette... Créature, en a-t-elle encore pour longtemps ? Finis-je par demander, sans parvenir à cacher ma répugnance vis-à-vis de la petite boule noire.

-Je ne pense pas, il aura fini son repas d'ici peu de temps, répond-il calmement.

-Son repas ?

Ma question reste en suspens quelques secondes. Je ne sais pas quelle réaction avoir au vu de cette réponse. Dois-je être heureuse de bientôt pouvoir m'en débarrasser ou bien être dégoûtée de servir de repas à cette chose que je ne connais pas ?

-Oui, commence-t-il, je ne sais pas trop de quelle manière il se nourrit des blessures des autres. Peut-être de leur sang ? Mais tout ce que je sais, c'est qu'elle survit en soignant d'autres espèces. Je pense que l'échange qui se produit entre elle et les autres créatures est équitable ; des soins contre un repas.

-Tu as peut-être raison... Mais ça reste quand même désagréable. Je pense que je devrais vous remercier au même titre, tous les deux, pour vos soins. Mais pourquoi avoir privilégié mes blessures plutôt que celle du marchand ? Ne serait-ce pas plus utile pour lui de profiter des soins du... Calculus ?

-Non, les soins apportés par cet animal ne conviennent pas à une blessure comme celle-ci. Il faudrait éviter qu'elle guérisse rapidement, au risque que l'os ne se remette pas correctement en place. Ce serait dommage de devoir le briser à nouveau pour lui laisser une nouvelle chance de faire le travail correctement, tu ne crois pas ? Pour guérir d'une blessure comme celle-ci, ça demande du temps.

-Et le marchand ? Comment se porte-t-il ? S'est-il réveillé ? Demandai-je en jetant un regard à la dérobée vers le blessé toujours adossé contre l'arbre.

-Il ne s'est pas réveillé depuis hier, répond-il sans prendre la peine de regarder dans ma direction. Si cela peut te rassurer, sa respiration est régulière, il n'a pas de fièvre et sa blessure n'a pas gonflée au cours de la nuit, ce qui est déjà bon signe. Mais il ne peut pas rester comme cela plus longtemps. Nous devons l'emmener dans le village le plus proche et le laisser à un guérisseur. Il sera en de meilleures mains.

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant