Le soleil perçait. C'était très probablement un signe. Du moins Eva le pensait. Ces derniers temps, le soleil avait comme disparu des cieux et il ne semblait plus vouloir les honorer de sa présence. Si Eva avait l'air plus paniquée que jamais à l'idée de sortir de la ferme pour partir en expédition, Malcom était quant à lui plus heureux qu'il ne l'avait été ces derniers jours. Cette fois-ci, ils allaient se rendre à l'entrepôt, prendre tout ce qu'ils pouvaient et permettre aux habitants de la ferme de respirer un peu. Tout ce qui inquiétait Malcom, c'était de tomber de nouveau sur des abrutis qui fonceraient tête baissée pour tenter de les tuer. Même s'ils seraient bien armés, ils n'allaient être que trois et qu'ils en sortent victorieux ou perdants, une confrontation n'était jamais une bonne chose. La veille, Henry avait été libéré. Il avait même proposé à Amélie une alliance entre les chasseurs et la ferme. Elle avait répondu qu'ils allaient y réfléchir et que l'offre était tentante. Mais à peine le portail fut-il refermé qu'elle regarda Malcom dans les yeux avant de soupirer. Une alliance était une bonne chose, évidemment, mais agrandir le groupe était plus risqué que jamais lorsque l'on voyait la fragilité de leur réserve.
Malcom avait été désigné par Amélie pour se rendre à l'entrepôt. Nicolas avait tout de suite voulu faire parti de l'aventure et Eva avait timidement levé la main. D'après Philippe, Eva était beaucoup plus enclin à aider et apprendre à survivre depuis qu'elle avait fait la connaissance d'Emma. La remarque ne manqua pas de faire grimacer Amélie qui se contenta de répondre par un sourire forcé et, soupçonnait Malcom, un brin menaçant.
- Fait attention à toi, dit Amélie en donnant les clés du 4x4 à Malcom. Fait attention à eux.
- Ne t'en fais pas petite princesse, répondit-il avec un sourire moqueur, tu sais à quel point je peux être protecteur.
- Mais n'oublie pas que l'on a aussi besoin de toi ici.
- On a besoin de tout le monde ici, répond-il en détournant le regard.
Avait-il raison ? Lui n'en doutait pas une seconde. Quoique suffisamment pour se poser la question. Tandis que Malcom prenait le volant du véhicule noir, Eva monta à ses côtés et Nicolas grimpa à l'arrière. Le fait d'avoir croisé ces pilleurs près de l'entrepôt avait fait peur à Malcom, même s'il n'en disait rien. Et même si Emma avait eu cet accès de folie... N'était-elle pas un élément puissant ? En réalité, Malcom jugeait sans savoir. Il n'avait pas suffisamment vadrouillé à ses côtés. C'est avez ces pensées en tête qu'il démarra le véhicule et fit un signe de main à Amélie. Il savait que l'ensemble du groupe comptait sur cette expédition, et c'était la raison pour laquelle cette fois, contrairement à la dernière, il avait méticuleusement chargé ses armes en gardant en tête l'idée qu'elles allaient peut-être servir.
- Espérons que cette fois tout ce passe pour le mieux, soupira Nicolas en attachant sa ceinture.
"Espérons" pensa Malcom en passant le portail. Une fois de plus il allait emprunter cette route et une fois de plus il allait espérer pouvoir la reprendre en sens inverse, vivant et porteur de bonnes nouvelles. Le véhicule s'engagea sur la route. Ils passèrent devant le petit chemin qui conduisait jusqu'à chez Tom, ce vieil homme à qui ils avaient proposé une vie meilleure. Pour ce qu'avait été le résultat... Le trio arriva bientôt au niveau des grilles de l'entrepôt et cela sans embûches, mise à part quelques cadavres ambulants en recherche de chair fraîche. Et une fois sur place, ils constatèrent sans surprise qu'une cinquantaine de rôdeurs au moins erraient toujours autour du bâtiment.
- Les portes n'étaient pas fermées la dernière fois ? Demanda Malcom en regardant la grande ouverture rectangulaire qui leur faisait face.
- Bonne question, répondit Nicolas avec un air songeur.
Peut-être était-il parano ? En temps de fin du monde, peut-être était-ce la meilleure qualité que l'on puisse avoir. Mais la question restée en suspens mettait le doute à Malcom. Et si quelqu'un était à l'intérieur ? Peu probable vu la masse de morts qui se baladaient dans l'enceinte de l'entrepôt, et pourtant... Quoi qu'il en soit, ils devaient se rendre à l'intérieur et tenter de ramener un maximum de nourriture. En observant attentivement par l'ouverture, ils pouvaient apercevoir des machines. Beaucoup de machines, mais aucune trace de conserves ou de quoique ce soit de mangeable. Mais leur vision était limitee, ils devaient fouiller l'intérieur.
- Il faut qu'on y aille, dit Nicolas en fixant l'ouverture.
- Comment on entre ? Demanda Eva avec un air inquiet.
- On ne va pas pouvoir s'amuser à les tuer un par un, répondit Malcom. On les diverti en les attirant au dos du bâtiment.
- Ces grilles supporteront leur poids ?
- Ça on ne le saura qu'au moment venu, dit Nicolas avec un sourire sans joie.
S'ils faisaient vite, ils pouvaient facilement courir jusqu'au grand portail, l'escalader et entrer dans l'entrepôt. Quelques rôdeurs trouveraient probablement l'entrée au bout de quelques minutes mais la masse accumulée ne parviendrait qu'à avancer à grandes peines à force de précipitation et de bousculades. Malcom gara la voiture près du grand portail et les trois survivants sortirent. Ils étaient seuls. Plus seuls que jamais. Le froid agressait leur visage et le vent pas moins glacial claquait comme un fouet. Malcom ouvrir le coffre et en sorti trois pieds-de-biche.
- On va frapper les clôture, expliquait-il. D'ici -il pointa le portail- jusque là-bas -il pointa cette fois l'opposé vers l'arrière de l'entrepôt.
- Tu crois que ça va marcher ? S'inquiéta Nicolas.
Finalement, l'idée de tous les tuer un par un ne semblait plus si mauvaise.
- Il faut essayer.
Alors le trio commença à cogner le grillage en fer tout en marchant le long de la clôture vers l'objectif. Les rôdeurs semblaient s'accrocher les uns après les autres aux fils de fer tendus qui les empêchait de dévorer cette bonne chaire fraîche ambulante. Les rôdeurs les plus éloignés étaient attirés au moins par le mouvement de leurs congénères. Arrivés au bout, ils s'immobilisèrent et continuèrent de frapper le grillage.
- Vous êtes prêts ? Demanda Malcom.
Les deux autres ne répondirent pas. Quelqu'un pouvait-il vraiment répondre oui quand on lui demandait si on était prêt à se jeter dans la gueule du loup ? D'un coup, Malcom cria "Go !" Et provoqua un mouvement rapide du trio mais terriblement conséquent des rôdeurs. Malcom respirait au mieux, il entendait le souffle saccadé de Eva à côté de lui. La jeune femme n'était si très sportive, ni très courageuse, et elle ne pouvait même pas vanter son intelligence. Mais il était sûr qu'elle avait le mérite de se donner à fond. Ils atteignirent le portail qui n'était pas verrouillé - avaient-ils regardé avant de partir s'ils pourraient rentrer ? Malcom n'en était pas si sûr - et entrèrent dans ce qui semblait être une arène. Alors que le grand groupe avançait lentement vers eux, les survivants de jetèrent dans le bâtiment, hors d'haleine. Le froid ainsi que la terre du terrain devenu un tas de gadoue jouait en leur faveur. Ils prirent quelques secondes pour reprendre leur souffle et Malcom fut le premier à relever la tête pour observer les alentours. Il y avait de grosses machines partout autour d'eux et, à l'autre bout de la grande entrée qu'ils avaient emprunté se trouvait une petite porte métallique qui semblait verrouillée. Non loin d'eux une porte double. Mais aucune trace de nourriture. L'endroit était froid et immense. Si le rez-de-chaussée était plein de machines, l'une des portes latérales semblait mener à un étage. Cet étage ne prenait pas tout le bâtiment, il pouvait s'agir de bureaux, mais ceux-ci s'étalaient sur toute la longueur. Alors que le froid entrait dans l'entrepôt, Malcom s'approcha de la porte double. Verrouillée. À côté de trouvait un boîtier métallique orné de touches représentant des chiffres. Le petit écran affichait, en noir sur fond bleu : "CODE :". Malcom soupira. Il se retourna pour faire face aux deux autres puis il remarqua que ceux-ci faisaient de gros yeux. Qu'avaient-ils donc vu de si étrange ? Puis Malcom eut un flash. Cet écran était-il vraiment allumé ?
Avant qu'il ne puisse de nouveau vérifier ce qu'il avait vu, Malcom entendit un son strident. Il venait de nul part et de partout à la fois. Était-ce dans sa tête ? Mais la réaction de ses compagnons de route lui fit comprendre que non. Alors il eut un moment de panique : si eux l'entendaient, les rôdeurs le pouvaient aussi ! Il sorti son arme de poing et observa attentivement la grande ouverture. Il avait les yeux plissés et la puissance du son avait brouillé sa vue autant que son audition.
- Vos armes ! Hurla Malcom en voyant une silhouette de glisser dans l'entrepôt.
BAM !
Son tire ne semblait pas avoir atteint la cible mouvante. Un second coup de feu retenti à sa gauche et cette fois le corps s'écroula au sol. Alors qu'une deuxième silhouette faisait son apparition, Malcom cru remarquer que l'ouverture de refermait. Il recule de deux pas. Il allait perdre connaissance. Sa vision n'était plus bonne du tout.
- Malcom ! Cria la voix terrifiée de Eva.
Celui-ci se frappa la joue gauche de sa main libre et repris ses esprits. Non, la grande ouverture était belle et bien en train de se refermer. Deux grands panneaux métalliques se déplaçaient doucement pour se rejoindre au centre. Un mort entra alors qu'il ne restait qu'un petit mètre de jour.
BAM !
Malcom le fit rejoindre son camarade au sol. Juste avant que les portes ne bloquent l'accès au bâtiment, Malcom eut le temps d'apercevoir le groupe qui se trouvait face à eux quelques minutes plus tôt. Tout à l'heure séparés par un grillage supposé résistant, leur situation actuelle n'était que plus délicate : certes les panneaux de fer étaient épais et tiendraient des siècles, mais ceux-ci n'étaient pas présents par leur volonté. Et il suffisait qu'ils s'ouvrent de nouveau pour que le trio ne voit ses dernières minutes entrer. Le son strident se coupa. Le silence retomba. Puis, alors que Nicolas ouvrait la bouche pour parler, une autre voix retentit dans le bâtiment :
- Donnez-moi une seule bonne raison de ne pas vous laisser mourir.
La voix féminine qui venait de prononcer ces mots était froide et menaçante. Les trois survivants se regardèrent. Ils n'avaient pas le droit à l'erreur...
VOUS LISEZ
Humanité : Tome 2 - Pouvoir
FanfictionChaque coup de feu... chaque goutte de sang... chaque hurlement de terreur... aucun d'entre eux ne peut fermer les yeux sans voir apparaître l'une de ces scènes horribles qui les hantes... Chaque perte remonte à la surface en permanence pour leur ra...