XIII. Une nouvelle maison

31 6 0
                                    

Les trois véhicules avançaient sur la route humide. Devant eux, le fameux Paul les guidait, sur sa moto. L'homme connaissait la ville par cœur et savait par où passer pour éviter les carcasses de voitures qui traînaient au milieu des routes.Martin conduisait le véhicule qui fermait la marche, accompagné de Emma. Celle-ci se retourna pour regarder l'hôpital s'éloigner. Elle pensait à Amélie et Malcom laissés derrière. Était-ce vraiment une bonne idée ? Noham avait eu raison en disant que cette bâtisse était remplie de denrées rares, que les pilleurs de passage dans la ville ne manqueraient pas d'y faire un tour.

- Tu crois qu'on fait bien de suivre Noham ? Demanda Emma.

- Je ne sais pas. Avant qu'on parte tout à l'heure, Malcom m'a dit qu'il essaierait de voir pour nous rejoindre quand Amélie irait mieux.

- J'espère que se sera le cas.

Il y eut un long silence.

- Parfois, ça ne te manque pas d'être seule ? Demanda Martin en regardant la jeune femme.

Elle répondit sans hésitation :

- Si. Mais si je revenais à cette solitude, je pense que vivre en groupe me manquerait. Je pense que c'est moralement que c'est plus dur d'être seul. Il faut éviter la parano tout en étant très méfiant du moindre détail, il ne faut faire confiance à personne sans pour autant tomber dans le meurtre gratuit...

- Je vois... tu as déjà tué quelqu'un ?

Elle hocha la tête avec tristesse.

- Un type que j'avais croisé, au tout début. Il avait l'air cool et puis un jour, je n'ai jamais compris pourquoi, il s'est mit à me tabasser en criant que tout était de ma faute. Je crois qu'il avait perdu la boule. Et puis à cette bataille à l'école. Là aussi j'ai tué un type je crois.

- Et qu'est-ce que ça te fait de tuer des gens ? Tu ressens quoi ?

La première fois, j'ai été dégoûtée de moi-même, malgré le soulagement que ça m'a apporté. Je pense que ça a été un long combat contre moi-même d'accepter ce que j'avais fait. Mais ça m'a aidé à mieux tenir par la suite. À accepter toutes les autres horreurs que l'on peut voir à longueur de journée. Mais je n'aime pas tuer, ça c'est clair. Pourquoi tu me demande tout ça ?

- Parce que depuis que Amélie a été poignardée, je repense à Sophie, cette vieille femme qui avait tué des survivants. Je l'ai tué lorsqu'elle a essayé de se débarrasser de toi et... ça remonte à la surface là. J'me dis qu'on est tombé dans un sacré bordel.

La voix de Martin tremblait, Emma sentait qu'il n'allait pas bien. D'ailleurs, elle avait bien remarqué qu'il était de plus en plus en train de ressasser le passé, de se poser des questions sur le présent et surtout sur le futur.

- Hé, tu dois tenir le coup.

- Je sais mais... merde regarde autour de toi ! Dit-il presque en criant.

Emma ne répondit pas.

- Excuse moi, dit Martin.

- On va aller dans cette ferme dont a parlé Amir, on va sécuriser l'endroit, s'installer, et on aura plus besoin de survivre comme on l'a fait jusque là.

- J'espère que tu as raison, vraiment.

En regardant par la fenêtre, Emma vit qu'ils allaient quitter la ville, le panneau comportant son nom étant barré à une centaine de mètres. Ils avancèrent quelques minutes après la sortie puis le convoi s'arrêta. Devant, Paul avait déjà fait demi-tour avec sa moto et s'était arrêté au niveau du véhicule de Noham. Il semblait parler avec lui. Il avança ensuite jusqu'à la fenêtre de Martin qui l'ouvrit. Paul était un homme de taille moyenne, avec un bonnet, un long manteau et une barbe qui commençait peu à peu à prendre de la taille. Il avait des yeux bleus et un regard rieur.

Humanité : Tome 2 - PouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant