Chapitre 41 - Épilogue -

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La sonnerie de la porte retentit sourdement dans le petit appartement du centre ville de Londres qu'elle occupe. Elle se précipite vers l'entrée, heureuse de les voir enfin arriver. Cela fait déjà trop longtemps qu'ils ne se sont pas retrouvés ensemble pour boire un verre, discuter, rigoler. Rien d'étonnant en somme, chacun avait à sa manière reconstruit sa vie après les tragiques évènements survenues neuf mois plus tôt. Mais elle, contrairement aux autres, a vite tourné la page. Elle a fait une croix sur son passé, et regarde dorénavant seulement devant elle. Ses actes n'ont fait que forger la femme qu'elle est aujourd'hui. (Enfin elle a quand même mis du temps à s'en rendre compte, elle le reconnaît). Droite dans ses talons, elle a laissé ses pouvoirs au placard (enfin seulement en apparence) et surtout elle aide les personnes dans le besoin au quotidien. Pourtant elle aurait bien pu virer à la folie neuf mois plus tôt dans cette chambre d'hôpital...

Elle secoua la tête pour sortir de ses pensées. Ça fait bien longtemps qu'elle n'a plus ressassé les souvenirs de l'Institut. Peut-être l'approche du jugement du directeur ravivait-il sa mémoire ? Peu lui importe, elle a reconstruit sa vie et c'est mieux ainsi.

Ses talons retentissent sourdement sur la parquet. Un regard à travers le judas lui assure qu'en effet se sont bien ses invités. Elle sourit. Les retrouvailles sont chaleureuses, entre câlins et embrassades tous s'en donnent à cœur joie.

Cassiopée les installe sur son grand canapé d'angle (vestige de sa première paye en temps que travailleuse indépendante) situé en face de la grande baie vitré. Bizarrement c'est cette dernière qui lui a fait acheter l'endroit. Peut-être lui rappelait-elle une autres baie vitrée, dans un autre endroit où des moments de bonheur ont été partagés.

Alors qu'elle sert les boissons demandées, elle se prend à observer ses amis. Ils n'ont pas vraiment changé. En même temps, quant on compare à l'échelle d'une vie, neuf mois ce n'est pas grand chose. Lola a encore perdu quelques kilos mais garde tout de même les quelques rondeurs qui la caractérisent tant. Sa chevelure semble plus rougeoyante qu'auparavant, sans doute l'effet de Fred, son copain. Le couple qu'elle formait avec Romain n'a pas survécu aux drames. Mais ils se sont quittés en très bon terme ! La preuve, ils peuvent rester dans la même pièce s'en s'étriper. Romain, lui semble aussi plus épanoui que jamais. Le voir rigoler avec Stanley la rend heureuse derrière son comptoir. Elle se dit qu'ils ont vraiment bien fait de se mettre en colocation. Après tout ils sont tellement proches maintenant. Cette idée la fait rire doucement, mais elle la garde pour elle. Ils s'en rendront compte par eux même... ou pas d'ailleurs. Walter, que dire de lui à part que c'est celui qui semble radicalement différent de l'homme du chalet. Comme quoi une rencontre transforme une personne. La sienne c'est Leyla, jeune infirmière qui l'a soigné lorsque nous étions à l'hôpital. Elle lui a fait oublié ses douleurs passés. Ils ne se quittent plus. Cela ne gêne absolument pas Cassiopée qui se plaît à voir parader son ami devant les yeux de sa belle pour lui montrer à quel point il est beau est fort. Fred fait pareil avec sa douce, mais ça n'impressionne absolument pas Lola qui préfère écouter les informations diffusaient sur la petite télé du salon. Stanley annonce à tous les convives que Clémence n'a pas pu se libérer. Son petit restaurant qu'elle vient juste d'ouvrir fait un carton (pas étonnant vu son talent) et elle n'a plus une minute à elle.

Précautionneusement, la jeune femme place les coupes de champagne sur un plateau. Doucement elle le porte jusqu'à la petite table autour de laquelle ses amis sont regroupés.

- Il va être jugé aujourd'hui, dit Lola pour elle même.

Je tourne ma tête vers le moniteur, où un présentateur explique encore et encore les charges retenues contre les accusés Salomon et Grant. Ce dernier sera jugé à titre posthume pour ses crimes contre l'état. Elle secoue la tête. Quelle stupidité cette histoire, pense-t-elle alors que Walter fait léviter les coupes vers chacun des invités. Pour elle, que la justice soit appliquée ou non ne changera rien. Cela ne va pas rendre la vie à ceux qui l'ont perdu. Son seul réconfort est de savoir que le vieux qui l'a manipulé ne verra plus la lumière du jour.


- Il ne te manque pas trop ?, demande Stanley à la jeune femme en lui montrant une photo posée sur le meuble où repose la télé.

Elle hausse les épaules avant de lui répondre que pour elle il sera toujours dans son cœur. Elle semble même persuader que parfois il l'aide à faire ses choix difficiles comme il l'a toujours fait.

Les coupes servies, ils s'apprêtent à trinquer lorsque Walter faire remarquer à l'assemblée qu'il manque quelqu'un. Cassiopée est quelque peu énervée : elle lui avait pourtant demandé d'être là à l'heure ! Elle s'excuse auprès de ses amis et décide d'aller le chercher par elle même. Elle sait où il se réfugie quant il veut réfléchir.

Elle enfile un léger vêtement puisque la vent s'est levé depuis hier. Puis après avoir précisé qu'elle reviendrait d'ici une trentaine de minutes, elle mobilise sa volonté pour faire apparaître un portail. Elle s'y engouffre sans plus de cérémonie, n'ayant absolument de doute en ses talents. Après tout, la fatigue que lui a causé ce long déplacement à travers la ville sera comblé par toutes les douceurs qu'elle a préparé pour le désert. Mais le retour se fera en voiture !

Le parc n'a pas changé. Toujours les mêmes arbres, aux mêmes endroits. Elle se souvient encore (et toujours d'ailleurs) de l'ancienne maison de ses parents qui ont maintenant déménagé. Leur fuite les a amené en Hollande et ils sont littéralement tombés amoureux de ce pays. C'est mieux ainsi. Le lac n'a pas bougé, bien qu'un brin plus foncé qu'il l'était avant que tout ne tourne au désastre. Qu'est-ce qu'elle aimerait le revoir encore une fois patauger dans l'eau en éclaboussant les passants et en aboyant joyeusement après les oiseaux. Mais ce n'est plus possible... Parce qu'elle sait qu'il aurait aimé, elle a répandu les cendres de son jouet préféré dans l'étendu d'eau, puisque de lui, il ne restait rien. C'est une manière pour elle de faire son deuil. Ainsi, s'il n'y a pas de paradis il aura là-bas quand même l'opportunité de jouer toute sa longue vie d'immortel.

Ses pas la conduise entre les saules pleureurs qui frôlent le sol avec leurs longues branches, ses talons claquent sur le sol dallés. Le froid s'immisce entre ses jambes découvertes, mais le frisson ne vient pas de ça, mais plutôt de ce qu'elle voit. Une chaleur accueillante se répand en elle. Là-bas, assis sur un banc de bois, les jambes légèrement écartées, et les coudes posés dessus qui soutiennent sa tête penchée vers l'avant, il semble pensif. Son dos se soulève à un rythme irrégulier, comme s'il avait couru. Peu probable : il a encore trop mal pour faire une telle activité. Le bruit de ses pas semble le réveiller de sa torpeur puisqu'il relève la tête.

Au même moment une grande feuille de chêne s'élance vers la tête de la jeune femme. Il sourit, comme si ça lui rappelait quelque chose. D'un geste de la main, elle fait léviter la feuille et la dépose délicatement sur le sol. Elle aussi sourit. Mais bien vite elle arrête car elle n'est pas là pour rougir devant sa beauté, ni devant ses magnifiques yeux. Ah ça non elle a un bouclé à disputer !






Fin







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I RememberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant