Humanité : Tome 2 - Pouvoir

VII. Le Temps

Tic. Tac.

Emma appuya sa main droite contre le mur face à elle puis se retourna.

Tic.

Elle commença à longer le couloir dans le sens inverse.

Tac.

Elle passa par dessus les jambes de Martin, assis sur une chaise.

Tic.

Celles de Noham.

Tac.

Cette tache de sang par-terre, elle passa aussi par dessus.

Tic.

Elle toucha le mur de sa main droite.

Tac.

Demi-tour.

Tic.

Sang.

Tac.

Noham.

Tic.

Martin.

Tac.

Mur.

Tic.

Bruit de porte.

Tac.

- Elle est saine et sauve, dit le médecin en arrivant dans le couloir.

De longs soupires de soulagement se laissèrent entendre.

- Elle est réveillée ? Demanda Martin.

- Elle vient de s'endormir, ça l'a épuisée. Il vaut mieux ne pas la déranger pour le moment.

Martin hocha la tête.

Maintenant tout les quatre debout dans ce couloir de l'hôpital, Emma se mordit la lèvre inférieure. Mis à part Jean et Alexandre qui surveillaient l'entrée principale de l'immeuble, elle pensait à Malcom, Mike et Nicolas, qui avaient décidés de fouiller la ville pour « ne pas perdre de temps ». Le médecin leur avait dit qu'il n'était pas seul, un ami l'accompagnait, un certains Paul. Il semblerait que ce soit ce dernier qui soit responsable des provisions, de leur survie.

- Monsieur... commença Noham.

- Appelle moi Amir, si tu veux bien.

Amir était cet homme avec ses petites lunettes et ses cheveux très cours qui lui donnaient vraiment un air d'un grand médecin. Surtout avec sa blouse et le petit crayon qui dépassait de sa poche. Avec son teint mat et son regard étincelant, il rappelait quelqu'un à Emma.

- Amir, comment tu as survécu jusqu'ici ? Repris Noham avec sérieux.

- Je vous l'ai déjà dit, je suis accompagné d'un ami qui se débrouille vraiment très bien. Et on a probablement eu beaucoup de chance aussi.

- Personne n'est jamais passé ici ?

- Si, bien sûr... la première fois, j'ai voulu être aimable avec les autres. Et si Paul n'était pas rentré à ce moment, je serai probablement mort. Il m'a clairement sauvé la vie. Et à d'autres aussi. C'est un type bien.

- Il les a tué ? Demanda Martin.

- Non, je crois qu'en voyant leur pote avec un flingue sur la tempe et le bras brisé, ils ont eu un peu peur.

Noham ricanna.

- C'est tout ? Personne d'autre ?

- Je suis là depuis le début, je travaillais ici quand tout à débordé. Je connais l'immeuble par cœur, j'ai fais différents services. Avec Paul, on s'est mit d'accord pour ne plus aider les gens qui viendraient ici. On a fait des stocks bien planqués de médoc et matériel médical, et quand quelqu'un venait, on trouvait un endroit où patienter. En général, les gens ne trouvent rien et repartent très vite. Avant vous, les dernières personnes à être passées ici... ça devait être il y a un bon mois.

- Pourquoi il n'est pas rentré, ce Paul ? Demanda Noham.

- On a entendu une explosion proche d'ici, très certainement dans la ville. Vous devez l'avoir entendue aussi, non ?

Martin hocha la tête, puis le médecin repris :

- Paul a voulu aller voir, vérifier que ce n'était rien de grave.

- Vous avez déjà tué ? Demanda Noham en fronçant les sourcils.

Amir sourit, puis déclara :

- Je sauve des vies.

- Répondez.

- Non. Non je n'ai tué personne.

Emma avait bien observé Amir durant cette petite conversation, et elle avait confiance en lui. Il avait réellement l'air de quelqu'un de bon, qui souhaitait aider les autres. Et si durant tout ce temps il avait fréquenté ce Paul sans problèmes, lui aussi devait être quelqu'un de bien. Après tout, elle-même avait rencontré un dénommé Paul il y a quelques mois. Il faisait parti d'un groupe de barbares, mais il était bon. Et il y a quelques heures, c'est encore un « Paul » qui avait proposé son aide à Noham.

- J'ai confiance en vous, dit-elle.

Il la regarda dans les yeux et eut un sourire de soulagement. Il hocha la tête :

- Merci.

Martin se retourna pour regarder Emma. Il la fixa quelques secondes puis regarda de nouveau Amir et hocha à son tour la tête :

- Pour moi aussi.

- Ok, dit Noham en soupirant, alors c'est bon pour moi. Mais j'ai une petite question : dans combien de temps on va pouvoir se casser d'ici ?

Noham venait de s'énerver, ce qui surpris tout le monde. Amir répondit avec son éternel ton posé :

- Tout dépend si vous prenez Amélie avec vous.

- Bien sûr que oui. On cherche un endroit bien, où on pourra se poser. Je vous conseil de nous suivre.

- Amélie devra rester ici au moins une bonne semaine si elle veut être sûre de récupérer complètement. Pour ce qui est de vous suivre... j'ai tout ce qu'il faut ici pour opérer, soigner les gens, je ne préfère pas quitter le lieu.

- Et quand vous manquerez de provisions ? De matériel ?

- Ce jour là n'est pas arrivé.

- Comme vous le sentez, doc, mais quand on aura quitté la ville, il sera trop tard pour faire marche arrière.

Noham allait quitter le couloir mais il se retourna au dernier moment et dit avec un air menaçant :

- Au fait... on attendra pas une semaine, que les choses soient claires.

Le jeune homme s'éloigna avec une démarche sûre. Emma vit le regard assassin que Martin avait en ce moment même. Quand leur regards se croisèrent, il tenta de prendre un air plus calme, rassurant. Mais elle avait vu cette lueur. Elle savait bien que les choses n'allaient pas entre eux, mais qu'est-ce qui avait déclenché tant de haine chez Martin ?

Tic. Tac.

Le temps passait...

*

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