I. Nouveau départ

197 12 0
                                    


 - On a besoin d'eau, dit Amélie, au volant de la petite voiture rouge, celle-ci devançant le convoi de quelques mètres.

- Oui... répondit Malcom sans conviction.

Il était assis côté passager, fixant un point invisible devant lui. Ils étaient seuls et, dans les autres parties du groupe, la même ambiance pesante régnait. Quelques jours plus tôt, ils avaient tous quitté l'école, avec trois voitures et cet énorme camion qui avait été ramené au prix d'une vie. Depuis ils roulaient, tentant de récupérer de l'essence sur quelques voitures abandonnées, priant surtout pour tomber par chance sur une énorme réserve de nourriture, d'eau... bref de tout ce dont ils avaient besoin. Dans la voiture, ce fut le silence pendant de longues minutes puis Amélie recommença à parler :

- Ces derniers jours n'étaient pas très bons... -silence- On a perdu beaucoup de monde. Beaucoup trop de monde. -silence- On a tous perdu quelqu'un de cher dans notre vie. Et nous avons tous vécu des choses difficiles lorsque tout à commencé.

Le camion freina brusquement et s'arrêta. Amélie fit de même. Elle regarda Malcom qui restait indifférent, le regard toujours fixe.

- Que s'est-il passé ? Demanda-t-elle.




- Que s'est-il passé ? Demanda Amélie en regardant Malcom.

Deux mois plus tôt, sur une route en direction de la ville, dans la même voiture. Il tourna la tête vers elle et eut un sourire triste :

- Demande moi ça un autre jour. Pour le moment on a des problèmes, on doit trouver des armes, de la nourriture... Et putain, on a besoin d'eau.

Son regard devint insistant, comme s'il voulait être sûr qu'elle comprenne le message. Elle hocha la tête à contrecœur.




- On a besoin d'eau, répondit-il, toujours imperturbable.

Amélie laissa échapper un petit rire sans joie puis regarda à son tour droit devant elle.

- Alors même après tout ce temps, tu choisis de rester fermé, de ne rien dire, de rester le Malcom qui ne tombe jamais. C'est ça ?

Aucune réponse.

- Je ne te demande pas de dire ce que tu pense à tout le monde... mais... parle moi.

- Je n'ai rien à te dire, Amélie.

Il avait tourné la tête vers elle, avec des yeux qui se voulaient sérieux. Mais on ne lui cachait pas ses sentiments aussi facilement, et elle était certaine d'avoir vu une lueur de tristesse chez le grand Malcom. D'ailleurs, elle devait elle aussi avoir cette lueur. Faire le deuil de toutes ces pertes tout en restant en vie... elle pensait surtout à Louis et s'en voulait atrocement de sa mort. Elle avait bien comprit que quelque chose avait été brisé dans le groupe depuis ces derniers jours. Elle avait l'impression que Louis n'était pas mort d'un simple accident. Elle pensa à Fabrice, abandonné en haut d'un immeuble. Nicolas répétait « On avait pas le choix, il était foutu », mais Amélie savait très bien au fond d'elle qu'ils auraient pu tenter quelque chose. Ils avaient juste été trop lâches. Ils étaient tous morts maintenant, et les lâches restaient en vie.

- Comme tu veux.

Il y eut un silence quelques secondes, puis Malcom répondit :

- Non. Ce n'est pas ce que je veux, il n'y a plus de ce qu'on veut.

Il regarda Amélie et continua :

- On doit être forts, être prêts en cas de perte, en cas de manque de quelque chose, en cas de situation difficile... C'est ce que c'est devenu, Amélie, pas ce que je veux. C'est ça la vérité.

- Tu te trompe, affirma-t-elle simplement en hochant la tête.

- Le passé est ce qu'il est, personne n'a choisit le sien, et personne ne peut le changer. Alors on fait avec, faisant mine de l'oublier lorsque l'on est face aux autres. Et ce n'est que lorsque l'on est seul que l'on accepte de se souvenir de tout.

- Quand on s'est rencontré...

- Je sais, Amélie... je sais. J'étais ce que j'étais, et j'ai décidé ce que j'ai décidé. Mais parfois... je me surprend à regretter ce choix. Si c'était à refaire, je ne sais pas si je le referais.

- Bien sûr que tu le ferais. Que tu le veuille ou non tu es toujours ce gars bien que j'ai rencontré. Tout ce qui a changé c'est... ta vision des choses.

Il ria à son tour. Il baissa les yeux et dit avec un sourire mélancolique :

- Tu es la seule chose dans tout ce merdier que je ne regrette pas. Et tu le sais très bien.

Il soupira. Puis il mit une main dans sa poche pour en sortir un petit collier dont le pendentif représentait un cœur arrondie et argenté. Il l'observa et continua :

- Je ne regrette pas ce jour là.

Amélie senti sa gorge se nouer en souvenir de ce qu'il représentait. Il avait pour ainsi dire sauvé sa vie, peut-être changé définitivement Malcom aussi. Cela était déjà lointain, pourtant elle ne pouvait oublier. Comme l'avait dit Malcom, chacun avait son passé, aussi sombre soit-il.

- On doit continuer de survivre, dit Malcom avec un air confiant. Que l'on soit ensembles, seuls... on doit survivre et prendre les décisions qui nous sauveront la vie.

Le camion redémarra, ce qui coupa la conversation. Le convoi repris alors sa route sous le ciel gris de ce mois de Décembre. Personne ne savait où ils allaient, personne ne savait ce qu'ils allaient vivre à l'avenir, mais ils étaient tous sûrs d'une chose : Rien ne serait simple, ni avec les mort-vivants, ni avec les autres vivants, ni même au sein de leur petit groupe. Des choses avaient changées, ils avaient changés. Dehors, sur le bord des routes, les voyageurs pouvaient apercevoir des mort-vivants en recherche de chaire fraîche qui se retournaient sur leur passage. Ils savaient tous que des choses s'étaient produites, ils avaient tous senti les tensions plus ou moins fortes qui hantaient le groupe. Ils savaient tous que, un jour ou l'autre, ce que chacun gardait en lui ressortirait de façon inévitable. Mais en attendant, ils devaient continuer leur chemin.

Amélie ne savait plus quoi penser de qui que se soit. Et si Martin était un tueur ? S'il avait tué Louis ? Et si c'était Alexandre le coupable ? Ou peut-être qu'aucun d'entre eux n'était coupable, Louis avait réellement eu un « accident ». Quoiqu'il en était, elle devait garder la tête froide, et même si elle n'aimait pas que chacun garde ses sentiments pour lui, il était préférable de le faire dans la situation actuelle. Lorsque tout viendrait à exploser, il serait bien assez tôt.

*

*

*

Je tiens à remercier les personnes qui liront (au moins le début) du Tome 2 !

Laissez votre avis et n'oubliez pas de cliquer sur la petite étoile, ça fait toujours plaisir ;)

*

Pour ceux et celles qui n'auraient pas encore lu le Tome 1, vous pouvez le retrouver ici :

https://www.wattpad.com/story/52932415-humanit%C3%A9-the-walking-dead-tome-1-confiance

Voir "Lien externe" pour les version PC :)

*

Merci encore et à bientôt !

Humanité : Tome 2 - PouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant