Quand je suis partie à Londres, j'ai fait le choix de la colocation faute de moyens. Même si mon stage est rémunéré et que mes parents m'aident, je ne peux pas m'offrir un appartement pour moi toute seule et puis j'avais pas vraiment envie de me retrouver en solitaire dans cette ville inconnue. Vivre en communauté, c'est déjà se créer des relations et faire un pas vers une vie sociale accomplie .
Bref, en faisant le tour des petites annonces, j'ai trouvé une colocation à partager avec deux filles qui étaient déjà devenues de grandes amies.
Au départ, elles souhaitaient prendre une colocataire supplémentaire pour un an seulement. Juste le temps de se faire un peu d'argent pour investir dans la décoration de l'appartement et quelques travaux, puis finalement, le courant est tellement bien passé entre nous qu'elles n'ont plus voulu que je m'en aille.
Et c'est tant mieux ! J'aime tellement ces deux filles, que je crois que je ne m'en serai jamais remise.
Elles sont mes meilleures amies, elles compte énormément pour moi. Cette idée me fait un peu culpabiliser par rapport à ma "meilleure amie" d'enfance, Julie, qui habite toujours en France. C'est vrai que la distance nous a un peu éloignées toutes les deux mais on partage une vraie amitié depuis tellement d'années que c'est un lien ultra solide. Ce genre de relation dure toute une vie.
Elle pourra toujours compter sur moi et moi sur elle, je n'en doute pas une seconde.Arrivée sur le pas de la porte, je cherche désespérément mes clés dans l'immense sac à main qui me sert de fourre tout. Tous les jours, je me dis que je vais le ranger ou carrément le changer mais je ne passe jamais à l'acte. C'est tellement le bordel là dedans, qu'une fois sur deux, je n'arrive pas à attraper mon téléphone et décrocher avant que la personne qui m'appelle ne tombe sur messagerie. Le pire, c'est quand j'ai les bras chargés de courses et que j'ai eu la bonne idée de jeter mes clés à l'aveugle en sortant de ma voiture. Bien souvent, je galère jusqu'à ce que tout me glisse des mains pour finalement m'apercevoir qu'elles étaient juste dans la petite poche qui est sur le côté. bref !
Je commence à envisager le fait de rester sur le pas de cette porte jusqu'à ce que quelqu'un ai pitié de moi et m'aide à retrouver mes clés quand j'entends le verrou tourner depuis l'intérieur.
J'ai à peine le temps de réaliser que mon supplice va prendre fin que Kelly me saute dans les bras. Elle manque de me faire basculer en arrière mais je parviens à me rattraper de justesse et la serre aussi fort que possible dans mes bras.
- Emy Putain ma chérie, qu'est ce que c'est bon de te revoir ! Tu m'as tellement manquée ! C'est pas pareil de se parler à travers un écran d'ordinateur. Me dit-elle la voix chargée d'émotion.
Elle est tellement excitée à l'idée de me retrouver qu'elle ne me laisse même pas en placer une.
- Alors c'était comment ? Tes parents vont bien ? Et tes amis ? Tu n'as pas l'intention de retourner vivre en France? Hein ? Roooh qu'est ce que je suis contente !
Elle est déchaînée. Je crois que la dernière fois que je l'ai vue comme ça, c'est le jour où elle a reçu les escarpins Louboutin que son ex lui avait envoyés pour son anniversaire. Elle l'a quitté une semaine plus tard quand elle s'est aperçu qu'il ne s'agissait que d'une paire de contre façon.
- Ah bon ? Ca ne se voit pas du tout que tu es contente, je t'assure ! Lui dis-je en la taquinant.Kelly est ma colocataire "fofolle". Branchée sur du 10 000 volt, elle est toujours partante pour des soirées endiablées et elle n'hésite pas à sortir l'artillerie lourde pour s'y rendre : rouge à lèvres bien soutenu, robe bien trop courte et décolleté ravageur ! Malgré son grain de folie et son côté bimbo, blonde à forte poitrine, elle sait être de bon conseil et garder la tête sur les épaules quand il le faut.
Elle veut travailler dans le milieu de la mode mais plutôt derrière l'objectif. Elle voue une passion pour la photographie et je dois avouer qu'elle a un talent fou. Son sens du détail est incroyable, elle arrive à sublimer par l'image la chose la plus insignifiante qu'il soit. Je me rappelle avoir été fascinée par une minuscule petite fourmi accrochée à un brin d'herbe qu'elle avait pris en gros plan.
Elle a la capacité de pouvoir travailler tous les supports mais elle se dirige essentiellement vers une carrière dans la mode car financièrement, elle pourra gagner beaucoup plus d'argent. Comme elle dit souvent : " La nature c'est sympa, mais à un moment donné, il faut bouffer, payer son loyer et financer ses extensions !"
son petit côté vulgaire m'a toujours fait marrer. Sous son aspect superficiel et survolté se cache une fille très naturelle et faite de simplicité.
Joyce, ma deuxième colocataire est un peu la version brune de Kelly. Physiquement en tout cas.
Belle, pulpeuse, un corps de rêve... Je me demande encore pourquoi j'ai accepté de m'installer avec deux bombes atomiques ? A côté je ressemble à un régime sans sel.
Je ne suis pas très grande, 1m65, châtain, les yeux marrons, je suis plutôt fine avec quelques formes qui géographiquement se situent vers le sud. En gros, j'ai des fesses bien rebondies, mais niveau poitrine on va dire que plus c'est petit, plus c'est joli ! Ils ne sont pas si minuscules que ça mais si on les compare avec ceux de Kelly et Joyce, je suis un peu comme une boule de billard perdue au milieu de ballons de basket.
Ce qui fait la différence entre mes deux coloc, c'est que Kelly est déterminée et sait exactement ce qu'elle veut faire de sa vie, alors que Joyce avance dans un brouillard épais n'ayant aucune idée du chemin qu'elle veut emprunter.
Disons que tous les deux mois elle tente une nouvelle aventure. L'année dernière elle s'est même inscrite en littérature anglaise avec moi. J'étais super contente au début puis quand elle s'est tournée vers moi en plein milieu du cours pour me demander "Shaekspire, c'est pas celui qui joue le rôle du mec dans Roméo et Juliette ?". J'ai vite compris que ça n'allait pas le faire.
Après cet épisode littéraire, on a eu droit à un cursus en histoire-géographie puis en psychologie avant qu'elle n'entreprenne un stage de toiletteur pour chien.
La seule stabilité dans la vie de Joyce, c'est Jason, son petit ami. Elle est avec lui depuis son adolescence et elle dit toujours à son propos : "Je suis avec mon amoureux depuis 5 ans et je l'aime depuis toute ma vie ! ". Je trouve ça tellement beau, on dirait une phrase sortie tout droit d'une comédie romantique.
Même si je prétends ne pas vouloir d'une relation intense, par peur de souffrir, dans le fond, j'aimerais ressentir la même chose pour Paul... Malheureusement... Chaque histoire est différente et évolue à son propre rythme. C'est ce que je me répète tout le temps quand je pense à nous. Je ne suis pas sure que ça soit très bon signe.
Avant que je parte en vacances, Joyce commençait sérieusement à envisager de partir vivre avec Jason. Elle n'en avait pas parlé à Kelly bien-sur, car elle savait qu'elle en aurait fait des tonnes dans le côté mélodramatique mais on en avait discuté toutes les deux. Faudra que je lui demande si elle a pris une décision.
A ce propos, où est elle ? j'avoue que je suis un peu déçue qu'elle ne fasse pas partie de mon comité d'accueil.
- Où est Joyce ? Je demande à Kelly.
- Elle avait mieux à faire ! Me dit-elle le plus naturellement du monde
- Ah bein, merci ! Ca fait plaisir ! Je lui rétorque un peu vexée par la réponse qu'elle m'a donnée.
Heureusement, je n'ai pas vraiment le temps de bouder que la porte de l'appartement s'ouvre et Joyce apparaît dans l'entrée les bras chargés de pizzas et de quoi faire des Tequilas pour toute la nuit.
Dès qu'elle me voit son visage s'illumine.
- Emy ? Putain ! Je croyais que t'arrivais pas avant une demi-heure....
Elle jette un regard assassin à Kelly qui rétorque immédiatement.
- Désolée, j'ai pas tenu compte de l'heure de décalage horaire qu'on a avec la France...
- Dis tout de suite que t'es pas contente de me voir ! Je lui lance l'air faussement vexé pour détendre l'atmosphère.
- Tu plaisantes ? me répond t-elle en posant tous les ingrédients de nos retrouvailles parfaites sur le bar de la cuisine. Une fois débarrassée, elle se jette dans mes bras.
- Qu'est ce que je suis contente de te voir ma poule ! Tu peux pas savoir comme tu m'as manquée. En plus, j'ai du rester avec l'autre folle. Dit-elle en désignant Kelly avec la tête pour la faire enrager.
Ça n'a pas loupé, elle lui lance un regard tellement mauvais que même moi j'ai l'impression d'avoir quelque chose à me reprocher.
On se fixe toutes les trois quelques secondes avant d'éclater de rire.
J'ai retrouvé mes copines et mon Dieu qu'est ce que c'est bon ! C'est un peu comme croquer dans un super hamburger quand t'as pas mangé de la journée.La soirée continue dans la joie, la bonne humeur et la tequila. On se raconte nos vacances, ce qu'on a fait, qui on a vu et plus la soirée avance, plus la tequila qui coule dans nos veines nous rend euphoriques. Tout est prétexte à rigoler et Kelly n'a qu'une seule obsession : savoir si je me suis envoyée en l'air avec un petit frenchie pendant mon escapade française. La réponse est non. Et elle ne comprend pas pourquoi je me suis privée de ce plaisir.
Pour Kelly, la fidélité est un concept de "vieux couples relous", elle préfère mille fois papillonner à droite et à gauche.Tous les 2 mois elle rencontre l'homme de sa vie et tous les mois et demi, elle en trouve un nouveau pour qui elle quitte le premier.
Son "nouveau futur amour potentiel" se prénomme Niall. Depuis quelques mois, elle nous parle que de ce jeune Irlandais et nous rappelle sans cesse que ce n'est pas n'importe qui.
"Vous vous rendez pas compte les filles ? C'est Niall ! Des One Direction ! Il y a huit milliards de filles sur cette planète qui donneraient tout pour le rencontrer et il m'a invitée à MOI pour prendre un café !!! ". Elle nous rabâche ça à longueur de journée.
A chaque fois, je ne peux pas m'empêcher de penser que 8 milliards de femmes, c'est techniquement impossible.
Nous sommes seulement 7,5 milliards d'êtres humains sur cette planète. C'est mon côté terre à terre. Je me garde bien de lui en faire la remarque car je tiens beaucoup trop à la vie pour courir un tel risque.Kelly partage ses cours de photographie à la fac avec Sophia qu'elle considère comme une très bonne copine mais aussi une belle opportunité de percer dans le métier et de se créer un réseau dans le showbiz.
C'est d'ailleurs grâce à elle que Kelly a obtenu un passe droit pour assister au shooting photo de la pochette du nouvel album du célèbre groupe anglais One direction. Et ce n'est pas rien car il s'agit de l'un des plus gros boys bands de la planète.Sophia est la petite amie de Liam, un des membres du groupe, et elle a eu la gentillesse de lui proposer de participer à cette séance photo de la plus haute importance. C'est ainsi qu'elle a fait la connaissance du beau Niall.
Elle nous a très clairement expliqué qu'elle a choisi de jeter son dévolu sur lui parce que "Liam et Louis sont déjà en couple et Curly saute sur tout ce qui bouge, alors par déduction...il ne reste que Niall. "
Waouh ! Qu'est ce qu'elle est romantique cette Kelly!Je ne sais pas comment la soirée s'est terminée mais je me suis réveillée le lendemain midi avec un mal de tête effroyable. Un peu comme si une fanfare jouait dans mon crâne en abusant des percussions.
A peine un pied posé sur le sol, je n'ai qu'une seule obsession, avaler un cachet d'aspirine. Peut-être même la boîte entière.
Je n'ai pas l'habitude de boire autant et je pense que je me souviendrai longtemps de cette petite fête de retrouvailles improvisée.
Bien entendu, l'unique boîte d'aspirine qui est rangée dans l'armoire à pharmacie est complètement vide.
Quelle poisse !
Pour une fois que je prends une cuite, je n'ai même pas de quoi apaiser mes souffrances. On dirait que le ciel a décidé de me faire payer cher ma petite dérive de la veille.Puisque je suppose que mon mal ne va pas disparaître comme par magie, je décide de prendre mon courage à deux mains et de passer rapidement sous la douche avant de sortir dans les rues de Londres à la recherche d'une pharmacie.
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Un jour, je vais t'aimer...
FanfictionEmily est une jeune française de 20 ans installée à Londres depuis 2 ans pour ses études. Sa vie Londonienne est épanouie et bien remplie, elle a ses cours, son stage, ses colocs et Paul. Elle mène une existence bien tranquille jusqu'à cette rencon...