Ce jour là, Amélie était plus stressée qu'elle ne l'avait été depuis l'attaque contre Mike et le cirque. Trois d'entre eux quittaient la ferme, trois soldats de moins pour une journée. Si l'absence d'Eva n'était pas très importante, celle de Malcom et de Nicolas ne manquait pas de fragiliser leur défense. Malcom fut un signe de main avant de quitter la ferme avec l'énorme 4x4 qui, tout le monde ici l'espérait, reviendrait plein de nourriture. La matinée se déroula silencieusement, calmement. Les jumelles étaient de nouveau en chasse, malgré les recommandations d'Amélie de rester pour assurer la sécurité de la ferme. Le midi, on les aperçu rapidement passer par le portail, la cuisine puis le portail de nouveau en sens inverse. Tout le monde mangea, trop peu, mais suffisamment pour tenir une journée de plus. Martin et Amir furent désignés pour monter la garde en cet après-midi non pas chaud mais qui laissait au moins apparaître quelques rayons de soleil.
Philippe monta les escaliers de sa demeure, l'une des dernières boîtes de conserve restant dans la main droite. Il frappa, par pure politesse et déverrouilla la porte de la chambre. Emma observait les horizons par sa fenêtre.
- Comment vas-tu ? Demanda Philippe en avançant d'un pas dans la chambre.
La jeune femme se retourna vers lui. Ses cheveux avaient bien poussé depuis qu'elle avait été enfermée ici. Ils dépassaient de deux ou trois centimètres ses épaules et semblaient briller beaucoup moins qu'à leur première rencontre. Ses grands yeux verts émeraude semblaient pourtant plus vifs et hypnotisants qu'ils ne l'avaient jamais été.
- J'ai connu pire, répondit-elle d'une voix qui trahissait sa lassitude. Malgré les espoirs d'Amélie, je ne veux toujours pas me suicider.
Philippe laissa échapper un petit rire.
- Tu permet ? Demanda-t-il en tirant la chaise du petit bureau installé près de l'entrée. Je commence à me faire vieux.
Emma hocha la tête et alla s'assoir sur son lit. Il lui lança la boîte de conserve qu'il tenait et elle l'a rattrapa d'un geste vif.
- Pas mieux, dit-il avec un sourire sans joie en désignant la conserve d'un signe de tête.
Elle posa le petit objet métallique à côté d'elle et regarda Philippe.
- Alors ? Demanda-t-elle. Que se passe-t-il aujourd'hui ?
- Malcom et les deux autres sont bien partis pour l'entrepôt. Amélie est particulièrement tendue aujourd'hui.
- Évidemment, souffla Emma avec une colère évidente. Le problème serait déjà réglé si elle m'avait laissé le gérer.
- Sauf que beaucoup ne voulaient pas que l'on cherche, répondit le vieil homme. Ne lui met pas tout sur le dos Emma, elle defend une façon de diriger qui est remarquable.
- Remarquable mais peu efficace dans un monde comme celui-ci.
Emma était devenu particulièrement froide. Même si chaque fois qu'il lui apportait son repas Emma avait toujours été calme et n'avait jamais tenté de fuir, Philippe sentait que de parler de Amélie et de sa façon de diriger énervait la jeune femme.
- Je crois qu'il n'existe pas de solution réellement efficace, dit Philippe en fronçant les sourcils.
Emma et lui restèrent se regarder quelques secondes. Philippe savait ce qu'elle pensait. Une personne pour diriger, pour prendre les décisions afin d'éviter les pertes de temps et les conflits entre différents dirigeants. Alors qu'Emma ouvrait la bouche pour parler, le son de monteurs de fit entendre.
- Malcom rentre déjà ? Demanda Philippe sans conviction.
- Il y a des motos, répondit Emma avec un air grave.
Philippe se leva immédiatement, le cœur battant à tout rompre. Il sorti de la pièce et commença à refermer la porte derrière lui mais son regard croisa celui de Emma, qui était restée assise sur son lit.
- Je suis désolé, dit-il en fermant.
Amélie se précipita hors de la maison, sa main sur l'arme de poing attachée à sa ceinture. Ils étaient là. Elle n'eut pas besoin de demander quoique ce soit, elle savait que c'était eux. Un grand fourgon escorté de deux motos de tenait devant les grilles de la ferme. Ces pilleurs qu'avaient rencontré Malcom, Nicolas et les jumelles quelques jours plus tôt. Amélie senti tout son être se dérober. Elle se trouvait à plusieurs dizaines de mètres de la grille mais déjà à cette distance le regard de celui qui semblait diriger était puissant et sévère. Il n'était pas là pour leur offrir quoique ce soit, il était là pour prendre. De part et autre de la grille de tenaient Martin et Amir, chacun un fusil d'assaut levé vers les nouveaux venus. Eux-mêmes, ils semblaient être au moins quatre, avaient des armes levées. Mais seul le chef avait un fusil d'assaut qui pendait dans son dos. Celui-ci écarta les bras et leva la tête.
- Mais où est donc votre chef ? Demanda-t-il.
Il n'était pas très grand, noir, habillé de noir, mais il avait une musculature imposante et Amélie était sûre que Malcom lui-même serait impressionné par sa carrure. Philippe sortait de la maison à son tour quand Amélie se senti contrainte d'assumer son rôle jusqu'au bout : elle devait représenter leur groupe, même face aux difficultés.
- Il est ici, dit-elle en avançant d'un pas sûr vers le nouveau venu.
Il écarquilla ses yeux avant de sourire.
- Nous ne voulons pas vous poser le moindre problème, dit-il. Nous voulons seulement de la nourriture, des armes, des vêtements... Tout ce qui nous permettra de terminer l'hiver sans perdre d'autres personnes.
- Alors vous vous êtes trompé d'endroit. Vous avez attaqué notre groupe, vous vous présentez maintenant à notre porte avec des armes, vous ne recevrez pas d'aide de notre part.
- Tu es sûre de toi. Tant mieux, la conclusion à tout cela ne se fera pas attendre. Mais laisse moi faire le calcul : vous avez quoi, deux soldats prêts à tirer ? Trois si on te compte toi ? Et le vieux, il pense vraiment nous inquiéter ? Nous sommes six, vous n'êtes ni les premiers ni les derniers que l'on tuera d'une balle bien placée.
Amélie senti comme une forte raisonnance dans son crâne. Il avait raison. Et encore, il s'imaginait que Martin et Amir faisaient de bons tireurs. Et en effet, même si la jeune femme ne l'avait pas remarqué avant, de l'autre côté de la grille il y avait en effet six personnes armées. Toutes le regard sombre et attentif. Amélie regarda son père et Martin avant de leur faire un signe de tête.
- Reculez-vous, dit-elle.
Amélie n'avait pas confiance. Cet homme savait qu'il était en position de force et il ne lui faudrait pas longtemps pour qu'il décide d'ouvrir le feu. À ce moment ce ne serait plus qu'une question de temps avant qu'ils ne meurent tous. Ils étaient dans une impasse. Si seulement Malcom pouvait débarquer maintenant... Et si... Amélie se surpris à penser à libérer Emma. Une arme de plus, une seule, mais quelle arme.
- Tu es une fille intelligente, dit l'homme. Tu sais que tu es à la merci. Vous l'êtes tous. Mais je n'aime pas, mais alors pas du tout faire du mal aux gens. Moins encore avec un visage comme le tiens.
Amélie fit une grimace, une envie meurtrière montant en elle. D'apparence, les deux côtés étaient à égalité, presque, mais en réalité, ces types avaient déjà gagné.
- Alors voici ce que je propose : vous jetez vos armes à terre, gentiment, et vous nous ouvrez la porte. Tout ce que l'on veut, c'est jeter un œil à votre hangar, vous prendre un peu de bouffe et quelques munitions.
Pour sûr, ils les tueraient à l'instant où la grille serait ouverte. Ou alors ils seraient les derniers des abrutis à prendre le risque de les garder en vie. Donc céder était la dernière chose à faire. Martin et Amir avaient compris le message lorsqu'elle leur avait ordonné de reculer et ils étaient beaucoup plus à l'abri, bien que cela reste très relatif. Devait-elle aller chercher Emma ? Si l'un d'eux s'absentait, même Philippe, ils en profiteraient et alors à trois contre six, sanc compter le fait que deux d'entre eux n'étaient pas de bons tireurs, rien n'irait.
- Qu'en penses-tu ? Demanda l'homme.
- J'en pense que tu es bien trop malin pour réellement croire que tout se terminera dans la joie pour tous. Tu en dis quoi qu'on vous balance quelques provisions par-dessus le mur, et vous vous cassez d'ici ?
- J'en pense que tu es bien trop maligne pour croire que cela se soldera par une fin heureuse pour tous.
L'homme attrapa son arme dans son dos et en observa chaque détail, comme si la situation lui importait peu. Mais Amélie comprenait évidemment le sens de ces gestes.
BAM !
Le coup retenti comme un signal d'alarme. Amélie jeta un regard à Martin et son père et constata qu'ils semblaient ausis surpris qu'elle. Elle se demanda même si elle n'avait pas été touchée. Deux autres coups de feu retentirent et Amélie vit les pilleurs à l'entrée s'agiter.
BAM !
Un cri. De l'autre côté de la grille. À peine quelques secondes après les véhicules se mettaient en marche et disparaissaient sur la route. Sans comprendre ce qu'il venait de se passer, Amélie prit conscience qu'elle s'était jetée au sol. Elle se releva, s'attendant à voir Malcom à l'entrée, mais au lieu d'apercevoir la silhouette baraquée du grand homme, elle vit apparaître celles des jumelles. Derrière elles sortaient les uns après les autres les chasseurs rencontrés précédemment. Ceux-ci venaient de débarquer à l'improviste et avait sauvé le groupe. Leur groupe. Alors un flash illumina l'esprit d'Amélie : Voilà l'importance de se souder et de savoir faire confiance, elle était là. Elle approcha de la grille et l'ouvrit sans hésitation. Mais seul Henry entra, laissant les autres en dehors.
- Je crois que vous nous avez sauvé la mise sur ce coup, dit Amélie avec un sourire de remerciement.
- C'est tout à fait normal, répondit-il avec une voix mal assurée. Nous devons nous serrer les coudes pour nous en sortir.
En regardant à l'extérieur plus attentivement, Amélie remarqua un cadavre étalé au sol. L'un de leurs ennemis. Le chasseur tendit une main vers elle. Elle l'a regarda un instant, comme hésitante puis elle l'imita. La poigne de l'homme fut à la fois forte et rassurante.
- Préparez vos affaires et venez ici dès demain, dit Amélie. Vous aurez une place sous notre toit.
Satisfait de ces mots, Henry sourit et lui lâcha la main.
- Ensemble nous allons réussir à les vaincre, dit-il.
Amélie hocha la tête. Évidemment qu'ils allaient réussir.
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Humanité : Tome 2 - Pouvoir
FanfictionChaque coup de feu... chaque goutte de sang... chaque hurlement de terreur... aucun d'entre eux ne peut fermer les yeux sans voir apparaître l'une de ces scènes horribles qui les hantes... Chaque perte remonte à la surface en permanence pour leur ra...