Humanité : Tome 2 - Pouvoir

XLI. La loi du plus fort

Le soleil perçait tout juste à l'horizon. Bien que la température était basse, et qu'elle obligeait la majorité à porter un manteau, le vent était totalement absent. Le quartier était silencieux, les rideaux étaient quasiment tous tirés mises à part quelques familles matinales. Le jeune homme arriva sans encombre jusqu'au QG qu'il dirigeait. Une petite maison à la sécurité renforcée, où était stocké tout l'équipement militaire de la communauté ainsi qu'une part des stocks de la ville en terme de nourriture et d'eau. On pouvait aussi y retrouver deux chambres aménagées pour les 3 soldats qui étaient de garde. Eux devaient être prêts à n'importe quel moment à prendre des armes et intervenir. Qu'il s'agisse de tirer sur des envahisseurs, de contrôler une foule ou encore de faire évacuer, ils devaient être prêts.

Bryan salua le type assis à la table de la cuisine, il semblait lutter pour rester éveillé.

- Mauvaise nuit Tobb ? Demanda Bryan.

- Je les ai plumé, dit-il avec un sourire qui devait être forcé.

Évidemment, ils avaient encore passé une partie de la nuit à jouer au poker ou on ne savait quel autre jeu. En ce moment, les soldats étaient crevés et manquaient fortement de motivation. Et Bryan ne pouvait pas leur en vouloir, lui-même ne restait dynamique que parce qu'il était leur supérieur, qu'il devait montrer l'exemple. Il saisit son équipement, se prépara et demanda à « Tobb » :

- La patrouille d'hier est rentrée ?

- Pas qu'je sache.

- Sûr ?

En seule réponse, Tob haussa les épaules. Bryan soupira, se rendit dans une pièce voisine et consulta un grand classeur. Chaque équipe devait préciser leur heure de départ, l'objectif, le matériel emprunté, les membres de l'opération... etc. et faire un bilan avec diverses informations à leur retour. Mais rien n'avait été noté à ces derniers emplacements. Bryan soupira de nouveau. Les trois gars en déplacement étaient partis la veille afin de fouiller aux alentours de l'endroit où ils avaient choppé la jeune femme. Soit celle-ci n'avait pas menti sur sa communauté, et ils avaient été capturés à leur tour. Soit il s'agissait d'un autre accident ou retardement plus classique qui était, avec un peu de chance, moins grave.

Bryan hésita un instant à prendre l'initiative d'envoyer une autre équipe mais, après réflexion, il se dit que Rodrick devrait peut être le savoir. Il sorti de la maison et se dirigea vers leur « mairie », ou plutôt ce qui était la plus grande demeure du quartier. À vrai dire, Bryan avait toujours pensé qu'ils manquaient de « vrais » bâtiments. Des bâtiments spécialisés dans des domaines en particulier. Notamment un lieu pouvant servir de réelle réserve pour lui et ses hommes. Un lieu tel qu'un commissariat avec de véritables cellules. À défaut d'avoir une prison, cela éviterait au moins que les prisonniers soient nécessairement enfermés dans des pièces plus ou moins sécurisées. Notamment la cave de la « mairie ».

Alors que le jeune général se dirigeait vers la mairie, il aperçut un autre soldat qui courait vers lui.

- Général ! Cria-t-il. Trois hommes armés sont à l'entrée, et ils ne sont pas seuls.

- Comment ça « pas seuls » ? demanda Bryan en fronçant les sourcils.

- Ils ont Trévis...

- Et merde...

Justement l'un des hommes de la patrouille qui aurait déjà dû rentrer. Sa théorie était donc probablement la bonne, ces hommes venaient réclamer la jeune femme. Bryan espérait seulement que Rodrick serait suffisamment sain d'esprit pour accepter un échange.

- Que fait-on ? Demanda le soldat.

- Dites-leur qu'on leur envoie notre chef pour discuter, je vais chercher Rodrick... Surtout ne tentez rien, restez calmes. Et réveillez tout le monde avant de retourner au portail, je veux tous les effectifs prêts à intervenir.

- Bien général, dit le soldat avant de se retourner et de s'éloigner.

Bryan se rendit au pas de course vers la mairie dans laquelle il entra sans même prendre la peine de frapper.

- Rodrick ! Appela-t-il.

Il se rendit directement dans le salon où l'homme avait prit l'habitude de trôner, assis confortablement sur le fauteuil. Mais à peine Bryan pénétra-t-il dans la pièce qu'il resta pétrifié de surprise. Ces derniers jours, il s'était préparé à beaucoup de choses, mais il n'avait pas encore émit cette hypothèse...

De l'autre côté du quartier, à l'entrée, Kayle se tenait droit, les yeux levés vers le soldat qui lui servait d'interlocuteur. Tous les deux restaient se regarder. À l'extérieur du quartier, près de l'entrée, deux hommes de Kayle tenaient un soldat fermement. Ce dernier avait un canon pointé de chaque côté de sa tête. De l'autre côté du grand mur fabriqué à l'aide de panneaux en métal, mur qui entourait le quartier, des soldats étaient prêts à agir. En hauteur, grâce à des remparts improvisés qui méritaient une solidification, trois soldats avaient leurs armes pointées sur Kayle et ses alliés. Seule la présence d'otages permettait d'éviter un massacre.

Ils patientèrent ainsi, immobiles, pendant une bonne dizaine de minutes. Puis Kayle décela du mouvement derrière le grand portail. Il fit signe à ses hommes de se préparer. Kayle n'avait pas été stupide, il avait prévenu qu'il avait d'autres hommes prêts à intervenir. Et puis de toutes façons, ils gardaient deux autres otages bien au chaud, au cas où le chef de cette communauté voudrait jouer au malin.

Le grand portail s'ouvrit et laissa apparaître le chef.

- Kayle... quel plaisir de te revoir enfin.

Les vêtements pleins de sang, Emma s'avança vers l'extérieur.

- Maintenant, dit-elle en regardant Kayle d'un air sûr, on va aller récupérer mes amis...

Sans être sûr de ce qui venait de se passer, Kayle se contenta de hocher la tête, ne sachant pas très bien ce qu'il devait faire ni comprendre à tout cela...