Chapitre 5

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Cher Journal,

Tout dans ma vie change en ce moment ! Je ne sais plus quoi faire ni comment réagir !

J'ai annoncé à Cheyenne ce matin que je suis atteinte par ce produit de merde et elle n'a pas bien réagi. Elle a bégayé des mots incompréhensibles puis a prétexté de devoir aller manger pour partir, mais ce sont des bobards. Elle a toujours été très terre-à-terre. Elle ne croit en rien à part en la science, ou en ce qu'elle voit de ses propres yeux, mais sûrement pas au surnaturel.

Cher journal, j'ai peur qu'elle m'abandonne, je ne sais pas si je pourrais le supporter. Je ne sais pas ce que je vais devenir. Je sais juste que dans quelques heures, des personnes inconnues débarqueront dans ma maison et m'indiqueront ce que je dois faire ... J'aimerais tellement que rien ne se soit passé, que personne n'ait introduit dans notre eau ce produit diabolique qui allait détruire la vie de centaines de gens comme moi. Mais malheureusement le passé est le passé, et c'est à moi de savoir si oui ou non j'accepte mon futur.

Je flotte dans un abime de questions et d'incertitudes.

Je dépose mon journal intime dans ma cachette pas très originale -mon dessous d'oreiller- puis vais prendre ma douche pour me détendre. Mes yeux sont gonflés et cernés dû à ma nuit agitée. J'ai une mine atroce.

La plupart des gens écrivent un journal intime pour se souvenir ou pour exposer leurs sentiments, mais pas moi. C'est mon médecin qui, à l'annonce de ma "maladie", a préconisé l'usage d'un journal pour organiser mes pensées et pour que je me concentre sur l'essentiel. Pas sur le caleçon de Charles Singer qu'il n'a pas changé depuis trois jours ! Trois jours, vous vous rendez compte ?! Ou alors il a juste acheté plusieurs fois le même slip ? C'est quand même perturbant mais je m'égare.

Après m'être séchée, j'enfile un pantalon noir, un grand pull noir aussi en laine à fermeture métalliques le long de mes flans et complète le tout avec ma paire de boots à talon noirs. En bref, total look noir : je n'ai pas envie de porter des couleurs. J'ajoute la dose d'anticerne pour cacher ma mine affreuse qui rend ma peau encore plus pâle que d'ordinaire et une légère touche de fard à paupière marron et du mascara.

Puisque j'ai fini de me préparer, je décide de relire un des nombreux livres peuplant ma bibliothèque. Je ferme les yeux et me souviens. C'est un des trucs cool de ma mémoire, j'ai une bibliothèque intégrée dans ma tête. Tout les livres que j'ai déjà lu, je peux les relire quand je veux.

Plongée dans mon "livre", je n'entends pas mes parents rentrer dans ma chambre. Ma mère me sort de ma transe, ce qui me fait sursauter.

- Cassi, ces messieurs voudraient parler avec toi, me dit-elle tout en caressant le haut de mon crâne.

Deux hommes se tiennent sur le pas de la porte. L'un a un visage doux et souriant, il porte une blouse blanche, il a la trentaine je dirais. Ses cheveux bruns sont en épi au dessus de son crâne tandis que le second est son total contraire. Son visage ne trahit aucune expression, ses mains sont enfoncées dans les poches de son ciré à la Sherlock Holmes. Ses cheveux noirs sont parsemés de légères touches de blanc. Je n'aime pas ce genre de personnes trop propres sur eux, ils doivent forcément avoir un cadavre caché dans un placard, ce qui n'a rien de rassurant.

- Cassiopée, dit l'homme au visage dur, je m'appelle Daryl. Je suis là pour t'expliquer tout en détail. Comme tu as pu lire dans la lettre, tu fais partie des personnes atteintes

- Sans déc'

- Cassi comporte toi mieux, ces gens sont là pour t'aider !

L'homme à la blouse, qui était resté en retrait jusque-là, s'avance vers moi.

- Salut, je m'appelle Carl. Daryl peut paraître un peu dur au premier abord mais c'est un mec cool, m'annonce-t-il en souriant, il essaye juste de te faire comprendre ce qu'il se passe.

Je lui souris et Daryl reprend son discours.

- Comme tu le sais déjà, des terroristes ont injecté dans notre eau un produit ....

- Lequel ?, lui demandé-je, curieuse

- J'allais te le dire, répond Daryl en souriant pour la première fois. Nous le nommons SAPS, ce qui veut dire "Substance Activant des Pouvoirs Surnaturels ".

- Activant ? Le premier ministre n'a jamais parlé de ça, il a dit : "Cependant, sur certaines personnes, cinq sur un million selon nos scientifiques, il provoquerait l'apparition certaines.... capacités surnaturelles". À ce que je sache, "provoquer l'apparition" et "activer", ce n'est pas la même chose, si ?

- Tu as une remarquable mémoire dit donc ! remarque Carl

- On peut dire ça..., dis-je gênée.

Daryl reprend alors la parole :

- Nous avons décidé de faire croire à la population que c'est ce produit qui donne les pouvoirs. Ne m'interrompt pas, me coupe-t-il, remarquant que j'allais en effet lui poser une question, mais c'est en fait un gène que possède toute la population mondiale. Il n'était pas actif jusqu'à aujourd'hui et ne l'est toujours pas sur la majorité de la population. Nous avons placé le réactif de ce gène dans l'alcool qui a servi à désinfecter avant la prise de sang.

-Et ça ne vous gène pas de mentir à tout le monde ?, demandé-je excédée

- Notre travail est de protéger le monde, nous faisons le nécessaire pour que tous restent en vie. Tu ne peux pas savoir le nombre de chose que personne ne vous dit.

- Bref ... Rien ne s'est activé chez moi de toute façon, alors je ne vois pas pourquoi vous êtes là.

- Rien de rien ? Le produit est sensé développer les capacités immédiatement ! Quel âge as-tu ?

- Dix-sept ans, pourquoi ?

- ... Merde !

- Quoi ? Panique ma mère

- Tu es la plus jeune de tous ! Les HPS -les Humains aux Pouvoirs Surnaturels- ont tous entre 19 et 40 ans.

- Vous vous êtes peut-être juste gouré ?, soupiré-je avec une léger espoir.

Daryl me répond et cela brise tous mes espoirs de retrouver une vie normale

- C'est impossible.

- Rien n'est impossible. L'erreur est humaine.

-Le test est fiable à 99.99%. Tu es bien une HPS.

Je n'en peux plus. Je dois sortir. Je me lève de mon lit, bousculant au passage Daryl, et pars sans m'excuser.

Ma vie a été complètement bouleversée. Je ne voulais pas de tout ça, moi !

Je suis assise depuis une heure sur la balançoire de notre jardin. Personne n'est venu me chercher et je les en remercie. J'ai juste envie d
'être seule. L'hiver approche à grand pas et bientôt, notre maison se couvrira de neige blanche et pure; j'ai l'intuition que cet hiver, je ne serais pas avec mes parents.

L'air froid me ramène sur Terre et je décide de rentrer au chaud.

Je m'apprête à ouvrir la porte d'entrée quand mes oreilles commencent à siffler. Je plaque mes mains sur mes oreilles pour atténuer la douleur qui se répend dans ma boîte crânienne et m'évanouis.

Au bout de quelques minutes ou heures, je ne sais pas trop, je me réveille enfin. Mes mains sont toujours plaquées contre mes oreilles. Je les retire et elles sont couvertes de sang ! Mais ce n'est pas fini, j'entends tout !

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Merci à EugenieVCL de m'avoir corrigée.

I RememberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant