Chapitre 30

20 3 0
                                    

   Mes pensées ne me quittent pas et semblent même s'intensifier toujours plus à chaque foulée que le vifrou fait. Je n'ose pas m'adosser plus en arrière, sinon je me retrouverai tout contre lui, Faustian. Mon cœur s'emballe et j'en viens même à avoir peur qu'en me retrouvant collée contre lui, il puisse sentir les palpitations fortes et rapides de mon cœur. Cette idée fait empourprer mes joues et me donne des bouffées de chaleur. Je tente de baisser la tête dans l'espoir de pouvoir cacher mes joues rouges à l'aide de mes cheveux. Pourtant, la vitesse de l'animal que nous montons ne me le permet pas, mes cheveux sont automatiquement rabattus vers l'arrière et dévoilent donc mon visage rougis. Et puis je commence à me laisser submergée par plusieurs pensées sans fin, je finis par me souvenir que, le corps penché en avant et tête baissée, pourrait être une mauvaise idée quant au fait de garder cette position. Deux raisons éclosent dans mon esprit et finissent par faire naitre en moi certains doutes qui me mènent à stresser de nouveaux pour de simples choses futiles. Et ces deux aspects négatifs de cette position ne tardent pas à se produire. Je relève aussitôt la tête: la première étant le fait que baisser la tête me fait courber le dos et les mouvements du vifrou éveillent des douleurs insoupçonnées dans tout mon corps. La seconde est bien plus étrange... Je me sens vraiment mal à l'aise, je glisse légèrement sur la selle et cela approche mon bassin de celui de Faustian, jusqu'à ce qu'ils soient collés... Cette posture et les mouvements de notre monture n'arrangent rien quant à ces pensées lubriques qui commencent à me mettre de plus en plus mal à l'aise... Surtout avec ces postures qui peuvent sembler si inconvenantes et provocantes. Mes jouent sont bouillantes et je les imagine sans peine d'une rougeur éclatante.

   Je prends de nouveau de grandes bouffées d'air pour chasser mes idées lubriques et pour retrouver mes esprits. Les douleurs que je ressens dans mon dos sont presque insoutenables et me ramènent sans peine au moment présent. Je sens mon énergie s'échapper petit à petit, j'ai même beaucoup de mal à pouvoir me tenir correctement sur l'animal. Je me sens perdre de temps en temps mon équilibre et glisser sur la selle. Cela commence à m'alarmer, je dois à tout prix évité de tomber sinon je ne serais qu'un poids pour mon ami. Et malgré cela, je continue tout de même à tenter de cacher mes joues rouges. Je me sens si stupide à penser à des choses aussi futiles dans une situation pareille. Pourtant, je sais que je dois me redresser sinon ces douleurs risquent de s'amplifier et de me perdre.

   Je prends mon courage à deux mains et décide de me relever, quitte à ce que mon ami voit mon visage empourpré, je trouverai une excuse s'il le remarque. Je prends de nouveau une bouffée d'air. Mon dos me fait souffrir tandis que je tente une première fois de me relever. Alors que je m'efforce à me redresser sur l'étrange animal, une douleur éclatante se déploie dans mon dos et je ne peux retenir de lâcher un pitoyable gémissement tant l'effort, pourtant quelconque, m'est pénible et douloureux. J'ouvre mes yeux larmoyant sur l'horizon qui se présente devant moi comme cherchant un moyen de m'encourager à poursuivre la lutte. Je tente une nouvelle fois de me relever et me concentre alors à cette tâche, tant et si bien que je suis surprise alors que quelque chose m'attrape par la taille. Je sursaute et attrape de mes deux mains ce qui me tient. Faustian a doucement glissé son bras autour de moi et m'aide à me maintenir droite sur la selle. Lorsque je m'en rends compte, j'attrape de nouveau les raines et les serre aussi fort que possible et me maudis silencieusement. Je ne suis qu'une incapable, je ne peux rien faire par moi-même. Il me faut sans cesse devoir recourir à son aide dont il me semble que je sois de plus en plus dépendante. Je me sens dès lors vraiment mal à l'aise, comme si j'étais de trop, comme si j'étais inutile et ennuyante. Je me retiens alors de pleurer, de pleurer pour être ce que je suis, un poids pour mon ami, un poids agonisant de ses blessures. Des blessures infligées la seule fois où j'ai pu me montrer utile envers Faustian et qui dès lors ne sont devenues qu'un fardeau. Je ferme les yeux aussi forts que possible pour chasser ces larmes qui menacent de sortir. C'est le moment que Faustian a choisi pour doucement m'attirer à lui jusqu'à ce que mon dos se retrouve collé contre son corps. Son geste semble plein de douceur et de gentillesse, j'en suis presque surprise. Ce simple geste a réussi à dissiper cette tristesse qui s'éveillait au plus profond de moi et qui menaçait de prendre contrôle de mes sentiments.

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant