II. Illusion

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Dans la pénombre de la maisonnette en bois, un rôdeur marchait lentement, traversant la pièce en permanence depuis qu'il s'était relevé, se cognant aux murs inlassablement, grognant comme s'il faisait peur à quelqu'un. Mais il était seul dans ce grand salon vide. Pas si vide si l'on comptait cette petite araignée qui agitait ses pattes sur la porte d'entrée. Elle venait de finir de mettre en place une immense toile dont la formation avait été calculée au millimètre près. Cette porte n'ayant pas été ouverte depuis longtemps, elle s'était décidée à s'installer ici. Oui le rôdeur était là, mais elle n'en avait plus peur. Elle savait comment éviter qu'il ne lui pose problème. Alors elle s'était installée. Cela lui a demandé du travail, beaucoup de travail. Elle avait même du se battre pour rester en vie. Trouver de la nourriture, des endroits où secacher... Mais maintenant elle sentait que les choses pouvaient évoluer. Elle sentait qu'elle allait pouvoir fonder une famille, construire un lieu sûr et qui deviendrait avec le temps agréable à vivre malgré toutes ces horreurs.

La porte fût défoncée violemment, suivit d'un craquement qui annonçait le décès définitif du rôdeur.

- On fait le tour, dit Noham en regardant sa hachette pleine de sang. Emma, tu monte, Nico tu prend les petites pièces du rez-de-chaussée. Je m'occupe des grandes pièces.

- Parfait, répondit Nicolas en exécutant.

Quand à Emma, elle se contenta de faire une grimace d'énervement avant de partir à la recherche d'un escalier.





- Vous pensez que l'endroit est clean ? Demanda Alexandre avec un semblant d'appréhension.

- J'espère bien, j'en peux plus de dormir dans ces véhicules, répondit Martin avec une mauvaise humeur bien présente depuis plusieurs jours.

Pendant que Emma, Noham et Nicolas fouillaient la seule maison de campagne à des kilomètres, le reste du groupe faisait un rapide inventaire de leur état actuel, concernant l'essence, les provisions, l'état des véhicules... Le ciel était bleu, parsemé de quelques nuages blancs, et en ce mois de Janvier, cela était plutôt rare. Ils devaient être à la moitié du mois, à peu près, et les tensions qu'Amélie avait cru remarquer quelques semaines plus tôt s'étaient intensifiées au sein du groupe.

- C'est quoi le problème ? Dit Amélie en se plaçant face à Martin, les mains sur les hanches.

Derrière, Malcom haussa les sourcils de surprise puis s'éloigna rapidement.

- Pardon ?

- Tu n'arrête pas en ce moment, tu es insupportable. Alors je te demande, c'est quoi le problème ?

Martin sembla hésiter puis déclara avec un air agacé :

- C'est tout, tout ce qu'on fait, tout ce qu'on dit, on avance à rien, on ne fait que vider les provisions sans rien trouver en retour. On dit qu'on fait l'inventaire... tu parles, c'est juste une excuse pour faire comme si on gérait ce qu'on avait, alors que pas du tout. Au contraire, c'est la merde.

Amélie tenta de parler mais il leva la main pour lui faire comprendre qu'il n'avait pas finit :

- Depuis deux semaines on roule sans s'arrêter, sans prendre le temps de réellement chercher des solutions. Juste parce que monsieur Noham le décide, juste parce que Malcom n'est pas d'humeur ou juste parce que toi tu ne le sens pas ! Sauf qu'on ne peut pas continuer comme ça, ces provisions étaient des vivres de secours. Alors quoi, disons dans un mois ou deux tout au plus, on a plus rien. On est déjà en manque d'eau, on a aucune réserve. Si on continue comme ça, dans deux mois on est au bord d'une route à se ronger les ongles parce qu'on va tous crever, sans exception. Et je ne parle même pas de l'essence, on a utilisé le dernier bidon hier et le camion arrive bientôt à bout.

Humanité : Tome 2 - PouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant