La voiture vibrait sur le goudron irrégulier de la route. Le ronronnement du moteur emplissait l'espace autour d'eux, sourd et sans repos. La journée s'annonçait particulièrement sombre. Caché par d'épais nuages, seule la luminosité blanchâtre laissait deviner la présence du soleil. Emma gardait les yeux fixés sur l'horizon qui s'étendait à perte de vue. Elle savait qu'à côté, Amélie faisait de même. La jeune femme n'avait de pensée que pour le couteau de chasse attaché à sa ceinture. Et pour l'arme de poing soigneusement rangée dans l'étui à la ceinture d'Amélie.
Le véhicule fit voler un nuage de feuilles mortes en passant. Des corbeaux poussèrent un cri aigu, loin dans le bois. Le regard émeraude d'Emma scrutait le moindre mouvement devant elles. La main droite d'Amélie était crispée sur la poignée de la porte. Emma bougea sa main pour passer la sixième. Amélie tourna la tête sur le côté. Ses yeux passèrent de la main posée sur le levier au visage de la conductrice. Emma sentait son regard perçant. Sa mâchoire se crispa en silence. Amélie se tourna de nouveau vers l'avant.
La voiture roula ainsi sur plusieurs kilomètres. Elles arrivèrent au niveau de la petite ville dans laquelle Emma était allée chercher les pilleurs. De ce qu'elles pouvaient voir, des rôdeurs patrouillaient intensément dans les rues abandonnées. Plus que lors de sa dernière visite, pensa Emma.
- Arrête-toi là-bas, dit soudainement Amélie en indiquant l'une des rues.
Emma ralenti et regarda dans la direction indiquée sans voir ce qui pouvait attirer la jeune femme.
- Il y a un magasin de cuisine, insista la passagère, il y aura des trucs utiles pour la ferme.
- On s'arrêtera au retour, rétorqua Emma dans une voix aussi calme que froide.
- Il pourrait faire nuit, ce sera lus dangereux. Maintenant est le bon moment.
Amélie tourna la tête vers Emma. Elles se regardèrent et la louve frissonna en découvrant les yeux perçants de sa coéquipière. Ils avaient cette étincelle que seule Amélie savait allumer. Avec les muscles de son visage ainsi crispés de détermination et de volonté, elle avait l'apparence d'une guerrière prête à tout. Les paupières d'Emma vinrent assombrir le brillant de ses yeux un court instant. Puis elle se reconcentra sur la route, ralenti et tourna le volant pour diriger le véhicule vers l'endroit indiqué par Amélie. La voiture se gara au milieu de la rue. À quelques dizaines de mètres de là, la devanture de la boutique aperçue par Amélie. Elles n'étaient plus loin de la sortie de la ville qui menait vers le camp. Ce camp qu'Emma avait découvert. Ce camp qui sauverait leur groupe de toutes menaces.
Amélie quitta la voiture et se dirigea sans plus attendre vers le magasin aux couleurs rouges et noires. Emma coupa le moteur et sorti à son tour. Elle regarda Amélie avec attention. La jeune femme étudiait la vitrine avec attention. Elle avait une arme à feu, Emma elle n'avait qu'un couteau. Elle s'approcha dans le dos d'Amélie. Cette dernière était à quelques mètres seulement. Il lui suffisait de planter la lame dans son dos, sa nuque, sa tête... peu importait, tout serait terminé, l'ensemble du groupe n'aurait autre choix que de la suivre. Elle l'avait fait avec Rodrick, pourquoi pas avec Amélie ? Une vie n'en valait-elle pas des dizaines d'autres ? Emma voyait les cheveux châtains attachés en queue de cheval remontée. Son cou était là, d'une couleur mate, la peau lisse, bien qu'abimée par la rudesse du quotidien. Amélie se retourna subitement vers elle, tirant Emma de ses réflexions.
- Tout va bien ? Demanda-t-elle en regardant la main d'Emma avec méfiance.
Cette dernière se rendit compte qu'elle avait agrippé le manche de son couteau. Elle reprit ses esprits et répondit :
- Oui, tout va bien. Mais je préférerais que l'on entre tout de suite, je ne pense pas que l'on soit en sécurité avec tous ces morts.
Amélie sembla hésiter un instant, puis elle hocha de la tête et se dirigea vers la porte de verre, déjà enfoncée, brisée. Emma suivit et elles ouvrirent toutes deux la double porta, tirant chacune sur un battant. À l'intérieur, aucun signe de vie, ni de mort. Juste le silence. Des micro-ondes, des fours, tout un rayon de robinets, un autre de plans de travail. Puis la seconde partie du magasin, plus éloignée, plus intéressante, où étaient étalés tout un assortiment d'objets en tous genres. Couverts, ustensiles de cuisines, planches à découper, vaisselle... Amélie se dirigea vers les planches à découper qu'elle observa attentivement. Emma commença à regarder les grands saladiers et les assiettes.
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Humanité : Tome 2 - Pouvoir
FanfictionChaque coup de feu... chaque goutte de sang... chaque hurlement de terreur... aucun d'entre eux ne peut fermer les yeux sans voir apparaître l'une de ces scènes horribles qui les hantes... Chaque perte remonte à la surface en permanence pour leur ra...