XLVIII. Silence

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Huit. Le nombre de personnes qui étaient restées ici. Les autres, la majorité, avaient quitté la ferme avec Emma. Et encore, en y réfléchissant bien, Martin était tombé à cinq, voire quatre. Car les jumelles et lui allaient bientôt s'en aller. Et sur les cinq restants, un était un enfant. Difficile de tenir la ferme à eux seuls. Avaient-ils un plan ? Probablement la proposition d'Eric.

Bang ! Bang ! Bang !

Toujours ce foutu rôdeur, infatigable, qui tapait sur la barricade. Cela faisait une bonne heure qu'il tapait, sans s'arrêter. Martin avait voulu aller le tuer, mais étant le seul de garde pendant que les autres se reposaient, les jumelles étant parties chasser avant le grand départ, il avait jugé inutilement risqué de quitter son poste. Après tout, qu'est-ce qu'un cadavre un peu bruyant ?

Des bruits de pas attirèrent l'attention de Martin. Il se retourna.

- Salut Malcom.

- Je prends la relève, dit-il simplement sans même le regarder.

Martin fit un pas vers la maison mais s'arrêta. Non, il n pouvait pas quitter Malcom sur ça.

- Bon courage avec celui-là, dit Martin en désignant la barricade. Il va te mettre à l'épreuve.

- J'en ai vu d'autres.

- Ouais... je sais. Tu veux en parler ?

- Que veux-tu que je te dise ? Que j'aurais buté ta copine s'il n'y avait pas eu autant de potes à elle avec nous ? Que je lui en voudrai pour le restant de mes jours ? Qu'elle méritait de mourir à la place d'Amélie ? Je sais que tu la défendras, encore et encore, ça se voit Martin. Tu lui as prêté allégeance, et tu as l'air d'être un putain de borné quand il s'agit de loyauté.

- Parle pour toi.

Martin avait laissé échapper la réponse sans y penser. Un instant il eu peur de la réaction de Malcom, mais ce dernier se contenta de laisser échapper un rire.

- Certes, dit-il. Je ne peux pas t'en vouloir de lui rester fidèle. Après tout, il n'y a aucun témoin ni pour confirmer ni nier sa version. Si je suis libre de croire qu'elle ment, je dois accepter que tu sois libre de croire qu'elle dise la vérité.

Martin hocha de la tête. Oui, peut-être bien qu'Emma avait tout inventé, qu'elle avait planifié la mort d'Amélie et que tous avaient été trompés en la laissant repartir impunie, la victime la première. Mais Martin croyait en elle. Il avait toujours cru en elle, dès le premier jour, bien qu'elle lui ait d'abord inspiré de la peur.

- Amélie était une femme formidable, dit Martin.

Un sanglot monta dans sa gorge, mais aucune larme ne sortie. Cela ne faisait même pas vingt-quatre heures qu'ils avaient appris la nouvelle de sa mort, il n'avait pas encore conscience de ce que cela signifiait.

- Oui. La première fois que je l'ai vue, elle était terrifiée, perdue dans ce monde en ruine. Et peu à peu, à force de me fréquenter, elle s'est sentie plus à l'aise, a pris confiance en elle. Elle a commencé à prendre des décisions, essayer de me convaincre de certaines choses... Elle a finit par y arriver, puisque je suis ici, sans elle et avec vous.

- Elle nous a tous fait réfléchir à qui nous étions. Tu sais, je n'ai aucune idée de qui tu étais avant, de qui tu serais devenu sans elle. Mais je sais que le Malcom que je connais aujourd'hui est un homme que je respecte. Autant pour ce qu'il a fait au sein du groupe que pour ses valeurs.

Le grand homme sourit et regarda Martin.

- Merci. Je crois qu'elle serait contente de savoir que nous sommes resté unis même après sa mort.

Un moment de gêne s'installa. Ils n'étaient pas resté unis, et le seraient encore moins d'ici le lendemain.

- Alors c'est terminé, dit Malcom, pour de bon cette fois. Voilà comment terminera le groupe de l'école, où tout a commencé. Toi et Emma d'un côté, Nicolas et moi de l'autre. Et le reste à errer quelque part en cadavre.

- Tellement de choses se sont passées depuis...

- D'autres se passeront encore. Plus ou moins bonnes. En espérant qu'aucun de nos deux groupes ne sombrent.

- Espérons oui. Tient, faisons un pacte.

Martin se mit face à Malcom qui le regarda d'un ait interrogatif.

- Si un jour l'un de nous veut rejoindre l'autre, quelle qu'en soit la raison, on fera en sorte de l'aider à s'intégrer. D'accord ?

Il tendit la main.

- Emma a déjà affirmé qu'elle laissera toujours ses portes ouvertes. Mais tu as raison, vu ce qui est arrivé en quelques mois, les choses peuvent drastiquement changer en peu de temps. Qui sait si un jour je ne serai pas reconnaissant d'avoir accepté ce marché.

Il serra la main de Martin.

- Reposes-toi bien, dit le géant.

Martin le remercia et s'éloigna du portail. Il s'arrêta un instant, tendant l'oreille. Le rôdeur avait cessé de frapper contre la barricade. Il se senti plus apaisé. Mais Martin l'avait apprit d'Amélie, ce n'était pas parce qu'on ne les entendait pas qu'ils n'étaient pas là.


***


Il s'agit là de l'avant dernier chapitre ! Le prochain, qui sera l'ultime de ce tome 2, marquera un nouveau tournant pour le groupe qui, vous l'avez compris, se trouve plus divisé que jamais.

Si vous avez des questions, des remarques, des envies, des commentaires à donner, faites-vous plaisir, ici ou en message privé, je vous répondrai évidemment !

Rendez-vous la semaine prochaine pour la fin de ce tome 2, "Pouvoir".

Humanité : Tome 2 - PouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant