Je n'arrive pas à le quitter des yeux. J'ai beaucoup de mal à comprendre ce qu'il vient de me dire, enfin, je n'arrive plutôt pas à concevoir l'idée de partir loin de lui. Rester à ses côtés après toute son aide et tous les risques qu'il a pris semble pour moi être ce qu'il y a de mieux, pour lui comme pour ma conscience et tout mon être. Et ceci, même si je dois y laisser la vie.
Je serre son vêtement de toutes mes forces, comme s'il y aurait un risque qu'il disparaisse, une peur qui me tord l'estomac à l'idée qu'il puisse me filer entre les doigts, de ne plus jamais le revoir. Ses derniers mots forment un écho sans fin dans ma tête.
Laisse-moi ici! Laisse-moi ici.! Laisse-moi ici..! Laisse-moi ici...
-Jamais! lui dis-je sèchement, Je ne te laisserai jamais ici! Comment peux-tu être assez égoïste pour me demander une chose pareille!
Je pose ma tête contre son torse, j'essaye de reprendre mes esprits tout en lui cachant mon visage et finis par prendre une grande inspiration avant de me détacher de lui. Je passe un de ses bras sur mes épaules et utilise toute ma force pour l'aider à se relever. Il ne comprend pas mes intentions immédiatement. Puis il finit par persister à me dire de le laisser là où il est mais je m'y oppose. Il finit par céder en voyant que je ne renoncerai pas. Je me contente de ne pas lui répondre, je l'aide à nous éloigner loin du danger.
Nous nous hâtons à traverser les rues du village à la recherche d'une cachette, d'un refuge, d'un asile loin du regard de nos traqueurs. Je ne perds pas espoir, il ne le faut pas et nous ne pouvons pas nous le permettre. Mon regard s'illumine au moment où mes yeux se posent sur une cache de dernier recours, de toute manière, nous n'avons plus le temps de trouver meilleur repli. Nous trouvons à la sortie de la ville un pont, je remarque qu'il n'y a qu'un mince ruisseau qui s'y écoule et qui n'utilise pas toute la largeur de sa voie. Des bruits de pas raisonnent dans la rue derrière nous, les échos sont de plus en plus forts mais restent tout de même assez loin pour que puissions avoir le temps de nous réfugier. Nous accélérons notre allure puis j'aide Faustian à descendre le long de la paroi de terre avant de nous asseoir le dos contre le pont.
Nous reprenons notre souffle le plus silencieusement possible. Mes épaules me font mal, je ne suis pas habituée à porter une charge aussi lourde. Je ferme les yeux en essayant de garder mon calme et en faisant attention à tout ce qui nous entourent à la recherche du moindre bruit douteux. Quelques secondes plus tard, nous distinguons des bruits de pas se rapprocher de nous avant de passer au-dessus de notre cachette. Je pris silencieusement afin qu'ils ne puissent nous trouver et retiens ma respiration de peur qu'ils puissent nous entendre. Mais quelque chose d'autre me préoccupe... Avec les claquements des semelles contre le pavé, j'ai pu distinguer sans problème que le bruit des pas semble nettement différent comparé au bruit que les hommes ont fait avant d'entrer dans notre chambre. Je me comprends soudainement qu'ils ne sont pas tous ensemble et qu'il n'y a donc là qu'une partie du groupe. Je ne bouge pas, de toute manière mon corps refuse de bouger. Puis après quelques minutes, je m'aperçois que je suis prise de tremblements. Je tente de me calmer de nouveau.
Mon regard se pose sur Faustian, je remarque aussitôt qu'il n'est pas installé correctement. Je m'approche de lui pour l'aider à se redresser mais quelque chose me frappe. Il me paraît vraiment souffrant, presque mourant. Je le redresse comme je peux. Les minces rayons de lumière que nous offre la Lune donne à mon compagnon un teint aussi blanc que la mort. Il respire péniblement et il transpire à grosses gouttes. Il me fait un signe de tête comme remerciement, il a les yeux fermés, comme s'il évitait de croiser mon regard ou tout simplement comme si le simple fait d'ouvrir les yeux lui est devenu bien trop dur.
Qu'est-ce que je dois faire?!
Au lieu de céder à la panique, je décide de réfléchir sur la situation dans laquelle nous nous trouvons. Je ne peux rien faire d'autre, la panique ne résoudra rien à notre problème.
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Faustian
FantasyRose est une jeune fille comme les autres. Elle mène une vie ordinaire, et n'a jamais connu le moindre bouleversement. Pourtant, chaque soir, celle-ci fait un rêve. Toujours ce même rêve qui ne change jamais. Elle est allongée dans l'herbe, à l'abri...