XXVI. Dehors

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Alors que la pluie battait à tout rompre, le 4x4 noir de Julio avançait sur le petit chemin de terre en direction de la sortie de la ferme. Malcom au volant, il jeta un coup d'œil rapide dans le rétroviseur pour regarder s'éloigner la silhouette de Amélie.

- Tout va bien se passer, dit calmement Edana qui était assise à côté de lui.

- Ou en tout cas on fera en sorte que ce soit le cas, compléta Ailana qui était derrière sa sœur.

Toutes les deux avaient décidé de ne prendre que leurs arbalètes ainsi qu'un couteau semblable à celui de Emma. Comme à leur habitude, elles n'avaient emporté aucune arme à feu. Seuls Malcom et Nicolas avaient pris une arme en plus de leur hachette respective, préférant ne prendre aucun risque. Malcom avait un fusil d'assaut qu'il avait déniché dans un appartement près de l'hôpital et Nicolas une petite arme de poing facile à manier mais tout aussi efficace. Après le bilan de la veille, il était rapidement devenue clair que la priorité devait aller à la nourriture et à l'eau. Le groupe avait beau avoir fortement diminué, les expéditions des jumelles n'en restaient pas moins insuffisantes, elles permettaient seulement de gagner quelques repas. Sans compter que parfois, elles revenaient sans nourriture, le lieu visé aillant déjà été pillé ou simplement vide d'origine. Les jumelles avaient donc mentionné un lieu dans lequel elles n'avaient pas encore été, car après quelques heures d'observations, elles s'étaient posé la question de savoir si un groupe n'y avait pas élu domicile.

Et elles avaient toutes les raisons de le penser. À commencer par la nature de l'endroit : il semblait s'agir d'un entrepôt dans lequel étaient stockées des tonnes et des tonnes de conserves à différents contenus, et même si cela pouvait sembler banale, il était rare de tomber sur une telle mine d'or. De plus, les fenêtre de chaque bâtiment semblaient barricadées et les grilles en très et trop bon état. Évidemment même si elles n'en avaient pas vu, les jumelles pensaient aussi qu'il devait y avoir des camions à l'intérieur, plus que parfaits pour stocker des quantités énormes de provisions ou même de meubles. Bref, un lieu tel que celui-ci était évidemment un endroit idéal.

Mais seules, elles avaient préféré éviter de tenter de trop approcher, car même si elles n'avaient aucun problème de discrétion, on ne savait jamais comment pouvaient penser et réagir les humains, ni quelles étaient leurs stratégies défensives. Il valait donc mieux être prêt.

- Vous devriez faire une pause, dit calmement Malcom alors qu'ils passaient le portail que venait d'ouvrir Martin.

- Il faut bien que des gens sortent ramener de quoi survivre, répondit Edana sans que cela ne ressemble à un reproche.

- Maintenant le groupe reprend de l'activité, vous allez pouvoir réduire la cadence.

- Mais elle était déjà réduite, dit Ailana avec un regard rieur.

- Je ne plaisante pas, un jour ou l'autre on aura besoin de vous, de chacun de nous, il faut que ce jour là tout le monde soit opérationnel. Alors les prochains jours, vous prenez du repos. Personne ne vous en voudra.

Alors qu'ils s'engageaient sur la route, Malcom vit dans le rétroviseur Martin et Amélie qui sortaient du camp pour les regarder partir. Il les fixa avec une pointe de nostalgie. Et si c'était la dernière fois qu'il apercevait ces deux survivants, ces deux amis qui comptaient beaucoup pour lui ? Il soupira puis fixa son regard sur la route avant d'accélérer. Les roues semblaient glisser sur le goudron humide, l'herbe verte sur les bords de la route oscillant dans le vent, les arbres immobiles étaient comme des spectateurs attristés de l'état des Hommes, leurs quelques feuilles mortes encore accrochées menaçant de tomber à chaque instant.

Humanité : Tome 2 - PouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant