XXVIII. Chasseur chassé

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 À l'extérieur, des voix se faisaient entendre. Il devait y avoir trois ou quatre personnes, peut-être plus. Des femmes, mais aussi des hommes. Certains semblaient crier, mais rien n'était sûr. Il faisait atrocement froid. Malgré le chauffage qui avait été mit dans la voiture durant le trajet, la température extérieure restait trop élever pour permettre au véhicule de garder un temps soit peu cette chaleur rare en cette mi-Février. Quelqu'un tapa un coup sec contre le carreau de la portière arrière gauche. L'homme assit à l'intérieur sursauta. Qu'allait-il se passer dorénavant ? Allait-il mourir ? L'un d'eux avait déjà été tué il y a une semaine, et ces hommes avaient tout volé. Ou du moins tout ce qu'il y avait sur place. Voulaient-ils le reste ? Ils savaient donc qu'ils avaient d'autres camps ? Ou alors l'avaient-ils capturé pour justement l'interroger sur ce sujet ? Des milliers de questions se bousculaient dans la tête de Henry à ce moment. Quelques rayons de lumière filtraient à travers l'épaisseur étouffante du sac en toile qu'il portait sur sa tête depuis presque deux heures maintenant.

Le froid commençait réellement à le dévorer dorénavant. Ses poignets attachés l'un contre l'autre lui permettaient des mouvements relativement libres et ainsi de coller ses paumes entre elles pour se réchauffer. Il avait l'impression de tenir une petite boule de chaleur au creux de ses mains, mais le bout de ses doigts était complètement gelé. Il commençait aussi à avoir mal aux bras, aux jambes... un peu partout en fait, cela étant dû à sa position inconfortable, au fait d'être attaché, un sac sur la tête. Il avait à une ou deux reprises senti un vent de panique monter en lui, lui bloquant le souffle, lui accélérant le rythme cardiaque, lui faire imaginer des milliers de scénarios tous plus horribles les uns que les autres... mais il avait réussi à garder son calme, se dire que tout n'était peut-être pas si terrible que ça. Il avait toujours pensé que l'optimisme pouvait être utile de temps à autres. Même s'il n'avait jamais pensé devoir l'utiliser dans ce genre de situation qui laissait peu de place à l'espoir d'un avenir meilleur.

La porte s'ouvrit brusquement et avant que Henry ne puisse faire quoique ce soit il fut tiré hors du véhicule par une main puissante. À peine avait-il touché le sol qu'il était déjà traîné sur un sol irrégulier et boueux. Derrière lui une porte s'ouvrit puis de referma et un homme demanda :

- Alors ? Il est avec eux ?

Il y eut quelques secondes de silence durant lesquelles Henry senti des regards posés sur lui et sa démarche maladroite. Puis une femme répondit :

- On ne sait pas, nous allons lui...

Henry n'entendit pas la suite, il fut projeté contre ce qui semblait être une porte puisque la façade s'écarta sous son poids. Une profonde envie de vomir l'envahit. Cette odeur... c'était horrible, il avait rarement senti cette odeur avec une telle intensité, et pourtant dans un monde tel que celui-ci il n'était pas rare de la croiser. Lorsqu'on lui enleva le sac de la tête il eut confirmation que ce qu'il avait senti correspondait bien à ce qu'il avait imaginé : le mur en face duquel il se trouvait était rouge de sang séché, ainsi que le sol. Peu importe ce qu'il s'était passé ici, Henry souhaitait seulement que les personnes à qui appartenaient ce sang étaient bien mortes avant d'avoir à le propager dans ce petit garage.

- Qu'est-ce que... ? Commença-t-il sans oser se retourner.

- C'est les restes des derniers connards qui nous ont fait chier, répondit une voix grave et menaçante derrière.

Henry se retourna pour regarder l'homme. C'était une montagne. Cet homme faisait facilement deux têtes de plus que Henry et avait des cheveux noirs relativement courts avec cette petite moustache qui lui donnait un air de bourreau. Il fronçait les sourcils et on avait l'impression qu'il n'avait qu'une envie : tuer ce nouveau prisonnier.

Humanité : Tome 2 - PouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant