XXIV. Démocratie

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Cinq mains se levèrent sur les 9 personnes présentent autour de la table.

- De toutes façons, vous êtes chez moi, dit Philippe avec colère. Cette ferme est la mienne. Écoutez - il se tourna vers Amélie -, je sais que ce que cette jeune femme a fait est difficilement acceptable, mais qui ici est capable de me jurer qu'il n'a pas eu envie un seul instant de rentrer dans ce garage et de faire la même chose. Ces types nous ont rendu la vie plus difficile qu'elle ne l'est déjà avec l'épidémie, et si j'ai bien compris, Emma était particulièrement ciblée par certains.

- Sans compter qu'elle avait un rôle important dans le groupe, dit Martin d'un ton sûr, elle a toujours tout donné pour que le groupe s'en sorte. Imaginez son ressenti lorsqu'elle se retrouve à terre et qu'elle ne peut rien faire pour aider qui que ce soit ?

Amélie laissa échapper un soupire. Elle se prit la tête entre les mains et demanda :

- Tu en penses quoi, Malcom ?

Le grand homme se redressa sur sa chaise et secoua la tête, comme perdu.

- C'est évident qu'elle me fou les boules. Non pas que j'ai peur qu'elle me tue, mais simplement... elle ne va pas bien. On a plus le choix, on va devoir envoyer des expéditions au plus tôt en plus de Ailana et Edana. Sauf que je ne me vois pas me sacrifier parce que mademoiselle pète un plomb, que ce soit ici ou en expédition.

- Alors disons que je veille personnellement sur elle, dit Martin. Elle va mal, c'est clair, mais Emma est une personne forte, il lui faut juste du temps pour accepter ce qui vient de se passer.

Personne ne répondit. Amélie et Malcom étaient tous les deux pour le départ de Emma, avec Amir et Nicolas.

- Il a raison, dit Amir, on a déjà perdu assez de monde, inutile d'en rajouter. Si Martin pense qu'elle peut aller mieux, je lui fais confiance. Dehors, en plein hiver, elle n'a aucune chance.

Martin ne pu s'empêcher de sourire à Amir. Il l'avait convaincu. Faire de même avec Amélie et donc Malcom et Nicolas n'était qu'une question de temps. En ce moment même, Emma était enfermée dans une chambre à part attendant la sentence. Le carnage dans le garage avait eut lieu à peine quelques heures avant.

- Bon, on en reparle demain, dit Amélie. Concernant Noham, on fait quoi ?

- La dernière fois, dit Philippe, on avait tous été plus ou moins d'accord, il est le seul à avoir le droit de choisir s'il veut en finir maintenant ou non.

Personne ne protesta.

- Je m'en occuperai, dit Nicolas. J'irai lui demander une dernière fois ce qu'il préfère. Amir, tu as vérifié tes stocks ?

Le médecin hocha la tête.

- Tout sera fait dans les règles de l'art.

Amir avait annoncé la dernière fois qu'il avait de quoi préparer une seringue dans laquelle serait placé un contenu qui ferait dormir Noham avant de le tuer. Sans douleur, calmement.

La discussion s'orienta ensuite sur la barricade et le risque des attaques de rôdeurs à cause de la fusillade. La propriété étant entourée de forêt, il leur était impossible de prévoir les dangers futurs. Ils décidèrent alors que seule la maison serait entourée de barricades ainsi que les serres. Le reste n'était pas une priorité, les champs étant vides pour le moment. Puis ils parlèrent provisions. Les absences d'excursions des deux dernières semaines avaient fortement diminué les réserves. Et encore, comme ne cessait de le rappeler Malcom, si les jumelles n'avaient pas été en expédition quotidiennement, il n'y aurait déjà plus rien à manger. Étrangement, l'eau était l'élément qui était le plus important en stock, après les armes et le bois. Seule la nourriture manquait réellement, la salle qui servait de réserve ne comptait plus que des boîtes de conserve avec des mélanges tout fait de viande et légumes qui n'avaient plus de goût. Gardés au frais, le groupe avait tout de même la chance d'avoir encore quelques légumes de Philippe, qu'il conservait avec grande attention. Dans un congélateur de grande taille, Philippe avait réussit à conserver de gros morceaux de viande mais le quart avait déjà été dévoré. Si Eva rêvait de pouvoir manger cette excellente viande tous les jours, le reste des survivants avait voté pour la garder en cas de grosse urgence ou, savait-on jamais, pour fêter quelconque événement joyeux. Martin fut à la fois surpris et ravi de constater qu'avec Amélie comme dirigeante principale, le camp s'était organisé très rapidement après le massacre qui avait eu lieu.

Humanité : Tome 2 - PouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant