XXIII. Folie

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Le sang avait recouvert le sol et des éclaboussures rouges décoraient maintenant les murs. Martin regardait les trois corps affalés contre le mur avec horreur. "C'est pas possible", pensa-t-il. Des bruits de pas raisonnaient près de lui. Les baskets de Amélie piétinaient les flaques de sang en regardant les corps un par un. Elle arriva aux côtés du jeune homme.

- On ne peut pas accepter ça, dit-elle, elle a complètement pété un plomb.

Martin hocha la tête en essayant de rester imperturbable. Amélie leva son pistolet équipe d'un silencieux vers le corps le plus à gauche. Un coup sourd retenti. Elle pivotant sur la droite. Second coup. Pivot. Coup sourd. Dorénavant, les trois corps étaient des cadavres, chacun orné d'une balle dans ce qui restait de leur tête.

- Tu as 24 heures pour lui parler, dit Amélie avec un ton grave.

Elle contemplait les morts, les sourcils froncés. Martin ajouta :

- Je n'avais vraiment aucune envie de le dire, mais je crois bien que Jésus avait bien raison sur elle... mais Amélie... réfléchis, s'il te plaît...




Martin entra dans la chambre de Noham en silence. Celui-ci ouvrit les yeux et le regarda. Martin attrapa la chaise qui faisait face au bureau et la posa à côté du lit du blessé.

- Comment tu te sens ? Demanda Martin.

Noham dégluti avec difficulté.

- Épargne moi cette question.

Martin hocha la tête.

- Pourquoi tu as fais ça ? Pourquoi nous avoir aidé alors que tu avais tout intérêt à rester aux côtés de Mike ?

Noham haussa les épaules.

- Qu'est-ce que je suis censé répondre à ça ? J'ai eu un moment de lucidité ? Un éclair m'a transcendé et replacé sur la bonne voie ? Sincèrement... aucune idée. Tu sais, avant j'étais le gars cool. Je veux dire, les gens m'aimaient bien, j'avais pleins de potes et papa était content de dire que j'étais débrouillard et très ouvert aux autres. Je faisais des conneries régulièrement, c'est vrai, mais c'était jamais méchant. Et puis Franck était souvent là pour me couvrir, prendre ma défense, voir même parfois me convaincre de ne pas aller jusqu'au bout de mon projet farfelue. Mais bon, j'étais comme tout le monde quoi. Et puis quand tout a commencé j'ai eu envie d'être comme ces gars des séries. Le gentil qui aidait toujours les autres. Ha ! Quelle connerie. Et puis il y a eu ce massacre à l'école. Cette crise de panique qui a coûté la vie à Louis. Je te jure mec, j'avais rien contre toi. C'est juste que... je m'en voulais, je me suis renfermé sur moi-même, j'ai commencé à me dire que après tout, tuer des gens faisaient partit du jeu... je n'étais plus du tout le gentil qui sauve les autres. Mike m'avait parlé avant du cirque, de son envie de les rejoindre, tout ça. Au début j'étais d'accord, on allait enfin être posés et moi, j'aurai moins de soucis avec vous tous. Mais quand il t'a shooté... ouais, j'ai eu un moment de lucidité. Je me suis demandé dans quelle genre de plan je m'étais embarqué cette fois. J'ai eu envie de te sauver, et je suis redevenu le gentil quo sauve les gens. Dans ma tête au moins. Le fait d'avoir sauvé quelqu'un, d'avoir été bon... ça m'a rappelé qui j'étais. Et surtout que je ne voulais pas être le méchant. Enfin bon, qu'elle importance maintenant. Je vais crever de toutes façons.

Martin était resté très attentif à son histoire. Un silence pensant s'installa dans la pièce. Noham semblait très faible. En fait, il était très faible. Amir avait annoncé le matin même qu'il n'en aurait que pour une semaine tout au plus avec ses soins. Mais apparemment, Noham avait demandé au médecin d'en finir avant, rapidement et proprement. Eva n'avait pas l'air enchantée à cette idée d' "euthanasie", Nicolas non plus. Ce dernier avait perdu une grande partie de son groupe de départ, soit celui de l'école. En fait, il ne restait que Amélie et Malcom. Et depuis le départ du camp situé au milieu de la ville, il n'avait plus beaucoup de contact ni avec l'un ni avec l'autre. Il ne restait que Noham, l'une des rare personnes avec qui il avait été lié d'amitié. Sans compter qu'il n'était pas très bavard, ce qui lui laissait peu d'occasion de faire connaissance avec d'autres personnes. Quoiqu'il en était, tout le monde n'était pas d'accord pour accepter les dernières volontés de Noham.

Humanité : Tome 2 - PouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant