La porte s'ouvrit. La nuit avait envahi le ciel et le silence était tombé sur la ferme. Les jumelles surveillaient l'entrée, leur garde prendrait fin dans une heure. Philippe quant à lui surveillait le garage. Même si certains avaient assuré qu'il ne servait à rien de garder la prison improvisée, Amélie avait insisté et le vote lui avait donné raison. Mais la situation actuelle était exactement celle souhaitée par Emma. La jeune femme se dirigea rapidement et agilement vers le garage. Elle apercevait déjà la silhouette immobile de Philippe, appuyé contre le grand portail de leur prison de fortune.
- Tu es sûre de toi ? Demanda-t-il lorsqu'elle arriva à son niveau.
- Autant que nécessaire, répondit-elle avec un air faussement décontracté.
Elle ouvrit la porte du garage d'un coup sec. Phil était assis en boule dans un coin de la pièce, tremblant dans des couvertures probablement insuffisantes.
- Je crois que j'ai la crève, dit-il en reniflant.
Emma le regarda quelques instants en silence. Puis elle avança d'un pas sûr vers lui et dit :
- Qu'est-ce que tu veux que je te dises ? C'est ce soir ou jamais, alors tu vas faire un effort.
Il poussa un grognement puis se mit à genoux pour se relever. Agacée par la lenteur de l'homme, Emma attrapa son bras comme à un enfant et l'obligea à se mettre sur pieds. Ensemble, ils quittèrent la pièce. Emma remercia Philippe d'un signe de tête avant de s'éloigner vers sa moto, appuyée contre le hangar. La jeune femme sentait une tension en elle. Elle était certaine de pouvoir mettre fin au problème cette nuit. Mais tout reposait sur ses épaules, sur cette décision qu'elle avait prise.
Emma adressa un léger signe de tête aux deux jeunes femmes qui surveillaient l'entrée du camp tout en poussant sa moto à l'extérieur, Phil sur ses talons. Durant plusieurs minutes ils marchèrent, s'éloignant de la ferme, en silence, Emma devant.
- Comment peux-tu être sûre que ça marchera ?
Emma continua d'avancer en silence. Elle entendait derrière lui les pas traînant de Phil. Que pouvait-elle répondre à cette question ? Elle était simplement persuadée que c'était une solution. Persuadée...
- C'est cette fille, reprit-il, Amélie c'est ça ? C'est elle le problème ?
Une fois de plus, Emma ne répondit pas. Évidemment que Amélie était le problème, évidemment qu'elle était un obstacle, évidemment qu'il aurait été préférable qu'elle se prenne une balle durant l'affrontement contre Mike. Mais ce n'est pas arrivé, et maintenant Emma n'avait d'autre choix que de l'accepter.
- C'est elle la boss, affirma Phil, et toi tu essaies d'être la résistance. Mais qui dit que ce n'est pas toi la méchante de cette histoire ?
Emma secoua la tête avant de s'arrêter. En effet, elle était peut-être la « méchante » de l'histoire. Quoi que, n'était-elle pas celle qui voulait éviter un massacre ?
- Monte, ordonna Emma en prenant elle-même place sur la moto.
Phil sembla hésiter, mais le démarrage du moteur l'incita à s'activer. Il ne dit rien du voyage hormis pour indiquer la route à suivre. Ils arrivèrent à un petit kilomètre de la planque dans laquelle devaient se trouver les membres du groupe que les habitants de la ferme avaient pris l'habitude de surnommer « les pilleurs ». Ils abandonnèrent la moto dans une rue déserte après s'être assurés qu'aucun rôdeur ne traînait aux environs. On pouvait dire ce qu'on voulait dans les films de zombies, quand il n'y a plus de zombies, il n'y en a plus. Pas de horde qui sort soudainement d'on ne sait où, pas de rues remplies même après trois nettoyages complets. Les pilleurs et différents survivants qui étaient passés au cours des derniers mois avaient probablement tour à tour tué une partie des morts présents ici, et regroupés tout le reste dans un coin de la ville.
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Humanité : Tome 2 - Pouvoir
Hayran KurguChaque coup de feu... chaque goutte de sang... chaque hurlement de terreur... aucun d'entre eux ne peut fermer les yeux sans voir apparaître l'une de ces scènes horribles qui les hantes... Chaque perte remonte à la surface en permanence pour leur ra...