XLII. Le bien et le mal

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Depuis toujours, les notions de bien et de mal sont contrastées. Il faut apprendre aux enfants ce qui est mal. Il faut punir les criminels qui font le mal. Nous avons peur du mal. Le mal est tout ce qu'il y a de plus sombre, douloureux, nocif quand le bien est cette voie éclairée sur laquelle nous devrions tous nous avancer.

Du moins c'est ainsi que les choses nous sont enseignées. Il n'y a pas de bien et de mal. Il n'y a que des objectifs, des moyens, des raisons, des volontés. Pourquoi certains dilemmes quand on vous demande si, à choisir, vous préféreriez sauver trois femmes ou un enfant ? Sachant que l'autre perdrait la vie. Car quelle que soit votre réponse, vous ferez du bien et du mal, à des échelles différentes selon le point de vue. Lorsque quelqu'un tue son agresseur, il a fait le mal en commettant un meurtre, pourtant n'avons-nous pas inventé la notion de légitime défense pour tourner en « pas trop mal » des actes qui, hors contexte, aurait été considérés comme mauvais ?

Quelle loi de l'univers a écrit ce qu'était le bien ou le mal ? Quelle loi divine nous est tombée dessus pour nous révéler que le meurtre était mauvais ?

Les Hommes sont partis du principe que, le meurtre étant l'acte de retirer la vie sans l'accord de l'autre, il s'agissait d'un acte mauvais. Mais nous n'avons pas même compris le sens de la vie, comment pouvons-nous être suffisamment prétentieux pour prétendre savoir ce qui est sincèrement et profondément bon ou mauvais ?

Emma soupira une énième fois. Avait-elle mérité sa place ici ? Elle s'était répétée depuis son arrivée qu'elle sortirait bientôt, qu'elle allait trouver une solution, que Kayle viendrait à son secours. En réalité, Kayle était probablement déjà loin. Elle pouvait au moins être heureuse d'avoir sauvé des vies.

Elle laissa échapper un petit rire moqueur destiné à sa propre personne. « Sauver des vies », quelle connerie. Jamais elle n'avait sincèrement voulu sauver des vies lors de cette sortie nocturne. Jamais elle n'avait sincèrement cherché à améliorer la vie de qui que ce soit, autrement que la sienne. Tout ce qui l'avait préoccupée dans cette histoire, c'était de trouver suffisamment d'alliés et de pouvoir pour renverser Amélie. La renverser et prendre elle-même la tête du groupe, comme à l'époque. Était-ce mal ?

Elle entendit un petit cliquetis qui annonça que quelqu'un allait entrer dans la « cellule ». Emma espérait seulement qu'il s'agisse de Rodrick. Ce cher Rodrick...

Parfois, des actes considérés comme étant mauvais ont pourtant des conséquences positives, et inversement ! Quelqu'un qui va chercher à faire bien les choses peut entraîner tout un tas d'événements négatifs. Tout comme une personne aux mauvaises volontés pourrait provoquer des conséquences plus que positives. Comment considérer la personne à l'origine d'événements dès lors ? Ou plutôt, car c'est à cela que revient la question, doit-on juger un Homme sur ses actes ou sur les conséquences de ses actes ?

Si certains ont un avis bien tranché, que l'on qualifiera dans les deux cas d'extrême, on se rend compte en poussant les choses un peu plus loin, que les notions de bien et de mal sont encore plus floues que simplement définies par les actes et leurs conséquences.

La porte se referma derrière Rodrick qui se retourna vers elle avec un petit sourire. Emma se leva et le regarda dans les yeux, prenant un air imperturbable. Il avança vers elle lentement, sans prononcer le moindre mot mais en la regardant des pieds à la tête. Qu'allait-il faire ? Ou plutôt, que pensait-il qu'il allait faire ?

Emma respira calmement, il ne lui ferait rien de mal. Elle se recula contre le mur, ne le quittant pas des yeux. Lui continuait d'avancer. Lorsqu'il arriva à son niveau, il parcourra une nouvelle fois son corps du regard, puis il lui caressa la joue gauche d'un geste qui aurait presque pu être romantique si on mettait de côté le contexte général.

Humanité : Tome 2 - PouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant