Chapitre 38

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Point de vue d'Emy

On s'apprête à descendre de l'appareil quand Harry me colle un masque de nuit sur les yeux et une paire d'écouteurs sur les oreilles.
- Eh ! Mais qu'est ce que tu fais ? Je lui demande pas vraiment enchantée à l'idée de ne rien voir et rien entendre.
- Tu as confiance en moi ?
Il me regarde avec ses beaux yeux verts et je ne peux que confirmer, il est évident qu'il ne laissera rien de mal m'arriver. Il veut juste garder le suspens de notre destination mystère. C'est sur qu'en découvrant les immenses grattes ciel ou en lisant les panneaux de signalisation j'aurai compris tout de suite où on était arrivés.
Le pauvre je culpabilise de le laisser croire qu'il a réussi son coup alors qu'en réalité je sais depuis le début qu'on débarque à New-York.
Il me fait grimper sur son dos et me conduit jusqu'à l'arrière d'une voiture. Le Cd de Coldplay résonne à fond dans mes oreilles et je suis dans le noir le plus complet. C'est un peu flippant comme sensation d'être coupée de tout et d'avancer à l'aveugle. En voiture c'est encore pire, j'espère qu'on va bientôt arriver car je commence à avoir la nausée, je vais finir par vomir dans la bagnole.
Je me demande ce que les gens qui nous croisent doivent penser de moi en me voyant comme ça ?
Pire encore, si des paparazzis nous mitraillaient de photos et que je faisais la une de la presse les yeux bandés à la merci de mon petit ami. Ils écriraient sûrement qu'on joue un remake de 50 nuances de Grey à nos heures perdues. D'ailleurs il faudra que je parle à Harry de mon idée de conserver ce petit bandeau pour une expérience un peu coquine.
La voiture s'arrête et il soulève un de mes écouteurs pour souffler quelques mots à mon oreille..
- On vient d'arriver à destination. Suis moi bébé. Dit-il en me volant un petit baiser.
Je sors de la voiture et me laisse guider. En même temps, j'ai pas vraiment le choix.
Je sens la chaleur du soleil fouetter mon visage, on a de la chance, la météo est de notre côté pensai-je.
Je suppose qu'on est en ville car je peux sentir l'odeur de la pollution qui s'échappe des voitures et je distingue les trottoirs et le goudron de la route sous mes pieds.
Je parie qu'il va me placer juste devant la statue de la liberté, symbole de New-York, et qu'il va me retirer le masque pour un effet surprise garantie.
Il s'arrête net, me fait stopper à mon tour puis il m'attrape par les épaules pour me faire pivoter légèrement sur le côté avant de retirer les écouteurs.
Je reconnais immédiatement les bruits de la ville qui envahissent mes oreilles et j'entends des personnes autour de moi qui parlent des langues étrangères je distingue de l'Anglais, de l'Espagnol, du Chinois... Je sais maintenant avec certitudes qu'on est bien devant un lieu touristique.
- A ton avis on est où ? Me demande t-il l'excitation dans la voix.
- J'en sais rien mais j'espère que l'hôtel n'est pas très loin car je dois avouer que ce petit bandeau me donne des idées cocho...
Il place tout de suite une main devant ma bouche pour me faire taire comme si il ne voulait pas qu'on m'entende et je glousse quand je comprends que j'ai réussi à le mettre mal à l'aise. D'habitude c'est plutôt moi suis gênée face à ce genre de choses et c'est lui qui s'amuse de la situation. Pour une fois, les rôles sont inversés.
- On en reparlera plus tard, chuchote t-il. Prête ?
- Prête !
Il retire le masque et je suis aveuglée quelques secondes par le soleil avant de recouvrer la vue et de la voir apparaître sous mes yeux. Elle est gigantesque. Bien plus grande que ce que j'avais pu imaginer. Je suis prise d'une émotion indescriptible. Mon cœur s'emballe et le sang bat dans mes veines. J'ai l'impression de rêver et pourtant elle est bien là, sous mes yeux : La tour de Pise.
Je n'arrive pas à y croire. J'en entends parler depuis mon enfance et maintenant je peux l'admirer, elle se tient juste à quelques mètres devant moi. Je commence à regarder aux alentours à la recherche de Harry pour comprendre pourquoi il m'a fait venir ici et je me retrouve face à mon père.
- Papa !? Ma gorge se serre sous le coup de l'émotion. Qu'est ce que tu fais là ?
- Je suis venu te faire danser ma fille.
J'éclate en sanglots submergée de bonheur et je me jette dans ses bras. C'est bien réel, il est là, je ne suis pas en train de rêver. Si ? Non.
Une musique retentit dans mes oreilles et dès les premières notes je reconnaît la chanson "Daddy dance with me" de Krystal Keith, je porte une main à ma bouche pour étouffer le petit cri qui s'en échappe. Oh ! Cette musique, il s'en est souvenu ! Je l'ai découverte lorsque j'étais adolescente. C'est la chanson d'une fille qui s'adresse à son père le jour de son mariage. J'ai toujours dit au mien que je l'inviterai à danser sur cette mélodie le jour où je m'unirai à l'homme de ma vie.
Je lève mes yeux larmoyants vers lui. Il s'approche de moi attrape ma main qu'il serre dans la sienne, pose l'autre sur ma taille et commence à effectuer des mouvements de jambes. Je n'arrive pas à y croire, je suis en Italie, devant la mythique tour penchée en train de danser avec mon père. Il me l'a promis depuis ma plus tendre enfance et aujourd'hui il réalise mon rêve de petite fille.
- Tu t'es souvenu de la chanson ? Lui dis-je la voix chargée d'émotion.
- Comment aurai-je pu oublier ? Tu m'as promis une danse dessus le jour de ton mariage je te rappelle. Un père ne peut pas oublier ce genre de chose mon ange.
- Mais c'est pas mon mariage...
- Peu importe. Disons qu'on a juste pris un peu d'avance. Si je ferme les yeux je peux très bien t'imaginer avec ta belle robe blanche...
- Vraiment ? Et comment je suis ?
- Merveilleuse comme toujours. Tu portes une de ses robes sans bretelles...
- Un bustier ?
- Oui voilà ! Donc un bustier brodé de dentelle et avec quelques perles nacrées et un jupon qui touche parterre. Une vraie princesse ! Ta coiffure est magnifique. Oh ! Mais attends...
-Quoi ? Je lui pose la question comme si il pouvait vraiment avoir aperçu quelque chose de réel.
- Harry n'est pas mal non plus ! Très bon choix pour le costume et ce petit nœud papillon lui va à merveille.
Ça me fait rire de voir qu'il intègre Harry dans son récit puis je comprends l'importance de ce qu'il vient de dire.
- Tu crois vraiment que Harry est l'homme de ma vie ?
- Je ne crois pas Emy, j'en suis sur. C'est une évidence et j'en suis très heureux parce que c'est quelqu'un de bien.
- C'est vrai. Il est incroyable et je l'aime profondément.
- Alors je peux partir en paix.
Il dépose un baiser au sommet de ma tête et nous continuons à danser au milieu de la foule qui s'amasse autour de nous pour admirer le spectacle. J'aperçois Harry et ma mère qui ne nous quittent pas des yeux. Je suis surprise de les voir tous les deux bras dessus, bras dessous, mon petit ami console ma mère qui est à la fois émue et heureuse de nous voir partager ce moment et je peux voir une larme rouler sur la joue d'Harry.
Plus rien ne compte pour moi, juste cet instant, cette connexion qu'il y a entre mon papa et moi. Nous n'avons pas besoin de se parler, on sait exactement ce que l'autre pense.
À la fin de la chanson, tout le monde se met à applaudir et mon père m'enlace presque jusqu'à m'en étouffer mais je suis contente qu'il ait encore l'énergie de le faire car je sais que bientôt ses forces vont abandonner son corps jusqu'à ce qu'il finisse par s'éteindre.
À l'initiative de mon père, on salue théâtralement la foule avant de rejoindre ma mère et mon petit ami qui frappent dans leurs mains de bon cœur.
Harry tend une poignée de main à mon papa qui n'en fait pas cas, préférant le prendre affectueusement dans ses bras pour le saluer. Il paraît un peu surpris au départ puis il lui rend son étreinte en lui tapotant amicalement dans le dos.
- Content de te revoir mon garçon ! Lui dit mon père.
- Merci Monsieur, moi aussi je suis ravi.
Harry lui décroche un beau sourire.
- Appelle moi Olivier et dis moi "tu", on va gagner du temps.
- Ok. Content de te voir Olivier !
- Parfait. Maintenant fais moi plaisir, jette moi ce bandeau ! Je ne veux même pas imaginer ce que tu pourrais faire à ma fille avec ce truc.
Mon père plaisante évidemment mais Harry rougit. Il est écarlate, je ne l'ai jamais vu comme ça et je comprends mieux pourquoi il cherchait à me faire taire tout à l'heure.
J'ai vraiment proposé un truc cochon à mon petit ami sous les yeux de mon père ? Oh mon dieu ! Je suis mortifiée.

Un jour, je vais t'aimer...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant